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À La Une - Rencontre

Sylvie Eddé-Shlink, une écriture de chat

Cofondatrice de l’école Athénée et écrivaine au jour le jour, Sylvie Eddé-Shlink sort « Chronique d’une passion » qu’elle signera jeudi 20 juin à l’Aéro-club de Beyrouth, à partir de 18 h. La dame se raconte à travers sa tendresse pour ses félines compagnes de vie. Portrait d’un amour de chat.

Photo Michel Sayegh

Colette, Céline, Baudelaire, Hoffmann ou Mallarmé, l’entente parfaite entre chats et écrivains n’est plus à démontrer. Une tradition que Sylvie Eddé-Shlink prend à rebours, arrivant à l’écriture par les chats plutôt que l’inverse. Dans son précédent ouvrage Des félins... et de mon bonheur publié en 2009, elle racontait sa tendresse pour ses trois félins. Son dernier livre, Chronique d’une passion, tout juste paru, est « un jumeau du deuxième », explique-t-elle. Une gémellité dans leur format, leur sujet et leur réalisation mais une nouvelle « dynastie » à l’affiche : Mouche et Biche. Sylvie Eddé-Shlink signe une déclaration d’amour pour ses deux dernières compagnes de vie.


« Un grand jardin gardé par des minettes et des matous. » Un souvenir d’enfance ou une vision du bonheur, inséparable de la présence des chats. « J’ai hérité de cette passion de mon père », précise celle qui se nomme parfois la « gardienne de la gente féline ». La dame aux chats est de la vielle école. Elle aime apposer quelques mots tendres sur des feuilles trop blanches. « Le geste me rappelle la sage écolière que j’ai été. » Elle aime ces ambiances de salles de classe et de cours de récré qui ont marqué sa vie. Après avoir fait l’École des lettres, elle prend place à 20 ans à peine, de l’autre côté du tableau. Quelques années plus tard, elle monte avec son mari une école : l’Athénée dont elle prend la charge seule en 1993 lorsqu’elle devient veuve. Ce n’est qu’en 2011 qu’elle remet le flambeau à ses neveux Salim et Élias Eddé. Aujourd’hui, elle garde un œil sur la garderie de Carabi, « le vivier de l’Athénée » comme elle aime à le nommer.


Ses trois ouvrages ont tous le format de la chronique. Des mots griffonnés sur des bouts de papier, écrits au jour le jour qu’elle rassemble patiemment. « Je reconstruis le fil de mon histoire. J’ai l’habitude. J’ai tant eu à reconstruire dans ma vie. » Elle fait ce choix littéraire par préférence pour « la technique de la chose vue, décrite et racontée », explique-t-elle avant d’ajouter « pour ne pas avoir recours à la mémoire ». Souci d’authenticité ou besoin de s’épargner les affres des souvenirs ? « Le passé... n’en parlons pas », glisse-t-elle en regardant ailleurs. Elle évoque sans les nommer les « épreuves » qui ont ponctué son existence. « Ma vie est faite de parenthèses », résume-t-elle ainsi.

« Mouche la magnifique, Biche la délicieuse »
Au fil du livre, apparaissent deux êtres avec leur caractère, leurs forces et leurs faiblesses. Deux êtres qui sont des chattes, mais qui jouent et aiment comme des femmes, comme leur maîtresse surtout. À bien des égards, Sylvie Eddé-Shlink semble donner sa langue aux chats. Mouche et Biche apparaissent comme des prétextes pour que se dessine en filigrane une vie faite de haut et de bas. Mouche, l’héroïne du livre, est une battante. Trouvée sur le pas de la porte, elle doit lutter encore et encore. D’abord contre les rudesses des mâles puis contre la maladie. On ne sait plus si on parle de la femme ou de la chatte. « Comme elle, à chaque difficulté, j’ai dû rebondir. Peut-être est-ce pour ça que j’ai mal aux jambes aujourd’hui », ajoute-t-elle d’un rire enfantin.


Aujourd’hui, son intérieur coquet est comme un musée dédié aux minets : rieurs là, fats ici et royaux plus loin. Impossible d’échapper à la présence féline dans le petit appartement. Gracieusetés de verre, de marbre ou d’or, de tous formats et de toutes origines, les figurines et statuettes ont remplacé les boules de poils. Regard espiègle et port altier, l’écrivaine agrémente le récit de sa vie de plaisanteries et de petites douceurs. « J’ai surmonté les moments tristes avec des biscuits, un verre de whisky et un peu de chocolat », confie-t-elle en s’emparant d’un carré. La dame a une jolie tendresse pour la simplicité, un respect pour le moment présent. « Mes deux passions, les enfants et les chats, ont cette même spontanéité sans fard. J’aime leur incapacité à tricher. » Malgré son âge avancé, sa méfiance envers les hommes et leur sérieux persiste. Si elle a commencé à écrire durant la guerre, les bombardements en tête, aujourd’hui elle préfère offrir à ses lecteurs « des confidences, un badinage, une aimable causerie donnée sur un ton enjoué ».

Colette, Céline, Baudelaire, Hoffmann ou Mallarmé, l’entente parfaite entre chats et écrivains n’est plus à démontrer. Une tradition que Sylvie Eddé-Shlink prend à rebours, arrivant à l’écriture par les chats plutôt que l’inverse. Dans son précédent ouvrage Des félins... et de mon bonheur publié en 2009, elle racontait sa tendresse pour ses trois félins. Son dernier livre,...

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