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À La Une - Espionnage

Affaire Snowden : le Parlement européen s’indigne et menace, gentiment...

Paris et Rome refusent le droit d’asile à l’ex-consultant de la NSA ; Morales juge les excuses européennes « insuffisantes ».

Des manifestants brandissant le portrait de l'informaticien américain Edward Snowden à Berlin. Photo AFP

Le Parlement européen a exigé hier des « éclaircissements immédiats » de Washington sur les allégations d’espionnage des institutions et citoyens européens par les États-Unis, et a confié à l’une de ses commissions le soin d’enquêter sur ces pratiques. Dans une résolution adoptée par 483 voix contre 93, le Parlement « condamne vivement l’espionnage des représentations de l’Union européenne ». Si les informations en ce sens étaient confirmées, cette affaire « serait de nature à affecter les relations transatlantiques », mettent en garde les élus.


Parallèlement au vote de cette résolution, les présidents des sept groupes politiques du Parlement ont décidé à l’unanimité de confier à sa commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures le soin de mener une « enquête approfondie » sur cette affaire, et d’en rendre compte d’ici à la fin de l’année. Les élus de cette commission devront travailler avec les Parlements nationaux et le groupe d’experts UE-USA créé par la Commission européenne, précisent les députés.


Lors du vote de la résolution, la gauche et l’extrême gauche ont en revanche échoué à faire adopter des amendements réclamant, en guise de représailles, « l’ajournement », la « suspension » ou le « gel » des négociations commerciales transatlantiques, qui doivent débuter lundi. L’extrême gauche a également présenté, sans succès, un amendement demandant aux États membres d’accorder l’asile politique au « lanceur d’alerte » américain en fuite, Edward Snowden.


Paris a ainsi rejeté une demande d’asile de ce dernier. « La France a reçu, comme beaucoup d’autres pays, par l’intermédiaire de son ambassade à Moscou, une demande d’asile de M. Edward Snowden. Compte tenu des éléments d’analyse juridique et de la situation de l’intéressé, il n’y sera pas donné suite », a indiqué dans un communiqué laconique le ministère. Les conditions pour accorder le droit d’asile à l’ex-consultant américain Edward Snowden en Italie « ne sont pas réunies », tant sur les plans juridique que politique, a déclaré pour sa part la ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino.


Edward Snowden a déjà essuyé un refus de la part de nombreux pays auxquels il a demandé l’asile politique. Selon le site Internet WikiLeaks, il a déposé des demandes d’asile politique dans 21 pays, dont la Russie, l’Islande, l’Équateur, Cuba, le Venezuela, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Allemagne et la France.

Incident diplomatique
Les États-Unis ont par ailleurs demandé à la Bolivie l’extradition de l’ex-consultant s’il entre dans le pays, a déclaré le ministre des Affaires étrangères bolivien David Choquehuanca. Le ministère des Affaires étrangères bolivien a cependant annoncé qu’il rejetterait cette demande. « Il s’agit d’une demande d’extradition surprenante, illégale, infondée et suggestive qui sera rejetée d’une manière immédiate et catégorique », a indiqué un communiqué du ministère. « Les États-Unis ont pensé que Snowden était dans l’avion du président Evo Morales et les pays européens ont agi en conséquence », a-t-il dit. Le président bolivien Evo Morales a finalement atterri à l’aéroport d’El Alto, près de La Paz, mercredi à 23h39 heure locale, après un voyage tumultueux.


Sur cet incident, M. Morales a estimé « insuffisantes » les excuses présentées par les pays européens qui lui ont refusé leur espace aérien mardi et l’ont forcé à une escale à Vienne alors qu’il revenait de Moscou. La France a ainsi fait part « de ses regrets » suite « au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l’autorisation de survol du territoire par l’avion du président ». Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a notamment téléphoné à son homologue, David Choquehuanca, pour l’assurer que Paris n’avait jamais eu l’intention de refuser le survol du territoire français à l’avion du président bolivien.


« Ce qui s’est passé ces derniers jours n’est pas un hasard, ce n’est pas une erreur, certains des pays qui se sont excusés évoquent un erreur, mais ce n’est pas une erreur », a insisté le président bolivien.


Le gouvernement bolivien a également convoqué les ambassadeurs de France, d’Italie et d’Espagne, ainsi que le consul du Portugal, pour qu’ils s’expliquent, tandis que les partis proches du pouvoir ont fait parvenir au Congrès une demande d’expulsion de ces diplomates.


Enfin, la Russie a condamné l’attitude de la France, de l’Espagne et du Portugal. « La Russie appelle une nouvelle fois tous les membres de la communauté internationale à respecter strictement les principes du droit international dans les relations entre États et à respecter rigoureusement la souveraineté de tout pays, dont le plus haut représentant est le chef de l’État », a déclaré le ministère russe des AE.

Le Parlement européen a exigé hier des « éclaircissements immédiats » de Washington sur les allégations d’espionnage des institutions et citoyens européens par les États-Unis, et a confié à l’une de ses commissions le soin d’enquêter sur ces pratiques. Dans une résolution adoptée par 483 voix contre 93, le Parlement « condamne vivement l’espionnage des...

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