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Repérer tous les « Ali » du Liban

Près d'un mois est passé depuis la mort de Ali Abdallah. Vieux, seul, abandonné dans un froid glacial, son corps avait été retrouvé dans une petite ruelle sombre de Hamra. Il est mort de « cause naturelle », selon le constat de décès.
Sans domicile fixe (SDF), Ali parlait peu. Barbu, au visage marqué par des années de misère, il était pourtant fort connu des promeneurs dans la rue Bliss, où il « vivait ».

 

Etudiant à l’Université américaine de Beyrouth, Karim Badra, 21 ans, connaissait bien Ali et, comme beaucoup de Libanais, il a été très ému à l’annonce de sa mort tragique. « Ce soir-là, j’étais chez moi et je me rappelle qu’il faisait très froid, affirme Karim dans une entrevue avec L’Orient-Le Jour. Le lendemain, j’apprenais la mort de Ali. J’ai senti que nous étions tous, d’une manière ou d’une autre responsables de son décès », ajoute-t-il.
Révolté, Karim décide alors de passer à l'action : « Avec des amis, nous avons réussi à collecter des draps et des couvertures dans le but de les offrir aux ONG et associations caritatives travaillant avec des SDF, raconte-t-il. Mais à notre grande surprise, nous avons découvert que la plupart d’entre eux n’avaient pas de base de données des lieux où se trouvent ces sans-abris ».


Refusant de baisser les bras, Karim décide de trouver une solution à ce problème. « Il nous fallait un système qui serait accessible à tous les Libanais, du Nord au Sud », explique le jeune étudiant. Il tombe alors sur le programme Crowdmap, un service d’Ushahidi qui permet de collecter des données en provenance d’un large public utilisant des applications iPhone ou Android, ou tout simplement via e-mail. Karim crée alors le site « Find Ali » (« Repérez Ali »), invitant ses concitoyens à signaler sur une carte interactive la localisation des SDF et des mendiants à travers le Liban. « Les utilisateurs de ce service peuvent, en plus d’indiquer l’adresse où ils ont aperçu un SDF, télécharger une photo ou une vidéo, précise Karim. Plus les données sont précises et détaillées, plus elles seront utiles ».

 


Le jeune Libanais est déjà en contact avec plusieurs ONG qui, selon lui, ont montré un grand intérêt pour son projet. « Ces ONG devront d’abord vérifier l’authenticité des données soumises avant d’offrir leur assistance aux démunis localisés », souligne-t-il.
Lancé il y a dix jours, à l’occasion du quarantième de Ali, le site recense déjà plus de 24 entrées. Anonymes pour la plupart, les messages parlent de personnes âgées ou de jeunes enfants démunis croisés à Gemmayzé, à Hamra, ou sous le pont de Cola.


« Un homme de 76 ans dort dans la rue et dans l’entrée des immeubles depuis 25 ans à Gemmayzé, lit-on dans un de ces messages. J’ai commencé à discuter avec lui il y a deux semaines. Il refuse d'accepter de l’argent et n’a pas d'endroit où ranger les vêtements et la nourriture qui lui sont offerts. Si quelqu’un connaît un refuge dans la région, laissez-moi un message. »
« Un vieil homme dort près d’une banque dans la rue parallèle à la celle de Fakahani, entre les quartiers de Zarif et de Verdun, indique un autre message. Il a une main paralysée. Il dit que c’est la raison qui l’empêche de travailler. Lorsque je lui ai proposé une couverture, il a répondu que les couvertures sont trop lourdes à porter et qu’il n’a pas de place pour les ranger durant la journée ».


« Des personnes comme Ali, il y en a encore beaucoup au Liban, affirme Karim. Je n’essaie pas de changer le monde, mais je sens qu’il est de mon devoir d’aider les personnes dans le besoin. C’est la moindre des choses... »

Pour plus d’informations visitez le site ou la page Facebook de « Find Ali »

Près d'un mois est passé depuis la mort de Ali Abdallah. Vieux, seul, abandonné dans un froid glacial, son corps avait été retrouvé dans une petite ruelle sombre de Hamra. Il est mort de « cause naturelle », selon le constat de décès. Sans domicile fixe (SDF), Ali parlait peu. Barbu, au visage marqué par des années de misère, il était pourtant fort connu des promeneurs dans la rue...
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