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Les jeunes à l’honneur lors du 3e forum des autorités locales et régionales de la Méditerranée - Colloque

Les jeunes à l’honneur lors du 3e forum des autorités locales et régionales de la Méditerranée

La ville de Marseille a accueilli début avril à la Villa Méditerranée près de 400 élus et représentants venant de 24 pays du bassin méditerranéen, dans le cadre d’intenses débats portant sur la gouvernance démocratique dans cette région secouée par des crises à répétition.

Photo de famille à la Villa Méditerranée, à la clôture du forum. Photo Samia Medawar

« À l’heure des transitions vécues dans le monde arabe, à l’heure où partout, les peuples, et la jeunesse en particulier, revendiquent leur participation à la décision publique, leurs besoins de dignité et d’emplois, nous avons le devoir de contribuer activement à faire entendre leur voix, à instaurer la démocratie de proximité à laquelle ils aspirent et à rechercher des solutions pour le développement durable de nos territoires. » C’est en ces termes que Michel Vauzelle, député des Bouches-du-Rhône et président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), a ouvert le troisième forum des autorités locales et régionales organisé par la Commission Méditerranée de cités et gouvernements locaux unis (CGLU), une organisation internationale qui regroupe les collectivités territoriales et leurs réseaux, faisant le lien entre elles et les organisations internationales, et avec pour objectif principal la reconnaissance de leur rôle dans le système international.
Ces paroles illustrent parfaitement l’état d’esprit dans lequel se sont tenus durant deux jours des échanges entre les centaines d’élus présents à la Villa Méditerranée à Marseille, tout juste élue capitale culturelle européenne pour l’année 2013.

La jeunesse des printemps arabes
La concomitance de ces échanges avec le forum de la société civile Anna Lindh, la même semaine, a également permis de croiser le regard de la jeunesse méditerranéenne avec celui des élus locaux et régionaux. Car dans un contexte de bouleversements et de confusion dans le monde arabe, qui a vu ces deux dernières années des soulèvements populaires modifier la donne politique dans la région, il est important de se rappeler les instigateurs à l’origine de ces changements : des populations excédées par la pauvreté, la corruption, le chômage, mais encore et surtout, des jeunes désillusionnés et sans espoir quant à leur avenir. Et alors que jusqu’ici, ces soulèvements n’ont pour le moment toujours pas porté leurs fruits, la région comme le reste du monde font face à une crise économique sans précédent. Tourisme en berne, chômage, instabilité sécuritaire, récession... sont malheureusement des réalités concrètes dans nombre de pays.
C’est donc dans l’espoir de faire face à ces défis que ce troisième forum a eu lieu, permettant des débats sur la gouvernance démocratique en Méditerranée. Des moments forts ont ponctué la rencontre, comme la présentation d’un rapport sur le sujet par Jean-Claude Tourret, délégué général de l’Institut de la Méditerranée, ou encore la tenue simultanée de quatre ateliers portant sur des thèmes divers. C’est surtout la séance d’échanges entre les élus et près de 70 jeunes Méditerranéens de l’atelier « Jeunesse et changement » de la Fondation Anna Lindh qui mérite une attention particulière. Originaires d’un peu partout – Libye, Tunisie, France, Maroc, etc. – ces jeunes sont venus armés de trois propositions concrètes en matière de démocratie participative et de gouvernance locale. La première de ces propositions concerne l’éducation dès les classes primaires en matière de droits de l’homme et de citoyenneté, et la mise en place par la société civile de campagnes régulières sur ces thèmes. La seconde proposition consiste à promouvoir la création d’un organe consultatif intégré dans les institutions locales, politiques et économiques, et qui serait constitué de jeunes élus qui participeraient à des échanges avec d’autres jeunes élus du bassin méditerranéen. La troisième proposition vise à encourager la création d’un système d’échange entre étudiants et même entre enseignants de la région méditerranéenne, et qui pourraient étudier gratuitement dans un autre pays de la région. Ces trois points ont ensuite été salués et commentés par des élus qui ont rappelé le rôle des jeunes – et dans la foulée celui des femmes également – dans les révolutions prodémocratie qui secouent encore le monde arabe. D’autres ont encouragé l’application des suggestions émises par les jeunes intervenants, la création de plateformes répondant à ces demandes et celle de fonds budgétaires à cet effet, interpellant de cette façon les bailleurs de fonds internationaux à plus d’implication. De même, certains responsables ont suggéré à titre d’expérience la création à l’échelle de la Méditerranée de « parlements de jeunes », ou d’« associations de jeunes maires » comme il en existe par exemple en Mauritanie, où des simulations de débats politiques et des prises de décisions ont lieu pour leur permettre de mieux se préparer à s’impliquer socialement et politiquement.

Déclaration politique finale
En bref, les échanges qui ont eu lieu entre jeunes et élus lors de ce forum avaient pour but de tenter d’apporter une réponse aux questions suivantes : quel rôle politique et diplomatique pour les collectivités locales ? Vu le risque de repli identitaire dans l’espace méditerranéen, quelle contribution des autorités locales pour plus de solidarité ? Après le printemps arabe, comment maintenir une confiance entre les populations et les autorités publiques ? Vu la situation régionale marquée par la confusion, l’instabilité et l’urgence, les questions évoquées pourraient paraître pour certains comme non prioritaires. Et pourtant, ce sont justement dans ces moments de transition que des dynamiques politiques, sociales et économiques nouvelles peuvent être créées, mettant en place les modalités futures des gouvernements à venir. La gouvernance démocratique est donc plus à l’ordre du jour que jamais et demeure indissociable d’un développement « humain », donc notamment social, qui s’inscrirait dans la durée.
C’est dans cet esprit que la déclaration politique finale faite au terme de deux jours d’échanges intenses est née. Les messages de cette déclaration, exprimés par Mohammad Boudra, président du Conseil régional Taza al-Hoceima Taounate (Maroc) et également président nouvellement élu du conseil politique de la CGLU, ont d’ailleurs pour but d’interpeller les gouvernements, l’ensemble des bailleurs internationaux, la société civile et toutes les organisations concernées. À noter que parallèlement à l’élection de M. Boudra, trois vice-présidents au Conseil ont également été élus : Nader Ghazal, maire de Tripoli et président de la communauté urbaine d’el-Fayhaa (Liban), Ghassan Shakaa, maire de Naplouse (Palestine), et Lütfü Savas, maire d’Antioche (Turquie). Plus encore, les élus et le Conseil politique ont également réaffirmé leur volonté de paix durable, de solidarité et de création de projets pour leurs citoyens. Enfin, les participants ont aussi souhaité que la révision des objectifs de développement durable d’ici à 2015 soient l’occasion de mettre en place une aide spécifique financière au bassin méditerranéen et à ses enjeux sociaux, économiques et environnementaux, exprimant un désir général de dépasser les fractures tangibles dans les sociétés de la région.
« À l’heure des transitions vécues dans le monde arabe, à l’heure où partout, les peuples, et la jeunesse en particulier, revendiquent leur participation à la décision publique, leurs besoins de dignité et d’emplois, nous avons le devoir de contribuer activement à faire entendre leur voix, à instaurer la démocratie de proximité à laquelle ils aspirent et à rechercher des...