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À La Une - Accident

Espagne : le conducteur du train accusé d'homicide par imprudence

Les autorités écartent toute lacune du système de sécurité.

Légèrement blessé dans l'accident, Francisco José Garzon Amo, âgé de 52 ans, est sorti de l'hôpital pour être transféré au commissariat. REUTERS/Oscar Corral

Le conducteur du train dont le déraillement mercredi à Saint-Jacques de Compostelle a fait 78 morts était en garde à vue samedi, accusé d'"homicide par imprudence".
Légèrement blessé dans l'accident, Francisco José Garzon Amo, âgé de 52 ans, est sorti de l'hôpital pour être transféré au commissariat, "arrêté pour des faits présumés d'homicide par imprudence", a annoncé le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.

 

Placé en garde à vue dès jeudi soir, il avait refusé vendredi de répondre aux questions des policiers. Il pourrait être entendu dès dimanche par un juge.

 

Tandis que deux enquêtes, l'une judiciaire et l'autre administrative, ont été ouvertes pour tenter d'expliquer cette tragédie ferroviaire, la pire en Espagne en près de 70 ans, les autorités mettaient en cause ce cheminot, qui travaille depuis 30 ans à la compagnie publique des chemins de fer Renfe.


(Diaporama : Les images de la catastrophe ferroviaire en Espagne)

"Il y a des indices raisonnables pour considérer qu'il puisse avoir une éventuelle responsabilité dans ce qui s'est passé, ce que devront de toute façon déterminer le juge et l'enquête", a estimé le ministre, à l'occasion d'un déplacement sur les lieux de l'accident, où gisait encore la locomotive, coupée en deux sous la violence du choc.

"Déjà, quatre kilomètres avant le lieu de l'accident, il s'est vu notifier de commencer à ralentir", soulignait plus tôt le président du gestionnaire du réseau Adif, Gonzalo Ferre, sur la télévision nationale.

"A cet endroit passent six trains chaque jour et ce conducteur y est passé 60 fois, c'est-à-dire que sa connaissance de la ligne doit être exhaustive et maximale, à un endroit où la vitesse est limitée de manière permanente à 80 kilomètres/heure", a renchéri le président de Renfe, Julio Gómez-Pomar Rodríguez, sur la télévision Antena 3.

 

L'accident s'est produit mercredi à 20H42 (18H42 GMT) au moment où le train, en, provenance de Madrid, abordait un virage très serré à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle.

 

Deux éléments jouent en la défaveur du chauffeur : une retranscription d'une communication radio, révélée par El Pais, dans laquelle il admet qu'il circulait à 190 kilomètres/heure au lieu des 80 autorisés, et une vidéo de quelques secondes diffusée sur internet, semblant provenir d'une caméra de sécurité sur les voies et montrant un train qui surgit à toute vitesse à l'entrée du virage, puis sort des rails et se couche sur le côté.

(Voir la vidéo du crash ici)


Le journal El Mundo affirmait samedi, citant des sources proches de l'enquête, que le conducteur parlait au téléphone portable au moment du drame.

Le train, un modèle hybride (pouvant rouler à vitesse classique et à grande vitesse) fabriqué par l'Espagnol Talgo et le Canadien Bombardier, circulait sur une ligne à grande vitesse, mais sur un tronçon, en courbe et dans une zone urbaine, où la vitesse est réduite. A cet endroit, la voie n'est pas équipée d'un système de freinage automatique du train s'il dépasse la limite de vitesse.

 

Une lacune dénoncée par le secrétaire général du syndicat de conducteurs de trains Semaf, Juan Jesus Garcia Fraile, qui a affirmé que l'accident n'aurait "évidemment" pas eu lieu si ce tronçon avait été équipé du système adéquat. Plusieurs médias reproduisaient par ailleurs samedi les témoignages de collègues du conducteur, assurant qu'il s'agit d'un homme prudent.

"Les systèmes de sécurité en Europe et en Espagne sont adaptés à tout moment aux types de trains et à la vitesse maximale autorisée, et il y a des protocoles définis que doivent suivre les personnes qui ont la responsabilité de conduire le train", a répliqué la ministre des Transports Ana Pastor, sur la radio Cadena Cope.

 

Ville de pèlerinage mondialement célèbre, Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, continuait de panser ses plaies après ce tragique accident.

Après avoir vécu les premiers enterrements vendredi, cette cité rendra hommage aux victimes dans une cérémonie lundi soir dans la cathédrale, devant laquelle fleurs et bougies ont été déposées par des fidèles anonymes.

 

L'accident a fait au moins 78 morts. Les familles, épuisées, attendaient encore samedi l'identification des trois derniers d'entre eux. Selon la police, le bilan est susceptible de s'alourdir, des "restes humains" pouvant appartenir à trois personnes ayant aussi été retrouvés.

 

Sept étrangers figurent jusqu'à présent parmi les morts, un Algérien, une Mexicaine, un Américain, un Brésilien, une Vénézuélienne, une Dominicaine et un Italien. La mairie de Saint-Jacques a fait état d'un Français tué, ajoutant que celui-ci n'avait pas été identifié.

Sur les 178 blessés, 71 étaient toujours hospitalisés, dont 31 dans un état grave.

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