« Les chauffeurs syriens travaillent pour un salaire moins important et ne négocient pas les conditions de travail », ont déploré les grévistes. Photo Caren Abbas
Pour exercer plus de pressions, ils ont annoncé lundi soir une grève ouverte qui a débuté hier. « Je vous promets que vos revendications seront prises en compte dès vendredi, au cours d’une réunion entre le syndicat et le directeur général du transport terrestre et maritime de la direction publique du Transport », a affirmé M. Aridi. « Je comprends votre mouvement de protestation, qui survient logiquement du trop-plein de pressions et de charge de travail que vous subissez à cause d’un rythme très soutenu des activités du port depuis plusieurs mois », a-t-il poursuivi. À l’issue de la réunion, le syndicat a diffusé un communiqué dans lequel il annonce la suspension de la grève « après les promesses faites par le ministre et en attendant des résultats concrets ».
Sur le terrain, les citoyens se sont montrés moins compréhensifs que le ministre, restant bloqués pendant des heures sur l’autoroute à l’entrée nord de Beyrouth. Car pour bien marquer le coup, les grévistes avaient décidé de garer leurs camions en file indienne à l’entrée du port de Beyrouth. Résultat : des poids lourds sur des centaines de mètres occupant le tiers de la route en heure de pointe et provoquant d’énormes bouchons.
Loin des réunions et discours officiels entre responsables, les langues se délient également du côté des grévistes. Interviewé hier matin par lorientlejour.com, un chauffeur faisait part d’une autre plainte, non mentionnée sur la liste des revendications publiée par le syndicat : la compétition avec les chauffeurs syriens dans le domaine. « Les chauffeurs syriens travaillent pour un salaire moindre et ne négocient pas les conditions de travail », a déploré l’un d’eux, tout en affirmant « comprendre » les Syriens. « Nous ne sommes pas contre le fait qu’ils travaillent, mais leur activité doit être encadrée et organisée », a-t-il ajouté. Il s’est également plaint du délaissement des camionneurs par le gouvernement. « Personne n’aide les chauffeurs, ils ne touchent que 650 dollars par mois et ne bénéficient pas de la Sécurité sociale », a-t-il poursuivi.
Une autre réunion est par ailleurs prévue lundi prochain avec la direction du port de Beyrouth et tous les ministères concernés. Le syndicat s’est dit « confiant » des décisions qui y seront prises. En attendant, l’activité des camionneurs a repris son cours normalement.