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À La Une - Syrie

Assad : Pas de preuves que j'ai utilisé l'arme chimique...

Plusieurs pays arabes d'accord pour dire que Damas a franchi une ligne rouge, selon Kerry.

Le secrétaire d'Etat, John Kerry, a poursuivi dimanche en Europe son offensive diplomatique pour justifier des frappes contre la Syrie. AFP PHOTO/Leon Neal

Le président syrien Bachar el-Assad a affirmé à la chaîne américaine CBS qu'il n'était pas à l'origine de l'attaque chimique du 21 août, a rapporté dimanche le journaliste de CBS qui l'a interviewé à Damas.

"Il a nié avoir quelque chose à voir dans cette attaque", a affirmé le journaliste Charlie Rose sur CBS, alors que Washington menace Damas de frappes militaires, accusant le régime syrien d'avoir perpétré cette attaque.

"La chose la plus importante qu'il ait dite, c'est +qu'il n'y a pas de preuve que j'ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple+", a ajouté le journaliste américain.


Selon des écoutes de l'armée allemande révélées dimanche par le journal Bild, Bachar el-Assad n'aurait vraisemblablement pas approuvé personnellement l'attaque dans la Ghouta orientale. De hauts gradés de l'armée syrienne "réclament régulièrement depuis environ quatre mois des attaques chimiques au palais présidentiel à Damas mais ces demandes ont été toujours refusées, et l'attaque du 21 août n'a vraisemblablement pas été approuvée personnellement par Assad", rapporte le Bild, s'appuyant sur des écoutes effectuées par un navire allemand près des côtes syriennes.

 

Des extraits de l'interview avec le dirigeant syrien devaient être diffusés lundi matin par la chaîne, puis l'intégralité lundi soir sur une autre chaîne PBS. M. Assad a aussi dit "qu'il ne savait pas nécessairement s'il y aurait une frappe" en Syrie mais que les Syriens s'y "étaient préparés du mieux qu'ils le pouvaient", selon M. Rose.
Il a aussi "un message pour les Américains, que s'engager dans des guerres et des conflits au Proche-Orient n'avait pas été une bonne expérience" pour eux, a ajouté M. Rose.

Le président américain Barack Obama et son administration ont intensifié leur campagne pour persuader les élus du Congrès, qui font leur rentrée lundi, d'une intervention en Syrie. M. Obama les a exhortés à ne pas fermer les yeux après les attaques du 21 août qui ont fait plusieurs centaines de morts. L'issue du vote est très incertaine, notamment à la Chambre des représentants.

 

(Eclairage : Avant de trancher sur la Syrie, les élus américains regardent chez eux)

 

 

Intervention "illégale" selon la charte de l'ONU

Parallèlement, le secrétaire d'Etat, John Kerry, a poursuivi dimanche en Europe son offensive diplomatique pour justifier des frappes contre la Syrie. Après avoir obtenu samedi le "soutien politique" des Européens à une "réponse claire et forte" à l'attaque chimique dans la Ghouta orientale, M. Kerry a rencontré à Paris ses homologues de plusieurs pays arabes ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi.


"Nous étions unanimes à dire que le recours odieux par Assad aux armes chimiques (...) a franchi une ligne rouge internationale", s'est félicité M. Kerry à l'issue de la rencontre à Paris. "Un certain nombre de pays ont immédiatement signé le communiqué (endossé par douze pays) du G20" appelant à une "réponse forte" à la Syrie, a-t-il ajouté.
Parmi eux, l'Arabie Saoudite et le Qatar, qui soutiennent l'opposition syrienne. Pour les autres, "chacun fera sa propre annonce dans les 24 heures", a précisé M. Kerry, alors que le Congrès américain doit se prononcer dans les prochains jours sur une action militaire en Syrie.


Principal soutien régional de Damas, l'Iran a de son côté réaffirmé dimanche son hostilité à toute intervention étrangère en Syrie, "illégale" selon la charte de l'ONU, a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, en visite à Bagdad. "Nous appelons tous les pays à s'asseoir à la table des négociations pour résoudre pacifiquement la crise syrienne", a déclaré M. Zarif.
Son homologue irakien Hoshyar Zebari a lui aussi appelé à une solution pacifique à la crise, affirmant qu'"une frappe militaire nuirait aux efforts politiques en cours".

 

(Lire aussi : "Un bombardement à distance ne brisera pas les forces terrestres" d'Assad)


Pendant tout le week-end, Paris et Washington ont affiché leur détermination à "sanctionner" militairement le régime syrien, se targuant d'un soutien international "large et grandissant" à une action militaire. "C'est notre Munich à nous!", avait lancé samedi soir à Paris M. Kerry, dans l'espoir de convaincre des opinions publiques réticentes, voire hostiles, en France et aux Etats-Unis.

La France et les Etats-Unis, qui s'étaient durement opposés en 2003 sur l'Irak, affirment d'une même voix qu'une action armée contre la Syrie ne ressemblera en rien aux interventions en Irak, en Afghanistan ou même au Kosovo ou en Libye. Evoquant le "soutien politique" apporté la veille par les 28 de l'Union européenne, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a précisé dimanche que la France et les Etats-Unis n'avaient "pas besoin matériellement, militairement, que tous ces pays s'engagent. La plupart d'entre eux n'ont pas les moyens de le faire", a-t-il relevé.

 

 

Des frappes plus longues et plus intenses
Le secrétaire d'Etat américain regagnera Washington lundi, après avoir rencontré à Londres, dimanche soir, le président palestinien Mahmoud Abbas, et, lundi matin, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, dont le gouvernement a dû renoncer à s'associer à une intervention militaire en Syrie après un veto du Parlement.
La situation serait "alarmante si les différents Parlements du monde" décidaient eux aussi qu'il ne faut pas intervenir, a estimé dimanche M. Hague, pour qui "le risque de ne rien faire est plus grand que celui d'agir".


Alors que les télévisions américaines diffusaient en boucle ce week-end des images de victimes des attaques à l'arme chimique du 21 août, le président américain a prévu d'enregistrer lundi une interview avec les grandes chaînes américaines. Diffusée dans la soirée, l'interview précédera le message à la Nation d'Obama mardi, avant le vote du Congrès.

 

(Lire aussi : Syrie : des frappes aideraient les rebelles sans faire tomber le régime)


Son homologue français François Hollande a aussi promis de s'adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du "rapport des inspecteurs" de l'ONU qui ont enquêté fin août. Aux yeux de la plupart des Etats de l'UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques. M. Hollande s'est engagé à attendre ce document avant d'agir éventuellement militairement. Pour M. Kerry en revanche, les Etats-Unis n'attendront pas s'ils doivent frapper.


Selon le Los Angeles Times, le Pentagone prépare des frappes plus longues et plus intenses qu'initialement prévu, pendant trois jours. Les stratèges américains optent pour un barrage massif de tirs de missiles, suivi de frappes supplémentaires contre les cibles manquées, selon des responsables du Pentagone cités par le quotidien.



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