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Moyen Orient et Monde - Transition

Défilés islamistes pro-Morsi sous haute surveillance en Égypte

Plusieurs milliers de partisans du président déchu Mohammad Morsi se sont rassemblés hier, continuant de dénoncer sa destitution.

Des milliers d’islamistes ont défilé hier après-midi dans plusieurs quartiers du Caire, alors que des militaires et des policiers en tenue antiémeute gardaient les principaux carrefours de la ville. Photo AFP

Ignorant les mises en garde des autorités, des milliers de personnes ont défilé hier au Caire et dans plusieurs villes d’Égypte pour réclamer le retour au pouvoir du président islamiste Mohammad Morsi, évincé par l’armée le 3 juillet. Ce sont les manifestations pro-Morsi les plus importantes depuis les sanglants affrontements qui ont fait des centaines de morts à la mi-août.

 

Hier, les pro-Morsi ont apparemment choisi de multiplier les lieux de rassemblement en évitant les grandes places de la capitale où les forces de sécurité appuyées par des blindés étaient déployées en nombre. Juste après la prière hebdomadaire, 500 manifestants ont quitté la mosquée Sahib Roumi, dans le centre du Caire, en scandant « L’armée doit partir ! », « l’Égypte est islamique, pas laïque ! » et en dénonçant les « voyous » du ministère de l’Intérieur. En milieu d’après-midi, des milliers de personnes défilaient dans d’autres quartiers du Caire et dans les faubourgs. Des militaires et des policiers en tenue antiémeute gardaient les principaux carrefours de la ville et bloquaient les accès à l’un des ponts sur le Nil. Des cortèges réunissant au total plus de 10 000 personnes se sont également formés à Alexandrie, et on manifestait aussi dans d’autres villes du delta du Nil comme Tanta et Fayoum, de même que dans trois villes du canal – Suez, Ismaïlia, Port-Saïd –, ou encore Assiout dans le sud du pays. Dans le quartier de Mohandisine au Caire, la police a lancé des gaz lacrymogènes. Et alors que le couvre-feu de 19h00 heure locale approchait, des manifestants continuaient de se masser autour du palais présidentiel dans la capitale.


Le ministère de la Santé a en outre fait état de trois morts et de 36 blessés au cours de plusieurs échauffourées. À Port-Saïd, sur le canal de Suez, des heurts entre partisans et adversaires du président déchu ont fait un mort et une vingtaine de blessés, selon le ministère.


Plus tôt dans la journée, à Doha, au Qatar, le cheikh Youssef el-Qaradaoui, un important dignitaire sunnite d’origine égyptienne, avait appelé les Égyptiens à redescendre dans la rue pour défier les militaires et ramener Morsi au pouvoir. « Égyptiens, sortez tous de chez vous, hommes, mères, filles et enfants ! C’est un devoir religieux pour tous les Égyptiens ! » a lancé lors de son prêche le président de l’Union internationale des savants musulmans (ulémas).


Jeudi, les forces de sécurité avaient déclaré qu’elles n’hésiteraient pas à ouvrir le feu sur les manifestants en cas de débordements. Les autorités ont imposé un couvre-feu le 14 août, jour où les forces de l’ordre ont démantelé les campements mis en place par les Frères musulmans au Caire, faisant au moins 600 morts, ou plus d’un millier de morts selon certaines sources. Depuis, si les manifestations ne dérapent plus, des heurts sporadiques opposent presque chaque jour des comités de quartiers, sorte de milices civiles anti-islamistes, à des partisans de M. Morsi, qui se soldent parfois par des morts dans les provinces. La chasse aux Frères musulmans, qui avaient remporté haut la main les législatives de 2012, se poursuit également aux niveaux inférieurs de la hiérarchie, les médias annonçant quotidiennement des arrestations de cadres et de militants locaux dans tout le pays.


En outre, Mohammad Beltagi, ancien parlementaire et l’un des derniers leaders encore libre de la confrérie, avait été interpellé avec un ex-ministre de M. Morsi. La direction de la confrérie avait déjà été décapitée après le 14 août avec l’arrestation de son guide suprême, Mohammad Badie, et de ses deux adjoints. Le procès de ces trois hommes pour incitation au meurtre s’est ouvert le 25 août pour être immédiatement ajourné au 29 octobre.

 

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