C’est en 1985 que le romancier colombien publie El amor en los tiempos de cólera, traduit et publié deux ans plus tard en France aux éditions Grasset sous le titre L’Amour aux temps du choléra. Immense succès critique et populaire, qui dépassera même en nombre de traductions et volume de vente les fameux Cent ans de solitude et Chronique d’une mort annoncée, qui avaient valu à Gabriel García-Márquez d’être couronné, en 1982, prix Nobel de littérature !
Cartagena de Colombie, fin du XIXe siècle: Florentino, jeune télégraphiste, pauvre mais poète, tombe éperdument amoureux de la gracieuse et altière Fermina. Au moyen de lettres passionnées, il réussit à conquérir le cœur de sa belle. Ils entameront une relation épistolaire et platonique de trois ans jusqu’à ce que la jeune femme épouse, à l’injonction de son père, Juvenal Urbino, un jeune médecin qui s’est illustré en luttant contre l’épidémie de choléra qui ravageait alors le pays.
Malade d’amour, terrassé de douleur, Florentino ne désespère cependant pas de reconquérir un jour son grand amour. Cette ambition guidera tous ses choix de vie. Devenu armateur, il multipliera les aventures discrètes et sans lendemain – il en aura même plus de 600! –, mais réservera sa flamme et ses sentiments à Fermina.
De l’amour et
de la vieillesse...
Une fresque sentimentale qui, n’était-ce son ton picaresque et coloré, aurait pu paraître mièvre. Mais qui, grâce au mélange de sensibilité, de verve, de drôlerie et de lucidité dont fait preuve ce conteur hors pair, explore avec acuité et profondeur le sentiment amoureux, ses nuances, ses complications et ses différentes formes.
Et puis, cet hymne à l’amour absolu est aussi l’une des plus émouvantes et des plus réalistes descriptions de la vieillesse vue à travers le couple. Avec son lot de petits maux quotidiens, de déchéance physique, de déformations, de flétrissures et d’odeurs...Tout est exprimé avec une finesse incroyable dans de longs monologues intérieurs par cette plume d’un suprême réalisme magique.
Ce sont justement ces descriptions des oscillations et hésitations d’une âme éprise, que le grand romancier colombien maîtrise à la perfection, que n’ont pu transcrire au cinéma les producteurs hollywoodiens dans le film tiré de ce roman en 2007. Et cela en dépit d’une atmosphère à la fois légère et capiteuse bien rendue, de très beaux paysages et de l’interprétation de Florentino par Javier Bardem, ainsi que d’une bande originale comportant des chansons de Shakira !
En d’autres termes, L’Amour aux temps du choléra reste d’abord un livre à lire et relire avant d’être un film à voir.
commentaires (0)
Commenter