L’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale a ouvert la voie à la création d’un État kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920. Mais après la victoire de Mustafa Kemal Atatürk, en Turquie, les Alliés sont revenus sur leur décision. Plus tard, les Occidentaux sont restés relativement silencieux vis-à-vis du drame kurde. On pourrait donc se demander s’ils peuvent jouer un rôle positif dans la solution du conflit avec la Turquie.
Didier Billion rappelle, pour l’histoire, que lors du traité de Sèvres, les Occidentaux avaient invité des délégations kurdes à venir défendre leur point de vue, pour que dans ce traité soit inséré un chapitre concernant le Kurdistan. Mais les Kurdes ne sont pas venus, parce qu’à l’époque « ils étaient complètement désorganisés, ils n’avaient pas de partis politiques. Dans ce traité de Sèvres, on a laissé quelques paragraphes blancs pour que plus tard ils soient remplis par les Kurdes. Après il y a eu la guerre de libération nationale menée par Mustapha Kemal, Atatürk, qui a rendu le traité de Sèvre caduc ». Pour le spécialiste, le drame kurde n’est pas à imputer aux Occidentaux.
Même son de cloche pour Olivier Grojean, pour qui les Occidentaux ont été très présents dans le conflit kurde dans les années 1980 et 1990. « De manière positive souvent, il faut ainsi voir la teneur des résolutions du Conseil de l’Europe au début des années 1980 et durant les années 1990, qui ont permis de véritablement placer la question kurde dans un cadre juridique ; la teneur des actions du Parlement européen dans les années 1990 ; ou encore la teneur des débats au sein du Bundestag allemand dans la première moitié des années 1990. Mais de manière plus sécuritaire également, telle que l’interdiction du PKK en France et en Allemagne en 1993, collaboration policière et/ou militaire avec les services de sécurité turcs... »
M. Grojean indique en outre qu’au début des années 2000, « on se disait que le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne pourrait faire bouger les lignes. Mais les critères de Copenhague ne comprennent aucune mention de la question kurde et les Occidentaux se sont effectivement politiquement désengagés depuis l’arrestation d’Abdullah Öcalan. Aujourd’hui, leur silence est assourdissant. Mais l’on peut se dire que le silence des autorités françaises sur la question de l’assassinat des trois militantes du PKK en janvier 2013 à Paris, sans doute lié de près ou de plus loin aux services spéciaux turcs, vise précisément à ne pas envenimer les dynamiques en cours. Et le PKK en est bien conscient, qui ne réclame plus la lumière sur ces événements de manière aussi forte qu’il y a deux mois. Ce qui ne veut pas dire que des contacts secrets n’ont pas été établis entre toutes les parties, pour le bien du processus de paix. Reste à savoir quelle sera la position des Occidentaux si la Turquie ne propose que des réformes symboliques, inadmissibles pour le mouvement kurde ».
Didier Billion estime par ailleurs que l’Union européenne, « comme à son habitude, fait des commentaires et compte les points parce qu’elle est incapable de prendre quelque initiative que ce soit dans la région ». M. Billion précise en outre que les États-Unis soutiennent le processus assez activement, « premièrement de par leur proximité avec le pouvoir turc, deuxièmement parce que le courant néoconservateur, qui est beaucoup moins influent qu’à l’époque de George W. Bush, mais qui existe encore, est favorable à une recomposition des frontières au Moyen-Orient. Cela concerne les Kurdes, la Syrie, l’Irak et le Liban ». Dans ce contexte, il y a ce danger de voir le cadre des États nations tels qu’ils existent aujourd’hui éclaté au profit de la délimitation de nouvelles frontières au sein desquelles il y aurait une entité kurde étatique. « On n’en est pas là, ce n’est pas pour demain. Mais il y a un danger de voir la conjonction entre des mouvements de type kurde, style PKK, ou des mouvements qui se constituent sur des bases ethniques ou confessionnelles (là, le Liban est directement concerné), avec une partie des néoconservateurs qui voudraient recomposer les frontières », souligne M. Billion, ajoutant « qu’Abdullah Öcalan lui-même, lors de son discours du 21 mars, a évoqué les frontières artificielles entre les États du Moyen-Orient ».
Jean Marcou estime pour sa part qu’il est souhaitable « que les Occidentaux apportent plus d’attention au processus qui s’est ouvert et que, le cas échéant, ils lui apportent leur soutien politique, voire financier. Toutefois, il ne faudrait pas non plus qu’ils tentent de jouer les premiers rôles. Seuls les Turcs et les Kurdes pourront concrètement mettre un terme ce conflit ».
