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À La Une - En dents de scie

Puppet(s) on a string

Quatorzième semaine de 2013.
Il est demandé aujourd’hui à un Premier ministre, nécessairement de transition, et à son équipe, préférablement restreinte pour plusieurs raisons, d’y aller carrément par quatre chemins.
Un : qu’il joue son rôle, le plus efficacement possible, en complicité avec le chef de l’État et en partenariat avec le président de la Chambre, dans l’aboutissement d’une loi électorale, la plus saine qui soit, pour que les législatives 2013 se tiennent... cette année – il lui est donc naturellement demandé de ne pas être candidat.
Deux : qu’il soit particulièrement vigilant concernant les violations de la souveraineté territoriale libanaise par Israël, bien sûr, mais aussi, mais surtout, de celles imposées au quotidien par la Syrie d’Assad ; qu’il comprenne les limites de cette sinistre distanciation si chère à son prédécesseur, qu’il n’oublie certes pas les spécificités de ce (si) petit pays, mais qu’il mette un terme à la désarabisation, style Adnane Mansour, du Liban, qu’il mette un terme à son iranisation.
Trois : il lui est demandé de ne pas confondre candidat de consensus et potiche (à peine) décorative; de ne pas être l’otage de cette monstrueuse hérésie horriblement liban(i)aise et stérile comme jamais : le gouvernement d’union nationale. L’otage des caprices de Castafiore poujadiste des aounistes et des menaces de blitzkrieg du Hezbollah.
Quatre : que ce prochain Premier ministre, quelle que soit la durée de son court règne, n’occulte pas deux urgences : la sécurité et la situation économique ; qu’il pèse de tout son poids donc, pas en tant que sunnite mais en tant que leader d’envergure nationale, autant que faire se peut, pour la prorogation de deux ans du mandat d’Achraf Rifi, et qu’il coordonne chaque instant avec Riad Salamé. Parce que, finalement, c’est surtout à ces deux hommes, remplaçables comme tout le monde certes, que le Liban doit encore le peu de stabilité, même tuberculeuse, dont il continue, mais jusqu’à quand, à bénéficier.
Est-ce que Tammam Salam est cet homme-là ?
Non. Bien sûr que non. Mais peut-être que oui. Ou alors, oui et non.
Saëb bey, gigantesque statue de commandeur pour les Libanais en général et pour les sunnites en particulier, a certainement dû inscrire à l’encre indélébile, sur son testament politique, son souhait, son espoir, sa volonté et son rêve de voir son fils, un jour, lui succéder. Même sans trop y croire. Ce rêve, l’actuel député de Beyrouth l’a férocement fait, refait, défait – cent, mille et une fois dans sa tête. Et hop : Saad Hariri le lui a offert. Sur un plateau en formica, il est vrai : son premier choix, beau et bon à la fois, était... Achraf Rifi. Un cadeau, loin d’être empoisonné, mais assez ambigu tout de même : l’histoire risque fort de mettre Tammam Salam dans la même case qu’un Amine Hafez plutôt que dans celle de... son père. Très probablement, le bey de Mousseitbé le sait ; il sait aussi que même avec beaucoup de chance et une hyperbonne étoile, il n’aura pas le temps, matériellement, de marquer ce Sérail de son empreinte. Sauf si les législatives sont reportées sine die – ce pour quoi le Hezb travaille studieusement...
Un Sérail qui aurait bien eu besoin de l’expérience d’un Adnane Kassar ou de la fougue d’un Misbah Ahdab. Mais ce Sérail attendra – il en a l’habitude. D’autant que les seconds rôles, parfois, peuvent marquer toute une génération : s’il manque cruellement de charisme et d’ampleur, Tammam Salam a pour lui cette intelligence pratique, mélange de patience et d’obstination, qui peut faire de petits miracles. Dont ne profiteraient, éventuellement, que l’Alliance du 14 Mars et surtout Michel Sleiman. La politique est tellement gueuse...
Des impondérables, des scories ont voulu qu’à 67 ans, ce si gentil monsieur hérite de la troisième présidence – lui qui, à de nombreuses reprises, pensait ne même pas pouvoir revoir l’hémicycle... C’est à lui et seulement à lui qu’il revient de s’activer pour finir une carrière politique en beauté, au service d’un pays (métastasé), d’un État (ravagé) et d’une nation (schizophrène et immolée). De s’activer pour prouver à tous ceux qui le traitent déjà de marionnette qu’ils se trompent impérialement. À lui et à lui seul de savoir s’entourer, de rayer les émotions inutiles, de ne pas écouter celles et ceux, du premier ou du huitième cercle, qui pensent avoir inventé la poudre jaune de la si beyrouthine, la si sunnite et la si savoureuse mfatta’a.

PS : à celles et ceux qui ont dit, pensé ou titré sur le retour de la tutelle saoudienne, deux ou trois petites choses : Tammam Salam est le fils de Saëb Salam; s’il faut choisir entre le choléra d’une ingérence du Golfe et/ou de l’Occident ou la peste d’un parachutage d’un SS-Oberstgruppenführer syro-iranien, le choléra devient une bénédicition ; cette tutelle a été acceptée par tout le 8 Mars. Dont acte.
Quatorzième semaine de 2013.Il est demandé aujourd’hui à un Premier ministre, nécessairement de transition, et à son équipe, préférablement restreinte pour plusieurs raisons, d’y aller carrément par quatre chemins.Un : qu’il joue son rôle, le plus efficacement possible, en complicité avec le chef de l’État et en partenariat avec le président de la Chambre, dans...

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