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Économie - Matières premières

L’Égypte, premier importateur de blé, inquiète ses fournisseurs

Premier importateur de blé au monde, l’Égypte se trouve sans le sou pour régler les approvisionnements nécessaires à sa population et multiplie les démarches auprès des fournisseurs potentiels dans un contexte de concurrence accrue.

Le blé égyptien cultivé sur moins de 5 % du territoire est loin de couvrir les besoins de la population.

En dépit des efforts pour défendre la production locale, le blé égyptien cultivé sur moins de 5 % du territoire est loin de couvrir les besoins, essentiels à la stabilité sociale. Or, avec 18 millions de tonnes consommées en 2012, l’Égypte est le premier importateur de blé au monde.
« Le gouvernement dit qu’il veut compter sur l’approvisionnement local et annonce une récolte de 10 millions de tonnes (Mt). Mais personne ne sait sur quel chiffre s’appuyer : 8 millions de tonnes ?
9, 10 ? » relevait mercredi dernier Rémi Haquin, président de la filière Céréales chez FranceAgriMer, organisme public dépendant du ministère de l’Agriculture.
Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) avance 8,7 Mt pour les importations et 9 Mt pour la récolte locale.
Fin 2012, le GASC (General Authority for Supply Commodities), l’organisme public égyptien qui gère les céréales, a réduit ses achats en fin d’année, faute de moyens, stabilisant les importations autour de 8 Mt.
L’économie égyptienne est en grande difficulté depuis la révolte de 2011 qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak et privé en même temps le pays des devises du tourisme. Elle a sollicité un prêt de 5 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), mais les discussions tardent. Et l’agence de notation Standard and Poor’s vient d’abaisser la note souveraine du pays d’un cran (de « B- » à « CCC+ » ).
« Celui qui pourra apporter une aide financière remportera le marché, prédit M. Haquin. Tant que le FMI n’a pas octroyé le prêt, si ce sont les Russes qui avancent l’argent, ils (les Égyptiens) achèteront russe. »
Le Conseil de la filière Céréales qu’il dirige a d’ailleurs attiré l’attention des pouvoirs publics français sur le sujet, indique-t-il. Pas pour prêter de l’argent mais peut-être pour trouver une autre forme de soutien.
« Les Russes et les Américains ont des moyens que nous n’avons pas », glisse-t-il en remarquant que la Russie s’est déclarée prête à participer à la construction de 8 silos en Égypte – pour y stocker le blé russe.
Le pays le plus peuplé du monde arabe est un marché à dimension très variable pour la France (le premier exportateur de blé en Europe) ; l’an dernier, Paris lui a fourni 2 Mt. « Sur ce marché on est très dépendant des concurrents que sont les États-Unis et la mer Noire », explique Michel Ferret, chef du service Marchés de FranceAgriMer. Deux régions sévèrement handicapées par la sécheresse l’an passé.
Selon Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine et pilote du Rapport Cyclope sur les matières premières présenté mardi dernier, « l’Égypte est actuellement en négociations avec l’Inde et la Russie, avec des propositions de paiement à 360 jours ». « Elle pourrait aussi chercher à faire un appel d’offres en monnaie locale, estime-t-il. Fin 2012, le gouvernement a essayé de revoir ses subventions qui coûtent cher, mais le blé est un facteur de stabilité sociale dans le pays. Il ne saurait s’en passer. » Car chacun des quelque 85 millions d’Égyptiens (estimés en janvier 2012) consommant environ 145 kilos de pain par an (60 à peine pour un Français), les autorités du Caire ne peuvent prendre le risque d’une pénurie qui avait déjà provoqué de graves émeutes en 2008. « Et n’oubliez pas qu’on compte un million d’Égyptiens supplémentaire tous les neuf mois ! » souligne M. Chalmin.
Dans le meilleur des cas, estime-t-il, l’Égypte pourrait d’abord utiliser la récolte locale pour retarder les achats jusqu’à l’automne. « Mais ceux-ci seraient alors considérables. Et ce n’est pas prudent. »
L’an dernier, selon lui, Le Caire a acquitté une facture de blé de 2,5 milliards de dollars.
(Source : AFP)
En dépit des efforts pour défendre la production locale, le blé égyptien cultivé sur moins de 5 % du territoire est loin de couvrir les besoins, essentiels à la stabilité sociale. Or, avec 18 millions de tonnes consommées en 2012, l’Égypte est le premier importateur de blé au monde.« Le gouvernement dit qu’il veut compter sur l’approvisionnement local et annonce une récolte de...

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