Rechercher
Rechercher

Mugabe face aux accusations de hold-up électoral

Morgan Tsvangirai, l’éternel rival

Morgan Tsvangirai, battu samedi à l’élection présidentielle par le président sortant Robert Mugabe, bénéficie d’une image de démocrate et d’un capital sympathie à l’étranger, hérités d’une très longue et courageuse lutte contre le pouvoir, lui ayant coûté procès, blessures et emprisonnement.
Il a recueilli samedi 34 % des voix contre 61 % à son adversaire.
Actuel Premier ministre de « cohabitation », Tsvangirai, né le 10 mars 1952, a été deux fois déjà candidat contre Mugabe, en 2002 et 2008, pour deux échecs, imputables à la manipulation du scrutin en 2002 et aux violences politiques exercées contre ses partisans en 2008.
Cette fois, le chef du MDC (Mouvement pour un changement démocratique) se présentait comme le candidat qui devait mettre fin à la corruption et à l’autoritarisme. « Le nouveau gouvernement (...) changera la culture de gouvernance qui domine actuellement au Zimbabwe, caractérisée par l’impunité, le clientélisme, la corruption et la peur », assurait-il.
« Le nouveau gouvernement créera un environnement favorable pour attirer l’investissement national et étranger afin de ressusciter notre économie effondrée », ajoutait-il, en réponse directe à la politique dite « d’indigénisation » menée depuis des années par Mugabe, qui exige que la majorité du capital de toute entreprise implantée dans le pays soit aux mains de Zimbabwéens noirs.
Fils d’un maçon de la province orientale de Buhera dans une famille très pauvre, Tsvangirai a été contraint de quitter l’école adolescent pour gagner sa vie et s’occuper de ses huit frères et sœurs plus jeunes.
Arrivé en politique par le syndicalisme, il n’a pas participé à la lutte des années 70 pour l’indépendance. Ce qui lui vaut le mépris de la génération Mugabe, qui fonde sa légitimité sur ses faits d’armes dans la lutte contre l’ancien régime.
Leader de la plus importante confédération du Zimbabwe, il a cependant organisé et mené de grandes grèves nationales à la fin des années 90, acquérant son aura de militant proche du peuple.
Cet activisme et cette opposition au pouvoir, Tsvangirai les a payés très cher. Lui-même affirme avoir été victime de quatre tentatives d’assassinat. À deux reprises il a été emprisonné pour motifs politiques et, à chaque fois, a été acquitté des charges de « trahison » et « complot contre le chef de l’État », après de longs et pénibles procès.
En mars 2007 enfin, il est grièvement blessé durant une réunion violemment dispersée par la police. « Oui, dit-il de son lit d’hôpital, ils ont brutalisé mon corps. Mais ils ne briseront jamais mon esprit. Je me battrai jusqu’à ce que le Zimbabwe soit libre. »
L’année suivante, il passe tout près d’une grande victoire. Au premier tour de la présidentielle, il rafle 47 % des suffrages et devance Mugabe (43 %). Aussitôt, les partisans du chef de l’État déchaînent la violence, faisant quelque 200 morts. Face au risque d’embrasement, Tsvangirai retire sa candidature et laisse le champ libre à Mugabe.
Ce geste lui vaut les louanges d’une partie du monde et son nom est même évoqué pour le prix Nobel de la paix. D’autant qu’il accepte peu après de devenir le Premier ministre de Mugabe, dans un gouvernement dit « d’union nationale », imposé par la communauté internationale, soucieuse d’éviter une guerre civile au Zimbabwe.
Il est frappé par le destin trois semaines à peine après avoir pris la tête du gouvernement : son épouse Susan est tuée dans un accident de voiture dont il sort lui-même blessé.
Durant quatre ans, sa cohabitation contre-nature avec Mugabe n’aura pas forcément servi cet homme courageux et obstiné. Son camp a certes hérité des ministères économiques, mais toutes les forces de l’ordre et de sécurité sont restées sous la férule des alliés de Mugabe. Et les proches du Premier ministre, y compris les membres du gouvernement, sont en permanence harcelés, parfois arrêtés par la police fidèle au président.
Au final, Mugabe aura eu gain de cause sur les grandes décisions économiques, et la situation des droits de l’homme ne s’est pas améliorée durant les années de gouvernement commun.
Par ailleurs, les ennemis de Tsvangirai ont largement utilisé quelques soubresauts de sa vie privée après son veuvage pour tenter de le discréditer.
Morgan Tsvangirai, battu samedi à l’élection présidentielle par le président sortant Robert Mugabe, bénéficie d’une image de démocrate et d’un capital sympathie à l’étranger, hérités d’une très longue et courageuse lutte contre le pouvoir, lui ayant coûté procès, blessures et emprisonnement.Il a recueilli samedi 34 % des voix contre 61 % à son adversaire.Actuel Premier...