Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Italie

Le gouvernement Letta écrira-t-il l’histoire ?

Des personnalités originales de la société civile pour l’exécutif ; l’intronisation du cabinet ternie par une fusillade.

Le traditionnel échange de la clochette du Conseil des ministres, entre Mario Monti (à gauche) et Enrico Letta.  Giampiero Sposito/Reuters

Le gouvernement du chrétien démocrate Enrico Letta a prêté serment hier au palais du Quirinal à Rome, au cours d’une cérémonie solennelle. M. Letta, issu du Parti démocrate (PD), première force de centre gauche, a été le premier à jurer fidélité à la Constitution, suivi de ses 21 ministres, dans l’atmosphère un peu compassée du siège de la présidence.
Vers 09h40 GMT, au beau milieu de la prestation de serment mais à l’insu des participants, un homme a tiré une série de coups de feu sur des carabiniers en faction devant le palais Chigi, siège du gouvernement. L’un des carabiniers a été touché grièvement à la colonne vertébrale, l’autre aux deux jambes, tandis qu’une passante enceinte était frôlée par un projectile. L’auteur des tirs, rapidement plaqué au sol par la police, souffre de légères contusions. « Les gens ont commencé à paniquer. C’était comme s’il y avait eu une explosion. Des gens couraient partout, une dame est tombée de son vélo », a raconté Valerio Orzi, un technicien de télévision, témoin de la scène qui s’est produite à deux pas de l’artère très touristique du Corso, en plein centre de Rome.

Acte isolé
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano, chef du parti de Silvio Berlusconi, a parlé d’un « acte isolé », déclarant que l’auteur, Luigi Preiti, un chômeur calabrais de 49 ans, « a manifesté l’intention de se suicider mais n’y est pas parvenu car il avait vidé son chargeur ». Le procureur de Rome, Pierfilippo Laviani, a évoqué un « homme plein de problèmes qui a perdu son travail, a tout perdu, et a dû retourner vivre » chez ses parents en Calabre. Selon le magistrat, Luigi Preiti voulait initialement « tirer sur des hommes politiques, mais comme il a vu qu’il ne pouvait pas, il a tiré sur les carabiniers ». Par précaution, le ministre Alfano a renforcé la surveillance « des objectifs à risque », notamment Montecitorio, le siège de la Chambre des députés, où le nouveau Premier ministre Enrico Letta se présentera lundi après-midi pour son premier discours de politique générale. Le nouveau ministre des Infrastructures Maurizio Lupi s’est toutefois voulu rassurant en estimant qu’« il n’y a pas de lien entre ce geste et la prestation de serment du gouvernement ». « J’ai voulu faire un geste éclatant dans un jour important, mais je n’ai de haine pour personne en particulier », a déclaré M. Preiti dans ses aveux, selon l’agence de presse italienne ANSA.


Selon les médias, Luigi Preiti aurait perdu son travail et est séparé de son épouse, restée avec leur fils de 10 ans dans le Piémont. Il aurait dilapidé les économies familiales en jouant au vidéopoker et aux machines à sous. Le patron de la Ligue du Nord et président de la région Lombardie, Roberto Maroni, a accusé le Mouvement 5 Étoiles de l’ex-humoriste Beppe Grillo d’avoir alimenté la colère contre la classe politique. « Certains soutiennent que les hommes politiques sont la cause de tous les maux », a-t-il dénoncé. Mais l’ex-comique a condamné le geste de Luigi Preiti. « Le M5S est absolument contre la violence. Notre unique violence est de recueillir des signatures pour des pétitions, faire des référendums et des lois voulues par le peuple », a-t-il argué.

Félicitations
Après les tirs, le passage de relais entre les gouvernements de Mario Monti et d’Enrico Letta s’est poursuivi normalement, avec le traditionnel échange de la clochette du Conseil des ministres. Le président américain Barack Obama a félicité « chaleureusement » M. Letta, souhaitant qu’États-Unis et Italie travaillent étroitement « pour la croissance », alors que l’Italie traverse sa plus longue récession de l’après-guerre. Mêmes vœux de réussite de la part du président français François Hollande et du président de l’Union européenne Herman van Rompuy, qui a appelé M. Letta à « poursuivre les réformes entreprises par l’Italie ».


Née au terme de deux mois d’impasse politique, l’équipe Letta suscite beaucoup d’espoir. Elle se distingue par la jeunesse de ses membres (53 ans en moyenne, 10 de moins que l’exécutif Monti) et une forte présence de femmes (7 sur 21 ministres). Surtout, le gouvernement est le fruit d’une alliance droite-gauche sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui se traduit par un savant dosage, avec neuf ministres du PD, cinq du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et trois centristes, quatre autres étant des technocrates. « C’est la première tentative explicite de pacification de l’Italie » avec la formation d’une « coalition totalement inédite qui balaye 20 ans d’inimitiés » entre droite et gauche, a souligné l’éditorialiste politique du Corriere della Sera, Massimo Franco.
De plus, les nouvelles têtes de l’équipe Letta ont été choisies pour leur appartenance à la société civile ; ainsi on retrouve une ex-championne de kayak aux Sports, une médecin congolaise à l’Intégration, une ex-rectrice de l’École normale à l’Éducation nationale...

 

Pour mémoire

Gouvernement d'union entre la gauche et la droite de Berlusconi inédit en Italie

 

Cécile Kyenge, première femme noire dans un gouvernement italien

Le gouvernement du chrétien démocrate Enrico Letta a prêté serment hier au palais du Quirinal à Rome, au cours d’une cérémonie solennelle. M. Letta, issu du Parti démocrate (PD), première force de centre gauche, a été le premier à jurer fidélité à la Constitution, suivi de ses 21 ministres, dans l’atmosphère un peu compassée du siège de la présidence.Vers 09h40...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut