Le président zimbabwéen Robert Mugabe, déclaré vainqueur samedi, à 89 ans, de l’élection présidentielle, incarne pour ses compatriotes toute l’histoire moderne de son pays : de la glorieuse lutte pour l’indépendance à l’effondrement économique des années 2000, en passant par l’exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir au fil de 33 années à la tête de l’État.
L’homme qui a remporté l’élection au premier tour avec 61% des voix est né le 21 février 1924. Jeune, il s’est rapidement engagé dans la lutte pour les indépendances en Afrique, ce qui l’a conduit en prison dès 1964.
Son pays, qui s’appelle alors la Rhodésie du Sud, est une colonie britannique dont la minorité blanche, en rébellion contre Londres, va bientôt, en 1965, proclamer unilatéralement son indépendance, instaurant un système ségrégationniste.
Mugabe a 40 ans. Et un parcours semblable à certains égards à celui de Nelson Mandela, emprisonné, lui, par le régime de l’apartheid.
Libéré dix ans plus tard, en 1974, après avoir passé plusieurs diplômes en prison, le militant trouve refuge au Mozambique d’où il prend la tête d’une guérilla.
En 1980, l’accession à l’indépendance et ses efforts en faveur d’une réconciliation avec les anciens dirigeants rhodésiens blancs lui valent l’acclamation des foules dans son pays et une admiration sans borne à l’étranger. Vingt sièges parlementaires sur cent sont de droit réservés à la minorité blanche.
C’est l’heure des accolades et des poignées de main avec les dirigeants du monde entier. L’Occident fait mine d’oublier que les élections se déroulent dans un climat d’intimidation, sous la menace proférée par M. Mugabe d’une reprise de la guerre civile. On encense ses réussites – réelles –, ses programmes de construction d’écoles, d’établissements de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire auparavant marginalisée.
Pourtant, ce héros africain a la main lourde avec ses opposants. Une brutale répression à connotation ethnique s’abat dès 1982 sur la province du Matabeleland, terre des Ndebele acquise à son adversaire Joshua Nkomo. Le bilan des massacres est de 10 000 à 20 000 morts.
Le rejet occidental éclate avec les dérapages des années 2000. Mortifié par l’échec d’un référendum constitutionnel début 2000, M. Mugabe décide en effet de passer en force et fait saisir les domaines agricoles des grands propriétaires blancs. La présidentielle de 2002 donne lieu à des violences et des fraudes, et les sanctions américaines et européennes tombent.
M. Mugabe rompt l’isolement en se tournant vers l’Asie et va continuer de séduire toute une partie du monde en tenant tête à l’Occident avec ses tirades anti-impérialistes et ses provocations.
On le compare à Hitler. Il s’en moque. On lui reproche sa législation homophobe, il traite les homosexuels de « pires que des chiens ou des cochons ».
C’est à cette époque que l’économie du pays s’effondre pan par pan. Et que les relations de Mugabe avec l’Occident tournent au vinaigre. « Gardez votre Grande-Bretagne, je m’occupe de mon Zimbabwe », lance-t-il un jour à Tony Blair, le Premier ministre britannique.
« Pourquoi imposer des sanctions ? Pourquoi punir mon peuple ? C’est parce que ces impérialistes veulent l’héritage », dit-il un autre jour, alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, accompagnée d’une hyperinflation qui atteint 231 millions %, d’un taux de chômage à 75 %, de la ruine des services sociaux et des industries autrefois florissantes. La faute aux sanctions, selon M. Mugabe. La faute à sa mauvaise gestion et la corruption du régime, rétorque l’Occident.
En 2008, le vieux chef est devancé au premier tour de la présidentielle par son rival Morgan Tsvangirai. Ses partisans déchaînent la terreur, faisant près de 200 morts. Tsvangirai retire sa candidature. Mugabe, seul en lice au second tour, est élu une nouvelle fois.
Mais cette fois le chaos dans le pays inquiète les pays voisins, qui contraignent Mugabe à prendre Tsvangirai comme Premier ministre et à former un « gouvernement d’union nationale ». C’est pour se débarrasser de cet encombrant « bras droit » que Robert Mugabe avait convoqué des élections ce 31 juillet. Morgan Tsvangirai a été battu avec 34 % des voix.
