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Moyen Orient et Monde

Reyhanli tourne sa colère contre les réfugiés syriens

Après l’effroi et la douleur, la colère. Au lendemain du double attentat à la voiture piégée qui a soufflé leur centre-ville, les habitants de Reyhanli laissaient éclater hier leur ressentiment contre les réfugiés syriens, désormais placés sous protection de la police turque.
« Ils doivent partir, c’est tout. » Sous la pluie battante qui a noyé les cratères provoqués par l’explosion tout autour de la mairie et de la poste centrale, Ahmet Keskin désigne sans hésiter les coupables. « Rien de tout cela ne serait arrivé s’ils n’avaient pas été là, lâche ce charpentier de 36 ans, nous leur avons accordé l’asile, ce n’est pas juste. » Comme Ahmet, de nombreux habitants de Reyhanli éprouvent le même sentiment de trahison envers les quelque 25 000 Syriens qui, depuis deux ans, ont rejoint leur ville, proche de la frontière turque, pour échapper aux combats meurtriers. À l’inverse de ce qui se passe dans d’autres villes turques frontalières ou dans les camps de réfugiés construits par le gouvernement turc, les Syriens de Reyhanli bénéficiaient jusque-là d’une relative liberté de mouvement. La plupart louaient leur logement, certains y ont même ouvert un commerce.
« Nous ne savons plus qui passe cette foutue frontière, ni comment », s’emporte Ahmet Atlar, un commerçant de 50 ans qui prenait son déjeuner avec sa famille lorsque la seconde explosion a fait voler ses fenêtres en éclats. « De toute ma vie je ne me souviens pas d’avoir vu quelque chose comme ça : on n’arrive même pas à reconnaître les corps », poursuit M. Atlar en évoquant les victimes défigurées du double attentat, « à chaque fois qu’il y a un crime, qu’il s’agisse de coups de feu, de drogue ou de vols, on pense forcément aux Syriens ». « Les gens ne sont pas à l’aise, ils bouillonnent de colère », confirme Hikmet Haydut, un cafetier de 46 ans légèrement blessé samedi. « Nous ne pensons pas que les réfugiés sont directement impliqués (dans l’attentat), mais il faut reconnaître que la vie est de plus en plus difficile pour nous tous. »
Des incidents ont éclaté samedi entre des groupes de jeunes en colère déterminés à s’en prendre aux Syriens, contraignant la police à tirer en l’air pour les disperser avant qu’ils ne passent à l’acte. Les voitures du centre-ville portant des plaques d’immatriculation syriennes n’ont pas échappé à cette vindicte. Pare-brise et vitres brisées, carrosseries endommagées, toutes ou presque en portent les stigmates. Par mesure de précaution, la police turque contrôle désormais étroitement les accès aux rues connues pour abriter de nombreux ressortissants syriens, dont l’accès est barré par des bandes de plastique jaune. Signe de cette tension, la plupart des réfugiés eux-mêmes restent cloîtrés chez eux de crainte d’être pris à partie.
Dans les rues de Reyhanli, la tension reste vive. Nombre d’habitants connaissent un voisin, un ami ou un membre de leur famille victime de l’attentat et pensent que l’afflux de réfugiés syriens dans leur ville a définitivement changé leur vie.
(Source : AFP)
Après l’effroi et la douleur, la colère. Au lendemain du double attentat à la voiture piégée qui a soufflé leur centre-ville, les habitants de Reyhanli laissaient éclater hier leur ressentiment contre les réfugiés syriens, désormais placés sous protection de la police turque.« Ils doivent partir, c’est tout. » Sous la pluie battante qui a noyé les cratères...

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