L’une des réactions les plus virulentes est venue de la bouche du chef du PSP, Walid Joumblatt, qui a dénoncé la banalisation de l’horreur dans le pays voisin et en a rendu responsable le régime syrien.
« Devant l’énormité des images du massacre de la Ghouta de Damas diffusées sur les écrans de télévision, il n’y a guère de place pour les communiqués de condamnation classique, a souligné M. Joumblatt dans une déclaration. Et il n’est pas plus utile de tenir des réunions ici ou là sans prendre des décisions susceptibles de modifier la réalité sombre que le régime a imposée à la Syrie avec la bénédiction d’alliés internationaux et régionaux et une indifférence de l’Occident où l’on s’est contenté d’esquisser des lignes rouges illusoires. »
Et d’ajouter : « Face à l’énormité de ces images, on est en droit de s’interroger sur la signification de concepts fondamentaux autour desquels se sont formés des systèmes de pensée et des slogans pompeux qui s’effondrent chaque en jour en Syrie, comme les droits de l’homme, le droit international, les conventions et les traités, tout comme on s’interroge sur les rôles supposés d’organisations internationales ballottées entre les intérêts des puissances. »
« Devant ces images tombent toutes les qualifications sur la base desquelles ont été édifiées les théories de l’organisation de la vie humaine, tout comme se brisent les critères moraux et humanitaires sur les restes des enfants, des femmes et des vieillards. Et puis les actes sauvages et barbares deviennent banals, ordinaires, conformément à la théorie avancée par la politologue (américaine) Hannah Arendt dans son ouvrage célèbre Eichmann à Jérusalem, ce livre où elle explique sa vision de la banalisation du mal, autrement dit l’horreur qui devient une fonction ordinaire similaire à d’autres fonctions », a poursuivi le chef du PSP.
« Devant ces images, on est en droit de se demander en quoi ce massacre est-il différent des dizaines de grandes tueries de civils et d’innocents perpétrées par Israël à Deir Yassine, à Cana, à Gaza et ailleurs. On se demande aussi si le meurtre serait justifié chez les uns et pas chez les autres », a-t-il lancé.
Geagea fustige la « honte » du Conseil de sécurité
De son côté, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé que « si ce massacre représente en soi un acte d’extermination qu’on a du mal à regarder en face, le pire, le plus honteux, le plus infamant, c’est la manière avec laquelle le Conseil de sécurité a traité l’affaire en dépit de son énormité ». Ce dernier s’est, en effet, « contenté d’émettre une condamnation et de demander une enquête, alors qu’il aurait fallu prendre des mesures concrètes fermes, et ce d’autant plus qu’il dispose d’inspecteurs internationaux à Damas même », a relevé M. Geagea.
Se disant « affligé par l’absence de riposte du niveau de la tragédie » survenue, ce qui est « en contradiction avec le minimum requis en matière de solidarité humaine, de devoir moral et de sens des responsabilités », le chef des FL a cependant salué « la position responsable de la France qui se distingue du reste et qui donne de l’espoir au milieu de la nuit noire qui prévaut sur le Conseil de sécurité ».
En revanche, il a stigmatisé « l’absence de toute position officielle libanaise du niveau de cet événement tragique, en dépit du fait qu’il s’agit d’une affaire humanitaire avant toute autre considération ».
Haro sur le « terroriste Nasrallah »
Dans les rangs du bloc du Futur, Mohammad Kabbara, député de Tripoli, a estimé que ce qui s’est produit en Syrie « n’est ni un crime ni un massacre, c’est une guerre d’extermination qui dépasse en horreur ce que les nazis avaient commis en leur temps ».
« Cette attaque aux gaz toxiques sur la Ghouta orientale de Damas, qui a fait plus de 2 000 victimes entre morts et blessés, n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Toutefois, la leçon nouvelle à tirer de cette déclaration de guerre contre le peuple syrien est que toute personne qui continuera à proposer que Bachar (el-Assad) ou son régime fasse partie de la solution en Syrie devra être considérée elle aussi comme partenaire dans la guerre d’extermination du peuple syrien, à laquelle participent déjà le parti du terroriste (Hassan) Nasrallah, l’État terroriste du Velayet-e-Faqih iranien et les milices terroristes de l’Irak sous la direction de Nouri el-Maliki (le Premier ministre irakien) », a ajouté M. Kabbara.
« Il est réaliste de penser que tous les alliés du régime assadiste au Liban et ailleurs sont partenaires de cette guerre d’extermination », a-t-il lancé, avant de poursuivre : « C’est donc avec inquiétude que l’on s’interroge sur ce qui pourrait empêcher que cette guerre ne s’étende au Liban si le parti du terroriste Hassan Nasrallah décidait d’exterminer tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui et qui rejettent son terrorisme. »
Le chef du Mouvement de l’indépendance, Michel Moawad, a souligné pour sa part qu’Israël, depuis sa création en 1948, « n’a jamais commis un massacre aussi horrible que celui perpétré par le régime syrien » dans la banlieue de Damas. « Quelle différence y a-t-il, désormais, entre “Ali le chimiste” (un haut responsable irakien accusé du gazage de populations kurdes à Halabja, à l’époque de Saddam Hussein) et “Bachar le chimiste” » ? s’est interrogé M. Moawad.
Quant à l’ancien député Misbah Ahdab, il a observé que « la criminalité du régime syrien a atteint le stade du génocide contre son peuple » et estimé que le massacre de la Ghouta est « l’un des crimes les plus horribles de l’histoire de l’humanité ».
Enfin, la Ligue maronite a condamné dans un communiqué « la tragédie de la Ghouta orientale », en évitant toutefois d’en attribuer la responsabilité à l’une des parties en conflit, et réclamé une protection des civils qui « devraient être tenus à l’écart des batailles et des actes de violence ».