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Pour les Libanais, l'arrivée des Syriens fait du tort à leur économie

"Le Liban est occupé par des étrangers. Ils nous ruinent". Abou Farouk, propriétaire d'un kiosque à boissons à Beyrouth, n'en finit pas de pester contre le demi-million de Syriens ayant fui les violences dans leur pays.

La présence de 470.000 réfugiés, selon de l'ONU, chiffre qui pourrait en réalité atteindre selon des experts 700.000, dans un pays de 4 millions d'habitants, exaspère une partie des Libanais pour qui cette présence fait du tort à leur économie et représentent une concurrence déloyale.

"Notre pays ne peut pas tous les accueillir", tempête Abou Farouk.

Ali, chauffeur de taxi, fulmine aussi contre cet afflux qui, selon lui, remet en cause son niveau de vie. "Ils nous prennent nos clients. Certains conduisent sans permis de conduire. Personne ne les arrête, personne ne dit rien".

Les spécialistes estiment que le conflit dans la Syrie voisine, avec son lot de réfugiés, a un impact négatif sur l'économie libanaise.

Nassib Ghobril, chef économiste à la Byblos Bank avance des chiffres alarmants: baisse de 17,5% des touristes en 2012 et 23,7% en 2011, recul des exportations industrielles, chute de l'investissement direct étranger (IDE), et décrue dans les intentions de consommation et d'investissement.

"Le désir de consommer a plongé de 37% en 2012 après une chute de 29% en 2011 et l'IDE au Liban a reculé de 68% en 2012. Ce sont les niveaux les plus bas depuis 2007", précise-t-il à l'AFP.

Parmi les réfugiés figurent cependant des Syriens aisés. Ils remplissent les cafés de Beyrouth, notamment sur la jetée très à la mode de Zeytouna Bay, et paient souvent des appartements meublés à des prix exorbitants.

Certains encore ont acheté des voitures ou inscrit leurs enfants dans des écoles privées.

Mais pour les économistes, leur consommation est loin de couvrir les pertes de l'économie. "L'impact net est négatif", assure M. Ghobril.

Le gouvernement libanais ressent aussi la pression car il subventionne les produits de base comme le pain et la farine et des services comme l'électricité et les hôpitaux publics.

Mendicité

Une situation qui ne risque pas de s'améliorer puisque le nombre de réfugiés s'accroît de manière alarmante: il a doublé depuis janvier, passant de 200.000 à 474,461 à la mi-mai, selon les chiffres de l'ONU.

Pour s'en sortir, certains réfugiés se sont lancés dans les affaires, comme un ancien habitant de Damas qui a fondé un supermarché avec un partenaire libanais sur la rue Quds, dans la ville méridionale de Saïda, où d'autres Syriens ont également ouvert des boutiques.

"Les profits ici me permettent juste de quoi vivre mais si dans l'avenir une solution se dégage en Syrie je rentre avec ma famille chez moi", dit l'homme, qui refuse de s'identifier.

Il certifie avoir de bons rapports avec les habitants du quartier et son voisin de 32 ans, Fady Qambaz, marchand de légumes, assure ne pas avoir de problèmes avec les nouveaux arrivants.

"Nous leur souhaitons la bienvenue et j'espère que Dieu les aidera. Ils n'ont rien fait de mal et nous devons les aider", dit-il.

D'autres Syriens moins chanceux voient leur économie fondre d'autant que la livre syrienne s'effondre face au dollar et que la vie est beaucoup plus chère au Liban que dans leur pays.

D'autres sont contraints de vendre leurs bijoux. "Leur enfant avait besoin d'une consultation médicale et une fois payé leur loyer, ils n'ont plus d'argent" explique Bilal Abou Harb, un bijoutier de la rue commerçante de Hamra à Beyrouth.

"C'est vraiment triste de voir un couple arriver, les larmes aux yeux, pour vendre leurs bijoux. C'est vraiment terrible pour eux", dit-il.

Pour ceux qui n'ont plus d'argent, ou qui n'en ont jamais eu, il ne leur reste qu'à déambuler dans les rues pour vendre du café ou cirer les chaussures, et pour ceux qui sont dans le dénuement total ... la mendicité.
"Le Liban est occupé par des étrangers. Ils nous ruinent". Abou Farouk, propriétaire d'un kiosque à boissons à Beyrouth, n'en finit pas de pester contre le demi-million de Syriens ayant fui les violences dans leur pays.La présence de 470.000 réfugiés, selon de l'ONU, chiffre qui pourrait en réalité atteindre selon des experts 700.000, dans un pays de 4 millions d'habitants, exaspère...