Le nouveau partenariat logistique de Maersk (Danemark), MSC (Suisse-Italie) et CMA CGM (France) devrait apporter un surcroît d’activité au port de Beyrouth. Photo CMA CGM
De fait, a indiqué un rapport du Lebanon Brief de la BlomInvest, le port de Beyrouth a fait un retour remarqué sur le devant de la scène en tant que l’une des principales liaisons historiques entre l’Occident et l’Orient.
Ainsi, le port beyrouthin, qui génère à lui seul 90 % des recettes des douanes maritimes, a déjà empoché quelque 650 millions de dollars cette année, a indiqué le rapport.
Ce regain d’activité est principalement dû au réaménagement du port de Beyrouth, lancé en 2004, a noté le rapport. En effet, un partenariat public-privé (PPP) entre la société GEPB (Gestion et exploitation du port de Beyrouth) et l’entreprise privée BCTC (Beirut Container Terminal Consortium) a permis d’augmenter la capacité d’accueil du port et d’améliorer sa prestation sur le plan du transport maritime. En outre, BCTC a récemment complété l’extension du terminal, uniquement financé par les revenus engrangés par le port, et modernisé les équipements afin de gérer des conteneurs d’un poids plus conséquent.
Les ports égyptiens et syriens en déclin
Ces initiatives ont coïncidé avec le début de la crise en Syrie et en Égypte – deux centres majeurs de l’activité portuaire au Moyen-Orient, comprenant des zones stratégiques comme Port Saïd, Lattaquié ou encore Tartous.
Le déclin des « hubs » égyptiens et syriens a directement profité au Liban, dont le port principal se distingue par sa position géographique, sa disponibilité, la qualité de ses équipements et de ses services. En conséquence, Beyrouth a attiré l’attention des transporteurs internationaux, et l’activité très lucrative du transbordement a décollé.
Initiée en 2005, l’activité de transbordement, soit l’action de transférer d’un véhicule ou d’un navire dans un autre, constitue une importante source de revenus et représente depuis quelques années environ 40 % de l’activité du port de Beyrouth.
Autre conséquence des crises dans la région, la fermeture sporadique des frontières couplée à une insécurité croissante dans les terres syriennes, qui ont gravement affecté les exportations terrestres ciblant les pays du Golfe, la Jordanie et l’Irak en particulier. Par conséquent, 15 % des produits destinés à transiter par voie de terre ont fini par être acheminés par la mer, selon les données des douanes, reprises par la BlomInvest. La demande a d’autant bondi que les commerçants syriens ont également choisi d’avoir recours aux services du port de Beyrouth pour pouvoir importer leurs produits, a relevé le rapport.
L’alliance de CMA CGM, Maersk et MSC
Sur le plan des transporteurs maritimes, alors que plus de 40 compagnies sont actives à Beyrouth, près de 80 % de l’activité liée au transport de conteneurs est contrôlée par les trois géants internationaux : Maersk (Danemark), MSC (Suisse-Italie) et CMA CGM (France) du Libanais Jacques Saadé, respectivement en première, deuxième et troisième position sur le marché mondial.
Le rapport de la BlomInvest a rappelé que ces trois titans du transport maritime ont récemment noué un partenariat logistique (réseau P3) visant à optimiser les performances de leurs liaisons Est-Ouest. Ce partenariat devrait débuter courant 2014. Avec deux de ces compagnies déjà présentes à Beyrouth, MSC et CMA CGM, nul doute que ce nouveau partenariat devrait bénéficier au port libanais, lui apportant un surcroît d’activité, a noté le rapport.
Il convient de noter que MSC et CMA CGM sont déjà des partenaires de choix pour le port de Beyrouth, avec lequel ils ont passé un accord stipulant le transport d’un volume annuel minimum de 250 000 et 100 000 équivalent vingt pieds (ou EVP, mesure de conteneur) respectivement. En fait, MSC a transporté en 2012 quelque 200 000 EVP tandis que CMA CGM en a transporté 173 000.
L’activité commerciale en hausse
Outre l’activité de transbordement, l’augmentation des importations et des exportations via le port de Beyrouth a fait décoller l’activité de ce dernier, a souligné le rapport. Cela est principalement dû à la hausse de la consommation à l’échelle nationale – portée par l’afflux des réfugiés syriens plutôt que par la croissance économique du pays –, a ajouté le rapport.
Dans un contexte où près d’un million de déplacés ont été recensés en juin dernier par les Forces de sécurité intérieure (FSI), les importations ont enregistré une progression de 7 % à 10,8 milliards de dollars au cours de la première moitié de 2013. « Sans compter l’aide matérielle distribuée aux réfugiés par les organisations non gouvernementales (ONG), qui a également contribué à l’augmentation de l’activité du port de Beyrouth », a ajouté le rapport.
Au final, les perspectives du transport maritime libanais sont bonnes, a résumé le rapport de la BlomInvest, « même si certains postes à responsabilité demeurent vacants et que les investissements concernant les autres ports du pays sont rares ». « Mais des efforts semblent être faits à cet égard, a conclu le rapport, la compagnie émiratie Gulftainer ayant récemment obtenu une concession de 25 ans pour développer et opérer un nouveau terminal du port de Tripoli. »