Didier Billion rappelle, pour l’histoire, que lors du traité de Sèvres, les Occidentaux avaient invité des délégations kurdes à venir défendre leur point de vue, pour que dans ce traité soit inséré un chapitre concernant le Kurdistan. Mais les Kurdes ne sont pas venus, parce qu’à l’époque « ils étaient complètement désorganisés, ils n’avaient pas de partis politiques. Dans ce traité de Sèvres, on a laissé quelques paragraphes blancs pour que plus tard ils soient remplis par les Kurdes. Après il y a eu la guerre de libération nationale menée par Mustapha Kemal, Atatürk, qui a rendu le traité de Sèvre caduc ». Pour le spécialiste, le drame kurde n’est pas à imputer aux Occidentaux.
Même son de cloche pour Olivier Grojean, pour qui les Occidentaux ont été très présents dans le conflit kurde dans les années 1980 et 1990. « De manière positive souvent, il faut ainsi voir la teneur des résolutions du Conseil de l’Europe au début des années 1980 et durant les années 1990, qui ont permis de véritablement placer la question kurde dans un cadre juridique ; la teneur des actions du Parlement européen dans les années 1990 ; ou encore la teneur des débats au sein du Bundestag allemand dans la première moitié des années 1990. Mais de manière plus sécuritaire également, telle que l’interdiction du PKK en France et en Allemagne en 1993, collaboration policière et/ou militaire avec les services de sécurité turcs... »
M. Grojean indique en outre qu’au début des années 2000, « on se disait que le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne pourrait faire bouger les lignes. Mais les critères de Copenhague ne comprennent aucune mention de la question kurde et les Occidentaux se sont effectivement politiquement désengagés depuis l’arrestation d’Abdullah Öcalan. Aujourd’hui, leur silence est assourdissant. Mais l’on peut se dire que le silence des autorités françaises sur la question de l’assassinat des trois militantes du PKK en janvier 2013 à Paris, sans doute lié de près ou de plus loin aux services spéciaux turcs, vise précisément à ne pas envenimer les dynamiques en cours. Et le PKK en est bien conscient, qui ne réclame plus la lumière sur ces événements de manière aussi forte qu’il y a deux mois. Ce qui ne veut pas dire que des contacts secrets n’ont pas été établis entre toutes les parties, pour le bien du processus de paix. Reste à savoir quelle sera la position des Occidentaux si la Turquie ne propose que des réformes symboliques, inadmissibles pour le mouvement kurde ».
Didier Billion estime par ailleurs que l’Union européenne, « comme à son habitude, fait des commentaires et compte les points parce qu’elle est incapable de prendre quelque initiative que ce soit dans la région ». M. Billion précise en outre que les États-Unis soutiennent le processus assez activement, « premièrement de par leur proximité avec le pouvoir turc, deuxièmement parce que le courant néoconservateur, qui est beaucoup moins influent qu’à l’époque de George W. Bush, mais qui existe encore, est favorable à une recomposition des frontières au Moyen-Orient. Cela concerne les Kurdes, la Syrie, l’Irak et le Liban ». Dans ce contexte, il y a ce danger de voir le cadre des États nations tels qu’ils existent aujourd’hui éclaté au profit de la délimitation de nouvelles frontières au sein desquelles il y aurait une entité kurde étatique. « On n’en est pas là, ce n’est pas pour demain. Mais il y a un danger de voir la conjonction entre des mouvements de type kurde, style PKK, ou des mouvements qui se constituent sur des bases ethniques ou confessionnelles (là, le Liban est directement concerné), avec une partie des néoconservateurs qui voudraient recomposer les frontières », souligne M. Billion, ajoutant « qu’Abdullah Öcalan lui-même, lors de son discours du 21 mars, a évoqué les frontières artificielles entre les États du Moyen-Orient ».
Jean Marcou estime pour sa part qu’il est souhaitable « que les Occidentaux apportent plus d’attention au processus qui s’est ouvert et que, le cas échéant, ils lui apportent leur soutien politique, voire financier. Toutefois, il ne faudrait pas non plus qu’ils tentent de jouer les premiers rôles. Seuls les Turcs et les Kurdes pourront concrètement mettre un terme ce conflit ».
L’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale a ouvert la voie à la création d’un État kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920. Mais après la victoire de Mustafa Kemal Atatürk, en Turquie, les Alliés sont revenus sur leur décision. Plus tard, les Occidentaux sont restés relativement silencieux vis-à-vis du drame kurde. On pourrait donc se...
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