Plaidoyer de Shimon Peres pour la paix devant des imams de France

Le président israélien Shimon Peres a livré un plaidoyer vibrant pour la paix hier devant des imams français à la veille des commémorations en France de la folie meurtrière de Mohammad Merah à Toulouse. « Toulouse, c’était certainement un tournant, parce que celui qui a voulu tuer a montré le visage le plus hideux du crime », a souligné le président israélien, 89 ans, devant une vingtaine d’imams et de responsables d’associations de musulmans essentiellement de la région parisienne lors d’une rencontre. Mohammad Merah, le « tueur au scooter », avait, entre le 11 et le 19 mars 2012 abattu froidement trois militaires musulmans, un professeur et trois enfants devant une école juive à Toulouse en filmant ses actes, avant d’être tué le 22 mars par un commando des forces de l’ordre.
Recevant le groupe de responsables musulmans, Shimon Peres a souligné le « courage » de l’imam Hassen Chalghoumi de la mosquée de Drancy, et qui avait insisté sur le fait que Mohammad Merah a « assassiné des musulmans avant de tuer des juifs ». « Pour les imams en France », a ajouté Hassen Chalghoumi, connu pour son combat contre l’intégrisme, « la vie humaine est plus sacrée que La Mecque » et « c’est ce qu’on enseigne en France », en se défendant contre les accusations d’avoir « importé le terrorisme en France ». « Nous, on n’a pas importé le conflit, il faut au contraire exporter la paix et l’amitié », a-t-il affirmé.
À l’issue de la rencontre hier, M. Peres a noté devant la presse avoir été « très impressionné » par ces responsables musulmans de France qui sont venus en Israël et qui osent dénoncer les crimes autant contre leur propre communauté que contre la communauté juive. Dans la foulée, le président, Prix Nobel de la paix en 1994, a appelé face à ces violences « à construire un message positif de courage et ne pas avoir peur » de s’engager pour le défendre. « Parce que les terroristes, et je vais vous révéler un secret, ne sont jamais aussi forts que nous le pensons et jamais aussi importants qu’ils le disent », a-t-il précisé dans un sourire.
Sur la situation dans son pays, il a reconnu qu’il restait à résoudre un grand conflit tout en espérant que la nomination prochaine d’un nouveau gouvernement sera l’occasion de reprendre les pourparlers avec les Palestiniens alors que tout le monde estime que la solution réside dans la formule de « deux États pour deux peuples ». « Nous allons œuvrer pour une vie commune entre chrétiens et musulmans, juifs, Palestiniens et Israéliens », a-t-il promis ajoutant qu’il y a « des gens qui disent que cela prendra beaucoup de temps ». Et de rappeler que l’Europe s’est faite « en six ans » après la fin de la guerre en 1945. « Ce qui s’est passé en Europe peut se passer aussi au Proche-Orient, et bien plus vite qu’on ne le pense. »
(Source : AFP)