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À La Une - Egypte

Les pro-Morsi défient police et armée

Les partisans du président islamiste appellent à de nouvelles manifestations devant des QG des forces de l'ordre.

Manifestation des partisans du président déchu Mohamed Morsi, le 2 août 2013, au Caire. AFP PHOTO/FAYEZ NURELDINE

Des milliers de manifestants ont grossi vendredi les rangs des partisans de l'ex-président Mohamed Morsi sur deux places du Caire que la police menace d'évacuer, alors que des émissaires étrangers tentent d'ultimes médiations pour éviter un bain de sang.

 

Dans un geste de défiance, les pro-Morsi ont même appelé à des manifestations au Caire devant des QG de l'armée et de la police. "L'Alliance contre le coup d’État", qui proteste contre la destitution de M. Morsi par l'armée le 3 juillet, appelle dans un communiqué à se rassembler en particulier devant le QG de la Garde Républicaine, théâtre d'affrontements qui ont fait 57 morts le 8 juillet, dont 54 manifestants.


En fin d'après-midi, les forces de l'ordre ont dispersé au gaz lacrymogène des manifestants qu'elles accusent d'avoir tenté d'attaquer un complexe abritant des médias égyptiens, très majoritairement anti-Morsi. Les protestataires ont aussitôt dénoncé "l'attaque" d'une "manifestation pacifique".
Ces heurts ont toutefois eu lieu loin de Rabaa al-Adawiya et Nahda, les deux places occupées depuis un mois par les partisans de M. Morsi pour réclamer le retour du premier président égyptien démocratiquement élu qui a été destitué et arrêté par l'armée à la suite de gigantesques manifestations populaires réclamant son départ.


"A bas Sissi, Morsi est notre président", scandaient les manifestants au Caire, en référence au général Abdel Fattah al-Sissi, le commandant en chef de l'armée et ministre de la Défense, que tout le monde désigne comme le véritable homme fort et déjà adulé par une grande partie des Égyptiens et de la presse du pays. Ses portraits ornés de slogans flatteurs fleurissent partout dans les rues et dans les journaux.


Jeudi, une déclaration du secrétaire d'État américain John Kerry, avait alimenté la tension et provoqué la colère des Frères musulmans, dont M. Morsi est issu. M. Kerry a en effet estimé jeudi que les militaires avaient en fait "rétabli la démocratie" en déposant le président islamiste.
L'opposition reprochait aux Frères musulmans d'accaparer tous les pouvoirs et de ruiner une économie déjà exsangue.

 

 

"Les États-Unis , complices du coup d'État militaire"
Les États-Unis, qui donnent chaque année environ 1,3 milliard de dollars à l'armée égyptienne, se sont ainsi gardés, comme le reste des puissances occidentales, de qualifier de coup d'État l'intervention des militaires.
"L'armée n'a pas pris le pouvoir, d'après ce que nous pouvons en juger, jusqu'à présent. Pour conduire le pays, il y a un gouvernement civil. En fait, elle rétablissait la démocratie", a estimé M. Kerry.
Vendredi, M. Kerry a de nouveau plaidé pour "un retour à la normale" en Égypte.


"Le secrétaire d'État Kerry accepterait-il que le secrétaire (américain) à la Défense Hagel destitue Obama si d'importantes manifestations avaient lieu en Amérique ?", a rétorqué vendredi Gehad el-Haddad, porte-parole des Frères musulmans. "Nous n'attendons rien des États-Unis (...), complices du coup d'État militaire".


Jeudi, le ministre de l'Intérieur, fort du mandat reçu la veille du gouvernement intérimaire mis en place par l'armée, "pour mettre un terme à la menace pour la sécurité nationale" et au "terrorisme", a exigé des manifestants qu'ils quittent "rapidement" les places occupées, leur promettant une "sortie en toute sécurité".
Les nouvelles autorités s'appuient sur le mécontentement d'une très grande partie du peuple égyptien à l'égard du gouvernement de M. Morsi, relayé par la presse quasi-unanime qui qualifie quotidiennement les occupants des places Rabaa al-Adawiya et Nahda de "terroristes".

 

 

Appels à la retenue
Mais leur impatience à disperser les manifestants est tempérée par le ballet diplomatique dont Le Caire est le théâtre depuis des jours, la communauté internationale, Union européenne en tête, pressant à la fois les autorités à faire preuve de retenue et les Frères musulmans à évacuer les places. Selon des observateurs, ces tentatives ont toutefois été vaines jusqu'à présent. L'un de ces médiateurs européens, le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a jugé jeudi soir que la situation était "explosive" en Égypte.


La communauté internationale redoute un bain de sang: plus de 250 personnes ont déjà été tuées en un mois, essentiellement des manifestants pro-Morsi lors d'affrontements avec les forces de l'ordre ou avec des opposants au président déchu. L'émissaire de l'Union européenne Bernardino Leon, arrivé jeudi, devait poursuivre vendredi les efforts de médiation. Et Le Caire a annoncé vendredi la visite-surprise dans la soirée du secrétaire d'État adjoint américain William Burns.


Le quotidien gouvernemental al-Ahram, citant des sources sécuritaires, assure que la police a mis au point un plan d'évacuation des places du Caire mais n'a pas encore décidé du moment de l'intervention, le gouvernement "espérant" toujours une "dispersion pacifique".

 

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