Rechercher
Rechercher

Liban

La plume de Pierre Sadek a pris son envol...

Le Liban a perdu hier le précurseur et le maître incontesté de la caricature politique au Liban, celui qui a accompagné sans relâche par ses dessins et ses caricatures télévisées, pendant plusieurs décennies, les moments forts de l’actualité locale, mettant ainsi un peu de fraîcheur et d’humour à des développements et des événements souvent sombres et sinistres. Pierre Sadek nous a quittés à l’âge de 75 ans des suites d’une longue maladie. La presse libanaise, aussi bien écrite qu’audiovisuelle, a incontestablement perdu en lui un grand défenseur de la liberté d’expression et un journaliste avant-gardiste qui a su promouvoir une vision critique, et originale, de la politique libanaise dans ses différentes dimensions.


Originaire de Zahlé, Pierre Sadek s’est forgé, tout au long de ses 45 ans de carrière, une place à part comme caricaturiste politique, réussissant, grâce à son talent et sa perspicacité, à étendre sa renommée au-delà des frontières nationales. Il a ainsi collaboré avec plusieurs médias locaux et étrangers, dont Time Magazine, France Soir, Washington Post, an-Nahar, al-Amal, al-Anwar, al-Joumhouriya, ad-Diyar et la LBC.

 

 

En 2012, il avait été la cible d’une virulente campagne pour avoir publié dans le quotidien al-Joumhouriya, une caricature du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. En décembre de la même année, le président Michel Sleiman l’avait élevé au rang de commandeur de l’ordre du Cèdre. Le ministre de l’Information, Walid Daouk, avait alors dit de lui, en marge de la cérémonie : « Pierre Sadek est le premier à avoir excellé dans le domaine de la caricature pour la télévision et il a su pénétrer le cœur de tous les Libanais. »
Les premiers pas de Pierre Sadek dans le dessin et, ensuite, la caricature remontent à son plus jeune âge, lorsqu’il avait 6 ans. « J’ai d’abord imité et reproduit la calligraphie arabe découverte dans les livres, avant de passer à l’encre de Chine. Ma première caricature fut celle du président Alfred Naccache. J’étais comme éclairé, guidé », avait-il déclaré dans une interview accordée en novembre 2000 à L’Orient-Le Jour.


Après avoir obtenu son baccalauréat, Pierre Sadek est contraint par ses parents de s’inscrire dans la très respectable école technique située à la place Debbas. Le jeune homme, mu par sa passion, rejoint toutefois clandestinement les rangs de l’Académie libanaise des beaux-arts. « J’ai pu payer mes études avec mes premiers salaires encaissés en faisant des caricatures pour les quotidiens Khawater et ad-Dabbour. » C’est dans ad-Diyar, selon lui, que son travail s’est fait connaître, soulignant la nouveauté du style, de l’approche et du traité de ce jeune inconnu.
En 1960, Pierre Sadek intègre l’équipe du Nahar pour une longue coopération qui va s’interrompre en 1975 avec la guerre. « C’était bien la première fois qu’un quotidien offrait huit colonnes et sa juste valeur à la caricature politique, avait-il indiqué à ce propos. Ce qui m’a permis de la faire évoluer, d’en faire un art à part entière qui a son propre message à diffuser. Ce n’était plus du remplissage mais un élément essentiel dans le journal. Au même titre qu’un texte. »

 


Pierre Sadek se considérait comme un rédacteur qui s’exprime à travers sa galerie de portraits adaptés à l’actualité, le témoin d’une histoire qui se fait et se défait. Après un silence de deux ans, il reprend ses pinceaux et la parole dans le quotidien al-Amal du parti Kataëb, pour une collaboration de huit années. Mais ses dessins s’impatientent, chatouillés par un désir de plus. « En 1986, j’ai eu envie de faire bouger les images, comme je les voyais en les dessinant, et le faire tous les jours. » La LBC et Samir Geagea d’une même voix lui donneront tous les moyens de le faire. « Ma seule condition a été la liberté totale. Depuis 14 ans, personne, bien heureusement, n’intervient dans mon travail, malgré toutes les pressions et les changements subis », expliquait-il à L’Orient-Le Jour.


En 1992, Pierre Sadek retrouve ses anciennes amours et an-Nahar, « ce qui me fait deux problèmes quotidiens » ! Et deux plaisirs... Pour remplir son contrat, ce monsieur plein d’énergie consacre alors plus de trois heures par jour à dépouiller la presse locale et internationale, regarder les journaux télévisés, écouter les bulletins radios et analyser ce lot d’informations pour trouver deux idées et les exprimer, sur quelques colonnes, d’abord, puis en quelques secondes, « moins d’une minute, en fait. Le rythme est important, il faut faire court, sinon l’image meurt. Un peu comme une anecdote. »


Amoureux de la politique, il avait souligné qu’ « il faut l’aimer et la connaître bien, ne croire en aucune information mais avoir sa propre perception des évènements ». Il était aussi un grand ennemi de la routine : « J’essaie tous les jours de créer quelque chose de nouveau. » Pierre Sadek est auteur de quatre livres, Caricature Sadek, Idhak Maa Pierre Sadek, Koulouna Aal Ouatan, et enfin Bachir.
Les obsèques auront lieu aujourd’hui, à 15 heures, en la cathédrale Saint-Georges des maronites, dans le centre-ville de Beyrouth. Hier, un hommage unanime lui a été rendu par de très nombreuses personnalités du monde politique et de la presse.

 

D'autres caricatures de Pierre Sadek tirées de sa page Facebook.

 

Publiée le 18 août 2012.

 

 

 

 

Publiée le 4 août 2012.

 

 

 

Publiée le 23 juin 2012.


Le Liban a perdu hier le précurseur et le maître incontesté de la caricature politique au Liban, celui qui a accompagné sans relâche par ses dessins et ses caricatures télévisées, pendant plusieurs décennies, les moments forts de l’actualité locale, mettant ainsi un peu de fraîcheur et d’humour à des développements et des événements souvent sombres et sinistres. Pierre Sadek...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut