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Liban - Le commentaire

Scenarii et hypothèses en série sur l’après-frappe

S’il est vrai que le timing choisi pour asséner des frappes militaires à la Syrie est lié à la question de l’usage des armes chimiques, la question reste de savoir tout d’abord si les inspecteurs de l’ONU préciseront dans leur rapport quelle est la partie responsable des tirs, ou s’ils se contenteront de constater que ce type d’armes a effectivement été utilisé.


Dans ce cas de figure, quelle sera la cible des attaques ? Viseront-elles les deux parties belligérantes de la même manière ? Et dans l’hypothèse d’un rapport qui pointerait du doigt le régime syrien, les frappes qui lui seront adressées seront-elles suffisantes pour rétablir l’équilibre des forces en présence ? L’intervention militaire engendrera-t-elle des réactions non prévisibles et quelles sont les parties qui réagiront ? Viendra-t-elle exclusivement de l’intérieur de la Syrie ou bien doit-on s’attendre à des contrecoups de la part du Hezbollah et de l’Iran ouvrant ainsi la voie à une guerre globale dans la région dont on ne connaît ni l’ampleur ni l’étendue ?


Certains pays européens tels que la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou l’Italie réviseront-ils leur position par rapport à la participation à l’équipée punitive aux côtés des États-Unis si le rapport des inspecteurs venait à incriminer le régime ?
Mais encore, le rapport des inspecteurs sera-t-il soumis au Conseil de sécurité de l’ONU en vue de parvenir à une position unifiée consistant à imposer de lourdes sanctions au régime syrien en lieu et place des frappes militaires qui annoncent d’ores et déjà des conséquences non seulement sur les pays voisins, mais sur l’ensemble de la région ?
Y aurait-il eu un accord américano-russe combiné à une solution politique suite à des frappes ponctuelles et à une éventuelle réaction également pondérée ?


D’ailleurs, et quelle que soit la teneur du rapport des inspecteurs internationaux, il reste à savoir qui en bénéficiera le plus, le régime, l’opposition ou la solution politique ?
Certains observateurs estiment qu’une frappe militaire qui serait très limitée n’affectera point l’équilibre des forces sur le terrain, précisant qu’elle profitera plutôt au régime syrien qui s’affichera alors en victime de l’agression tout en ayant réussi à faire front à l’attaque et à rallier autour de lui l’armée, le peuple et l’équipe au pouvoir. Il ira même jusqu’à démontrer à l’opinion publique interne et externe qu’il en est sorti victorieux tout en proclamant qu’il peut poursuivre sa guerre contre les terroristes et les « takfiri » comme il dit.
Cette victoire potentielle ne manquera pas de se répercuter sur ses alliés au Liban, en Jordanie et en Irak, qui, grisés de leur nouvelle réalisation, feront pression sur leurs adversaires politiques en leur imposant leurs conditions.


D’autres analystes considèrent qu’une frappe, même limitée, sera sûrement douloureuse et permettra à l’opposition d’en bénéficier en réalisant une avancée militaire sur le terrain de manière à constituer une véritable menace à l’avenir du président Bachar el-Assad et trancher ainsi la bataille ultérieurement en faveur des forces antirégime.
Une autre thèse qui circule est celle consistant à dire que l’intervention sera limitée dans le temps et dans ses effets, l’objectif étant de sauver la face au président américain Barack Obama qui avait placé la barre trop haut en affirmant que l’utilisation des armes chimiques constitue la ligne rouge. Il ne peut plus par conséquent rester les bras croisés devant un tel développement qui risque de devenir un précédent, ouvrant par son inaction la boîte de Pandore à tout crime contre l’humanité dont la communauté internationale devra inéluctablement assumer la responsabilité pour n’avoir pas su y mettre fin.


Une frappe limitée dans ses effets ne conduirait pas fatalement à une guerre régionale que personne ne souhaite, notamment les grandes puissances. Elle servirait en réalité à paver la voie à la conférence de Genève 2, rendant ainsi possible un accord sur un gouvernement transitoire représentant toutes les forces modérées en présence, point de départ pour toute solution future dans ce pays ouvert à tous les vents.

 

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