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Moyen Orient et Monde - Révolte

Y aura-t-il une conférence à Genève sur la Syrie ?

Ban et Lavrov veulent aller au plus vite ; Paris déterminé à exclure Téhéran ; pour Erdogan, c’est à l’ONU de trancher à propos de la zone d’exclusion.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souhaité hier que la conférence internationale sur le conflit syrien proposée la semaine dernière par la Russie et les États-Unis ait lieu aussi vite que possible. Maxim Shipenkov/Pool/AFP

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souhaité hier que la conférence internationale sur le conflit syrien proposée la semaine dernière par la Russie et les États-Unis ait lieu aussi vite que possible.
« Il ne faut pas perdre la dynamique » créée par la perspective de cette rencontre, à laquelle doivent être conviés des représentants du régime de Bachar el-Assad et de l’opposition, a-t-il souligné à l’issue d’un entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Le plus tôt sera le mieux », a estimé ce dernier, répétant que l’Iran devait être représenté, ce qui pourrait ne pas être du goût des États-Unis.


Si l’idée aboutit, la conférence devrait se tenir en juin à Genève, mais nombre d’obstacles doivent encore être surmontés, notamment en ce qui concerne la participation de l’Iran. « Chez certains de nos collègues occidentaux, il y a un désir de réduire le cercle des participants externes et de lancer le processus à partir d’un très petit groupe de pays dans un cadre qui, essentiellement, fixerait à l’avance les équipes de négociateurs, l’ordre du jour et même peut-être l’issue des discussions », a indiqué Sergueï Lavrov dans une interview diffusée sur le site Internet de son ministère. À Washington, on assure ne vouloir exclure personne. « Nous ne disons ni oui ni non », a assuré Jen Psaki, porte-parole du département d’État. « Nous sommes au courant des remarques russes. Une fois de plus, ce n’est pas une surprise, ils l’ont déjà souligné publiquement par le passé et nous allons faire le nécessaire pour que toutes les parties participent. La question de la participation de l’Iran en fait certainement partie, mais il y a un certain nombre d’autres facteurs et, en fin de compte, l’objectif est de créer un climat à même de favoriser une transition politique. »

 

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À Paris, on affirme néanmoins que la présence d’une délégation iranienne est exclue. « En ce qui nous concerne, en tous les cas, par l’Iran », a déclaré à Paris le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot. « La crise syrienne, par contagion, touche toute la zone. Il y a un enjeu de stabilité régionale ; on voit mal qu’un pays qui représente une menace pour cette stabilité participe à cette conférence », a-t-il ajouté.
Du côté de l’opposition, la Coalition nationale syrienne, elle-même en proie à de profondes divergences, doit se réunir jeudi prochain à Istanbul pour décider de sa participation à la conférence. Elle faisait jusqu’ici du départ de Bachar el-Assad un préalable à l’ouverture du dialogue avec les autorités syriennes, mais les États-Unis semblent désormais décidés à laisser son sort aux soins des négociateurs.

La vidéo...
La rébellion syrienne traverse elle aussi une phase difficile, fragmentée politiquement et éclipsée militairement par les jihadistes. Le dernier épisode de cette série de coups durs pour l’opposition a été la diffusion d’une vidéo montrant un rebelle éviscérant un soldat et faisant mine de vouloir avaler ses organes. Le rebelle en question s’est dit prêt hier à être traduit en justice à condition que Bachar el-Assad le soit aussi. De nouvelles images diffusées hier le montrent priant dans un champ et répondant aux questions que lui pose le caméraman. Interrogé par le caméraman sur les raisons de son geste, Abou Sakkar explique que le téléphone du militaire dont il a découpé le cœur et le foie contenait des vidéos le montrant violant des femmes, brûlant des corps ou mutilant des prisonniers.
Pour le chercheur suédois Aron Lund, ces vidéos « affaiblissent le discours de l’opposition qui affirme mener une révolution contre la dictature », après plus de deux ans d’un conflit qui a fait plus de 94 000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « L’opposition se retrouve dans une position compliquée car les exactions commises par des rebelles se retrouvent désormais au centre de toutes les attentions, ce qui réduit ses chances d’obtenir le soutien des pays occidentaux et permet au régime de marquer des points », explique-t-il.

 

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Garanties ?
Autre inquiétude, le caractère de plus en plus confessionnel du conflit que semble illustrer le massacre du 3 mai au cours duquel 145 personnes ont péri dans un quartier sunnite de Banias. Pour Ziad Majed, professeur de sciences politiques à l’Université américaine de Paris, l’opposition subit des pressions « pour qu’elle accepte une solution politique avec certaines parties au sein du régime et pour qu’elle marginalise le courant islamiste en son sein ». Salman Shaikh, directeur de l’institut Brookings de Doha, note de son côté que la Coalition de l’opposition « se restructure en permanence : elle doit notamment se choisir un nouveau président et constituer son gouvernement, résoudre son problème de représentativité, etc... Tout cela, à un moment important et difficile où se prépare la conférence » internationale prévue par Moscou et Washington pour juin.
Mais l’opposition risque de se rendre à cette conférence « sans véritables garanties » sur un départ de M. Assad, note M. Shaikh, alors que la Coalition a annoncé qu’elle en discuterait le 23 mai.

Missiles sol-mer
Parallèlement, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré qu’il incomberait au Conseil de sécurité de décider de l’éventuelle création d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, saluant la volonté de Moscou et de Pékin de s’impliquer dans la tenue d’une conférence sur le conflit syrien. S’exprimant à Washington devant la Brookings Institution au lendemain d’un entretien avec Barack Obama centré sur la Syrie, le chef du gouvernement turc a déclaré que le principe d’une zone d’exclusion aérienne pourrait être discuté lors de la future conférence internationale. « Ce n’est pas une décision qui peut être prise entre les États-Unis et la Turquie. Cela devra être débattu au Conseil de sécurité des Nations unies », a martelé M. Erdogan, expliquant que « nous sommes en train de mettre sur pied une conférence à Genève. Si ce forum rend une décision sur une telle zone (d’exclusion aérienne), nous, les Turcs, nous ferons tout ce qui sera nécessaire ».
Par ailleurs, la Russie a livré récemment à la Syrie des missiles de pointe sol-mer de type Yakhont, ont déclaré hier des responsables américains. Le général Martin Dempsey, président de l’état-major interarmes américain, a estimé que cette fourniture d’armements de pointe risquait d’encourager l’armée régulière syrienne et de prolonger le conflit. Voici une semaine, le secrétaire d’État américain John Kerry avait laissé entendre qu’il avait évoqué la question des livraisons d’armes lors des entretiens qu’il avait eus à Moscou. Les missiles Yakhont livrés par Moscou ont une portée d’environ 300 kilomètres. « Ils sont difficiles à détecter et encore plus difficile à abattre, aussi est-ce un instrument de taille pour tenir les bâtiments de guerre à distance des rivages syriens », a expliqué Nick Brown, rédacteur en chef de la revue IHS Jane’s, qui fait autorité en matière de défense.
Tzipi Livni, ministre israélienne de la Justice et membre du cabinet de sécurité, a dénoncé de son côté le transfert d’armes russes qui « n’est évidemment pas un élément positif et ne contribue pas à la stabilité de la région, bien au contraire ».
Vu que le conflit ne baisse pas en intensité, plus d’1,5 million de Syriens ont trouvé refuge dans la région, a indiqué hier l’ONU, déplorant le fort afflux enregistré depuis janvier avec près d’un quart de million de nouvelles arrivées par mois.
(Sources : agences)

 

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