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Le torchon brûle entre rebelles et jihadistes en Syrie

Les rebelles syriens et les groupes d'el-Qaëda engagés contre Bachar el-Assad sont à couteaux tirés après le meurtre d'un important chef insurgé par des jihadistes dans le nord-ouest de la Syrie.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des témoignages de rebelles, Kamal Hamami --de son nom de guerre Abou Bassir al-Jeblaoui-- a été abattu jeudi par des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), émanation d'el-Qaëda en Syrie avec le Front Al-Nosra.

L'alliance sur le terrain contre les forces d'Assad s'effrite et la multiplication de ces incidents témoigne d'une hostilité croissante entre l'Armée syrienne libre (ASL), représentant la rébellion "modérée" soutenue par les pays arabes et occidentaux, et les groupes affiliés à el-Qaëda, formés en majorité de jihadistes non syriens.

D'après l'OSDH, le chef rebelle a été tué lorsque l'EIIL a voulu détruire un barrage de l'ASL à Jabal el-Turkmen, au nord de la ville côtière de Lattaquié.

"Un combattant de l'EIIL a abattu Abou Bassir et blessé deux autres membres de son bataillon", explique l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires à travers la Syrie.

Le lieutenant-colonel rebelle Abou Ahmad, qui affirme avoir été présent lors de l'incident, a pour sa part rapporté sur Facebook qu'Abou Bassir et ses hommes avaient été arrêtés à un barrage de l'EIIL.

Selon lui, Abou Bassir a demandé aux jihadistes: "Vous venez dans notre pays pour nous aider ou pour nous créer des problèmes ?". Le chef de l'EIIL à Lattaquié, Abou Aymane, est alors arrivé et a menacé de tuer le chef rebelle, qui ne s'est pas démonté: "Vous n'avez rien avoir avec l'islam", lui a-t-il lancé avant d'être abattu par Abou Aymane.

Un porte-parole de l'ASL, Louaï Moqdad, a réclamé "avec insistance" que les coupables soient livré à la rébellion.

L'AFP avait rencontré cette année à deux reprises Abou Bassir, jeune chef rebelle trentenaire à la barbe noire bien taillée, qui avait quitté sa riche famille de commerçants à Lattaquié pour se joindre à la rébellion.

Les jihadistes "ont quitté leurs pays pour participer à notre guerre. Mais c'est notre pays et nous ne voulons pas que des gens de l'étranger viennent faire la loi ici. Ils faut qu'ils sachent qu'ils devront partir une fois la guerre terminée", avait-il dit à l'AFP en mai.

Très bien organisé, respecté par les membres de son bataillon Abou Bassir "était modéré et croyait en l'idée d'un Etat démocratique", a affirmé vendredi à l'AFP l'un de ses amis, un militant qui se fait appeler Abboud.

"Lors de la libération du village chrétien de Bourj al-Kassab, un jihadiste avait détruit une croix, et il y a eu une altercation entre Abou Bassir et les jihadistes à ce sujet", ajoute-t-il.

Selon lui, les gens de la région de Lattaquié "sont très très en colère" depuis le meurtre.

Cet incident n'est pas le premier du genre. Quelques jours auparavant, un chef de brigade avait été décapité et son frère égorgé par l'EIIL dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH. Dans cette même région, des dizaines de rebelles de l'ASL avaient été tués dans une bataille contre des islamistes pro el-Qaëda, selon cette ONG.

Au début de la révolte en Syrie, les insurgés syriens qui cherchaient désespérément de l'aide face à la puissance de feu de l'armé régulière avaient accueilli à bras ouverts les jihadistes, dotés d'armes sophistiqués et aguerris au combat.

Mais cet engouement a laissé progressivement la place au rejet en raison de leur pratique extrême de l'islam et d'arrestations arbitraires.

Début juin, beaucoup ont ainsi été choqué quand un garçon de 15 ans avait été tué par des combattants de l'EIIL à Alep (nord) pour avoir prononcé ironiquement le nom de Mahomet.

Mais hormis l'aspect religieux, des experts lient également les tensions aux pressions exercées par l'Occident sur les rebelles "modérés" pour se démarquer des jihadistes. Les Occidentaux sont réticents à armer les insurgés de peur de voir les armes tomber aux mains d'extrémistes.

"Les bailleurs de fonds attendent que l'ASL durcisse sa position envers el-Qaëda", affirme à l'AFP Aron Lund, un spécialiste du Moyen-Orient.
Les rebelles syriens et les groupes d'el-Qaëda engagés contre Bachar el-Assad sont à couteaux tirés après le meurtre d'un important chef insurgé par des jihadistes dans le nord-ouest de la Syrie.Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des témoignages de rebelles, Kamal Hamami --de son nom de guerre Abou Bassir al-Jeblaoui-- a été abattu jeudi par des combattants de...