*Ghazi Aridi, ministre sortant des Travaux publics et des Transports : « Dès le début, et avant que les choses n’en arrivent là, nous avions pris position contre le régime syrien et contre la solution policière. Nous avions adopté une position politique, médiatique, sociale, humaine et morale, mais nous avions aussi fixé une limite à cette position, consistant à nous abstenir de nous impliquer nous-mêmes sur le terrain syrien. Notre objectif était de protéger le Liban, sa spécificité, sa sécurité et sa stabilité. Si au début nous avions pris une telle position, qu’en serait-il aujourd’hui, à l’heure où l’on parle d’une frappe militaire ? Qui sait mieux que nous ce qui pourrait en découler ? Si une autre méthode que celle de la machine à répression que nous voyons depuis plus de deux ans avait été appliquée vis-à-vis du peuple syrien, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Mais que faire? Je pense que ce serait une erreur pour n’importe qui au Liban, quelle que soit sa perspective, de miser sur les résultats d’une frappe militaire, que ce soit positivement ou négativement. »
* Ali Hassan Khalil, ministre sortant de la Santé et proche collaborateur du président de la Chambre, Nabih Berry : « Nous exprimons le plus clairement du monde notre rejet de toute intervention militaire étrangère en Syrie. Nous refusons qu’il soit question d’une frappe contre la Syrie, son armée et sa stabilité, et nous considérons qu’une telle frappe nuit au Liban tout autant qu’elle nuit à la Syrie. Il ne fait pas de doute qu’elle aurait des retombées négatives sur le Liban, directes et indirectes (...) L’initiative du président de la Chambre exprimait un besoin réel sur le plan intérieur. Ceux qui l’ont commentée devraient débattre avec sérieux et responsabilité, et loin des calculs étroits, des alternatives à cette initiative, si elles existent. Pour notre part, ce qui compte pour nous sur ce plan, c’est de parvenir le plus vite possible à la formation d’un gouvernement. »
*Ammar Houry, député de Beyrouth et membre du bloc du Futur : « Le Hezbollah passe par une phase d’hésitations et d’inquiétude dans l’attente de l’évolution de la situation en Syrie. Ce qui est remarquable, ce sont les contradictions dans les déclarations des hommes politiques du Hezbollah, du fait de la confusion qui sévit dans ses rangs. Pour ce qui est du courant du Futur et du 14 Mars, notre position est claire : elle consiste à ne pas miser sur une quelconque frappe militaire américaine en Syrie ou ailleurs dans le monde arabe. Mais cette frappe vise le régime syrien qui a eu recours à l’arme chimique et qui multiplie les crimes contre son peuple. Tout le monde aurait préféré qu’il y ait à ce sujet une décision du Conseil de sécurité de l’ONU, mais cela a été impossible du fait de la position de la Russie qui soutient en permanence le régime syrien. »
* Sélim Hoss, ancien Premier ministre : « La position adoptée par le Conseil de coopération du Golfe (CCG, regroupant les monarchies pétrolières arabes) à l’égard d’une frappe militaire contre la Syrie est réellement décevante. Ce n’est pas comme cela que les rapports doivent être entre frères, et surtout entre frères arabes. Une frappe contre la Syrie n’est pas une promenade. Elle se répercuterait négativement sur les relations interarabes et pourrait occasionner un chaos qui n’est dans l’intérêt de personne. Et puis, la Chambre des communes britannique est-elle devenue plus soucieuse de l’homme arabe que les Arabes eux-mêmes ? »
* Gebran Bassil, ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau : « On ne saurait se taire à propos de l’agression contre Maaloula (localité chrétienne de Syrie reprise hier par les rebelles). L’attaque contre cette localité a un aspect symbolique qui trahit un plan visant à vider l’Orient de ses chrétiens. La destruction des églises dans plusieurs régions de Syrie entre dans ce cadre (...) Les Libanais sont divisés en deux camps, un camp qui rejette l’action des “takfiristes” et les affronte politiquement et sur le terrain, et un autre camp qui accepte ce qui se passe. »
*Antoine Zahra, député FL de Batroun : « Qui peut certifier ce qui s’est passé réellement à Maaloula ? Il y a beaucoup d’informations contradictoires sur des actes de vandalisme dans les couvents. Le problème, c’est que la situation à Maaloula est envisagée à partir d’arrière-pensées politiques. La ville a changé de mains à plusieurs reprises, et le patriarche (Youhanna X) Yazigi a affirmé qu’aucun acte de vandalisme n’a été perpétré contre les couvents là-bas. En tout état de cause, j’affirme que dans une optique chrétienne, libanaise, arabe et humaine, il est interdit de toucher au patrimoine religieux de Maaloula (...) Tout le monde se demande quelle sera la réaction au Liban de l’Iran et du Hezbollah à une frappe contre la Syrie. Personne, en revanche, ne s’interroge sur le point de vue du gouvernement libanais (...) qui avait décrété la politique de distanciation. »
* Oussama Saad, ancien député de Saïda et secrétaire général de l’Organisation populaire nassérienne : « Les États-Unis et leurs alliés sionistes et arabes ne parviendront pas à soumettre la Syrie et la nation arabe. Le peuple de Syrie et l’armée syrienne affrontent la pire offensive américaine, sioniste et réactionnaire arabe. Je demande (aux Libanais) de se ranger aux côtés de la Syrie face à l’agression américaine car il n’est pas dans l’intérêt du Liban d’avaliser cette agression. Hélas, certains hauts responsables au Liban se comportent comme s’ils vivaient loin du Liban et de la région. Ils ne ressentent pas le danger qui menace l’unité du Liban, sa sécurité et sa stabilité, ni les périls qui cernent le peuple libanais du fait des menaces d’agression américaine contre la Syrie. »