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À La Une - Installations

L’œuvre d’« Archivage pour temps incertains » de Lamia Joreige

Le temps. Ses effets sur le paysage, les êtres, la vie... Ses strates et ses traces de guerre ou encore ses instants volés par le... sommeil, ce « clone » de la mort, sont autant de sujets qui sous-tendent le travail artistique de Lamia Joreige.

« Beyrouth. Autopsie d’une cité », une installation multimédias offrant une experience intello-sensorielle...

À travers deux grandes installations, complétées par diverses séries de photos, vidéos, dessins et sculptures... l’artiste, plasticienne et vidéaste Lamia Joreige présente, chez Art Factum, son travail d’«Archivage pour des temps incertains».
Tenter de capturer un présent à la réalité éphémère. Saisir, dans le flux ininterrompu des minutes, des moments singuliers. Explorer, à partir de la période actuelle, les empreintes du passé, mais aussi celles d’un futur à venir. Archiver des instants de vie, comme autant de preuves des effets du temps... Voilà quelques années déjà que Lamia Joreige poursuit un travail axé sur les notions de temporalité, de traces, d’enchevêtrement entre histoires individuelles et histoire collective. Un travail de plasticienne et de vidéaste qui puise sa matière et ses thématiques dans son lien intrinsèque avec Beyrouth. Une ville au centre de son imagerie et dont elle fait, d’ailleurs, une subtile et sensible «Autopsie», dans une grande installation occupant les cimaises de l’espace en sous-sol de la galerie Art Factum*.
Mêlant, sur deux larges pans de mur, images fixes et mouvantes, photos d’archives et informations historiques, narrations textuelles et audiovisuelles, Lamia Joreige déconstruit et questionne, dans cette œuvre qu’elle a intitulée «Beyrouth. Autopsie d’une cité», les mythes fondateurs et les événements factuels (conquêtes, guerres, désastres et catastrophes naturelles) qui ont façonné, au fil du temps, l’identité de la capitale libanaise et sa configuration sociopolitique. À sa quête historico-identitaire se superpose, dans l’une des vidéos qui composent cette installation, une démarche d’autofilmage... Qui met l’accent, s’il en faut, sur la rencontre entre son histoire personnelle et celle du Liban.

Une nuit de sommeil
Le temps. Ses effets sur le paysage, les êtres, la vie... Ses strates et ses traces de guerre ou encore ses instants volés par le... sommeil, ce «clone» de la mort, sont autant de sujets qui sous-tendent le travail artistique de Lamia Joreige. Un ensemble d’œuvres regroupant des séries de photos, de dessins, de gravures, des vidéos, des sculptures ainsi qu’une publication, et dont la galerie beyrouthine montre une éclectique sélection jusqu’au 30 mai.
Ainsi, outre l’installation précitée, une seconde grande installation («Under-Writing Beirut») s’attaque également à la réécriture de l’histoire des événements de Beyrouth. Joreige y procède à des prises de vues de la ville, en caméra Pinhole, à partir d’une position stratégique – à plusieurs angles – qu’avait occupée un franc-tireur embusqué au musée national.
À partir de ce lieu doublement emblématique, à la fois dépositaire de la mémoire du pays du Cèdre et de celle propre à l’artiste qui a vécu son enfance durant la guerre dans ces parages, elle réalise alors des clichés en noir et blanc montrant des vues fragmentées de Beyrouth, comme nimbées d’un halo sombre...
Une série de photos,
petit format, aux confins de la réalité et du fantasme, qu’elle accompagne d’un panneau listant toutes les possessions du musée ainsi que d’un livre aux pages blanches, précieusement placé sous vitrine et dédié, comme l’indique son intitulé, aux «Objets disparus du musée national»!
Mais aussi d’une sculpture reproduisant «le négatif» du trou creusé par le fameux franc-tireur dans l’une des mosaïques murales du musée et d’images de cet édifice (en Silk Screen) superposant les temps actuels au temps de guerre... Des mixed media à l’affiche de la Biennale de Charjah 2013.
Parmi les nombreuses autres pièces rassemblées dans cette exposition: des dessins en techniques mixtes (fusains, sanguines et cire repassée) et des sculptures organiques en céramiques (Black Heart et Vers à soie) traitant du thème du «cœur, cocon de l’âme» – une thématique inspirée des croyances et rites funéraires de l’Égypte pharaonique –; une vidéo en autofilmage qui égrène les infimes cillements, respirations et mouvements corporels d’une Nuit de sommeil de l’artiste elle-même ainsi qu’une série de photogrammes, grandeur nature, qui impriment la présence physique de Lamia Joreige dans son œuvre! Laquelle, dans son ensemble, offre au spectateur une expérience à la fois sensorielle et intellectuelle du temps et de la réalité. Captivante.
Signalons que Lamia Joreige – qui est, par ailleurs, cofondatrice et codirectrice du Beirut Art Center – a, à son actif, de nombreuses expositions, entre autres: au Tate Modern (collection permanente), Londres, au Mathaf Doha, 2010 (Told, Untold, Retold), à la Harvard University, Carpenter Center for the Visual Arts, en 2010, à la « Parsons the New School» de New York, au Centre d’art Reina Sofia, à Madrid en 2010, à la Biennale de Charjah en 2009, à la 52e Biennale de Venise (in Foreword, le pavillon du Liban) en 2007...

* La Quarantaine (près de Sleep Comfort). Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 12h à 19h ; samedi, de 14h à 17h. Tél. 01/443263
À travers deux grandes installations, complétées par diverses séries de photos, vidéos, dessins et sculptures... l’artiste, plasticienne et vidéaste Lamia Joreige présente, chez Art Factum, son travail d’«Archivage pour des temps incertains». Tenter de capturer un présent à la réalité éphémère. Saisir, dans le flux ininterrompu des minutes, des moments singuliers....

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