L’homme qui a remporté l’élection au premier tour avec 61% des voix est né le 21 février 1924. Jeune, il s’est rapidement engagé dans la lutte pour les indépendances en Afrique, ce qui l’a conduit en prison dès 1964.
Son pays, qui s’appelle alors la Rhodésie du Sud, est une colonie britannique dont la minorité blanche, en rébellion contre Londres, va bientôt, en 1965, proclamer unilatéralement son indépendance, instaurant un système ségrégationniste.
Mugabe a 40 ans. Et un parcours semblable à certains égards à celui de Nelson Mandela, emprisonné, lui, par le régime de l’apartheid.
Libéré dix ans plus tard, en 1974, après avoir passé plusieurs diplômes en prison, le militant trouve refuge au Mozambique d’où il prend la tête d’une guérilla.
En 1980, l’accession à l’indépendance et ses efforts en faveur d’une réconciliation avec les anciens dirigeants rhodésiens blancs lui valent l’acclamation des foules dans son pays et une admiration sans borne à l’étranger. Vingt sièges parlementaires sur cent sont de droit réservés à la minorité blanche.
C’est l’heure des accolades et des poignées de main avec les dirigeants du monde entier. L’Occident fait mine d’oublier que les élections se déroulent dans un climat d’intimidation, sous la menace proférée par M. Mugabe d’une reprise de la guerre civile. On encense ses réussites – réelles –, ses programmes de construction d’écoles, d’établissements de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire auparavant marginalisée.
Pourtant, ce héros africain a la main lourde avec ses opposants. Une brutale répression à connotation ethnique s’abat dès 1982 sur la province du Matabeleland, terre des Ndebele acquise à son adversaire Joshua Nkomo. Le bilan des massacres est de 10 000 à 20 000 morts.
Le rejet occidental éclate avec les dérapages des années 2000. Mortifié par l’échec d’un référendum constitutionnel début 2000, M. Mugabe décide en effet de passer en force et fait saisir les domaines agricoles des grands propriétaires blancs. La présidentielle de 2002 donne lieu à des violences et des fraudes, et les sanctions américaines et européennes tombent.
M. Mugabe rompt l’isolement en se tournant vers l’Asie et va continuer de séduire toute une partie du monde en tenant tête à l’Occident avec ses tirades anti-impérialistes et ses provocations.
On le compare à Hitler. Il s’en moque. On lui reproche sa législation homophobe, il traite les homosexuels de « pires que des chiens ou des cochons ».
C’est à cette époque que l’économie du pays s’effondre pan par pan. Et que les relations de Mugabe avec l’Occident tournent au vinaigre. « Gardez votre Grande-Bretagne, je m’occupe de mon Zimbabwe », lance-t-il un jour à Tony Blair, le Premier ministre britannique.
« Pourquoi imposer des sanctions ? Pourquoi punir mon peuple ? C’est parce que ces impérialistes veulent l’héritage », dit-il un autre jour, alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, accompagnée d’une hyperinflation qui atteint 231 millions %, d’un taux de chômage à 75 %, de la ruine des services sociaux et des industries autrefois florissantes. La faute aux sanctions, selon M. Mugabe. La faute à sa mauvaise gestion et la corruption du régime, rétorque l’Occident.
En 2008, le vieux chef est devancé au premier tour de la présidentielle par son rival Morgan Tsvangirai. Ses partisans déchaînent la terreur, faisant près de 200 morts. Tsvangirai retire sa candidature. Mugabe, seul en lice au second tour, est élu une nouvelle fois.
Mais cette fois le chaos dans le pays inquiète les pays voisins, qui contraignent Mugabe à prendre Tsvangirai comme Premier ministre et à former un « gouvernement d’union nationale ». C’est pour se débarrasser de cet encombrant « bras droit » que Robert Mugabe avait convoqué des élections ce 31 juillet. Morgan Tsvangirai a été battu avec 34 % des voix.
Le président zimbabwéen Robert Mugabe, déclaré vainqueur samedi, à 89 ans, de l’élection présidentielle, incarne pour ses compatriotes toute l’histoire moderne de son pays : de la glorieuse lutte pour l’indépendance à l’effondrement économique des années 2000, en passant par l’exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir au fil de 33 années à la tête de...
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