Le ministre démissionnaire de l'Energie et de l'Eau, Gebran Bassil, membre du Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun, a indiqué mardi au quotidien panarabe al-Sharq al-Awsat que le Hezbollah, allié du CPL, a non seulement "poignardé" le Courant dans le dos, mais a également "poignardé la démocratie" par son vote de la loi sur la prorogation du Parlement et sa volonté de faire échouer la procédure d’annulation de la dite loi devant le Conseil constitutionnel.
Pour Gebran Bassil, le parti chiite est en train de paralyser le Conseil constitutionnel. Mardi, pour la troisième fois en une semaine, le Conseil, faute de quorum, n’a pu étudier le rapport de son président, Issam Sleiman, au sujet des deux recours en invalidation de la prorogation, présentés par le président Michel Sleiman et le CPL. Le quorum n'a pu être atteint en raison de l'absence, comme les fois précédentes, de deux juges chiites et d'un juge druze.
Si d’ici samedi le Conseil constitutionnel n’arrive pas à se réunir, avec la présence d’au moins un des deux juges chiites ou du juge druze, la loi de prorogation sera validée. Dans une telle configuration, estime le ministre, toutes les lois votées par les députés (durant la période de prorogation) seraient considérés comme entachés d’ "illégitimité".
Les différences entre le CPL et le Parti de Dieu sur la question de la prorogation "ne sont pas minimes", a souligné M. Bassil. "Il nous est apparu que notre allié fait partie intégrante du schéma politique libanais" que le CPL critique et dit souhaiter réformer. Le ministre accuse le Hezbollah d’avoir notamment agi en ne prenant en compte que des grands choix stratégiques.
"Nous sommes contre la loi électorale de 1960, mais nous avons été forcés de l’accepter (à défaut d’entente sur la loi orthodoxe) afin que le Liban demeure un pays démocratique". "Entre une absence de représentation et une représentation amputée, nous préférons la représentation amputée", a ajouté M. Bassil.
A la question de savoir si l’absence d’appui du Hezbollah au CPL dans son refus de voter la prorogation du mandat des députés a pu nuire à leur entente, M. Bassil indique que le Hezbollah s’est "écarté du chemin démocratique".
Cependant, M. Bassil garantit que l’alliance entre le CPL et le Hezbollah demeure forte afin d’assurer "la stabilité dans le pays".
Le ministre a tenu à souligner que l’entente entre son parti et le Hezbollah repose sur la protection du Liban. M. Bassil note toutefois que les partis libanais ne devraient pas "s’impliquer davantage dans le conflit syrien", alors que le Hezbollah a fortement participé, au côté des troupes de Assad, à la bataille de Qousseir.
Il ne s'agit pas là de la première critique formulée par M. Bassil à l'encontre du Hezbollah. Le 13 juin, le ministre avait indiqué que "le différend entre le CPL de Michel Aoun et le Hezbollah sur la prorogation du mandat du Parlement n'est pas un secret", dans un entretien accordé au quotidien libanais as-Safir. "Les occupations régionales du Hezbollah l'ont poussé à commettre des erreurs sur le plan interne", avait-il souligné, en allusion à l'implication du parti chiite dans les combats en Syrie.
Lire aussi
Aoun : Le Conseil constitutionnel est devant un défi historique
Élu pour quatre ans, le Parlement rempile jusqu’à novembre 2014
commentaires (10)
LUI, LA DÉMOCRATIE........................ !?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 39, le 19 juin 2013