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Culture

Arts plastiques et drogues : une exposition « sous influences »

« Swinging Corridor » de Carsten Höller.

Cocteau et l’opium, Artaud et la morphine, Michaux sous mescaline, Basquiat et l’héroïne: les drogues font partie du champ d’exploration de certains artistes, mais créer sous leur emprise ne garantit pas le chef-d’œuvre, comme le montre une exposition à Paris.
Pascale Mollard-Chollard-Chenebenoit de l’AFP rapporte ainsi que la Maison Rouge, fondation privée située près de la Bastille, présente «Sous influences. Arts plastiques et produits psychotropes», une exposition étonnante qui réunit jusqu’au 19 mai quelque 250 œuvres de 91 artistes autour de ce thème.
Son fondateur, le collectionneur Antoine de Galbert, a confié le commissariat de l’exposition à Antoine Perpère, un responsable de l’association d’aide aux toxicomanes Charonne, également plasticien.
Le visiteur est appelé à entrer par un sas blanc (Swinging Corridor de Carsten Höller) qui bouge, histoire d’ébranler d’éventuelles certitudes.
Choc des autoportraits hallucinés d’Antonin Artaud, «grand morphinomane et héroïnomane, qui prenait ces substances pour soulager ses douleurs existentielles», souligne M. Perpère.
Henri Michaux (1899-1984), lui, expérimente sous contrôle médical la mescaline à la fin des années 1950. Le dessin est étrange, inabouti. «Michaux essaie d’écrire, griffonne le mot “néant”
mais n’arrive pas à faire quoi que ce soit», souligne M.
Perpère.
«Avec ces produits hallucinogènes, on est complètement pris par les visions. Tout se promène, avance, recule, tout va à une vitesse extraordinaire. Le geste artistique demande un minimum de temps, de maîtrise, de concentration», indique le soignant.
Michaux reprend ses crayons un peu après en essayant de retrouver ses impressions. Cela donne des dessins grouillant de signes, qui partent dans tous les sens, mais plus
créatifs.
«L’opium permet de donner forme à l’informe; il empêche hélas de communiquer ce privilège à autrui», constate Jean Cocteau dans Opium: journal d’une désintoxication (1930). «Sous drogue, on a des rêves mais on ne peut pas les communiquer. Quand on peut à nouveau les communiquer, on a perdu ces rêves», explique M. Perpère.
«On ne peint quasiment jamais sous drogue. Le problème des artistes qui ont pris des substances, c’est qu’ils ont beaucoup de mal à mettre en forme ce qu’ils ont vécu», relève le commissaire.
Des questions,
pas de réponse
Dans les années 1920, l’écrivain et peintre polonais Stanislaw Ignacy Witkiewicz (1885-1939) réalise des portraits tourmentés sous l’emprise de différentes substances qu’il note à chaque fois à côté de sa signature (alcool, cocaïne, mescaline, ether...).
Dans les années 1960, Arnulf Rainer teste lui aussi la création sous drogues (LSD...), dans une démarche volontaire. Tout comme Jean-Jacques Lebel (né en 1936) qui signe un Retour de prise de mescaline.
L’artiste Herman de Vries (1931), qui fume de «l’herbe», étale soigneusement les cendres de sa pipe sur un fond blanc. Il crée ainsi un élégant nuancier gris.
Le mouvement psychédélique des années 1960, autour des produits hallucinogènes et du LSD, est abordé avec des affiches et une œuvre de 1967 de Robert Malaval Lucy in the Sky with Diamonds, référence à la chanson des Beatles.
Les pois rouges et blancs de la Japonaise Yayoi Kusama (née en 1929) se démultiplient dans une vaste œuvre tapissée de miroirs.
Devant un grand tableau de Jean-Michel Basquiat, on se souvient que ce peintre fulgurant est mort à 27 ans d’une overdose d’héroïne et de
cocaïne.
L’exposition montre aussi le regard d’artistes sur les toxicomanes. Difficiles photographies de Larry Clark sur une jeune femme enceinte en train de se shooter, de Luc Delahaye sur un sniffeur de colle en Afrique, de Eugene Richards sur des scènes de consommation de crack.
« Il y a des salles un peu hard. On n’est pas dans l’euphorie, dans le prosélytisme. Il n’y a pas de jugement moral ou esthétique dans cette exposition. Elle pose des questions, mais ne donne pas de réponse », souligne M. Perpère.
Cocteau et l’opium, Artaud et la morphine, Michaux sous mescaline, Basquiat et l’héroïne: les drogues font partie du champ d’exploration de certains artistes, mais créer sous leur emprise ne garantit pas le chef-d’œuvre, comme le montre une exposition à Paris. Pascale Mollard-Chollard-Chenebenoit de l’AFP rapporte ainsi que la Maison Rouge, fondation privée située près de la...

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