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Les élections en Italie entre télévision, Internet et brouillard épais... - Ici et maintenant

Mambo italiano

Pour faire une Suisse, il faut des Suisses. Pour (re)faire un Liban, il faut des Libanais. Et pour guérir l’Italie, il faut des Italiens.
Inconscients Italiens. Délicieux, mais inconscients.


Qu’est-ce qu’ils ont en commun, le fils de la blanchisseuse sicilienne qui vient de baiser la bague du Corleone local de troisième zone et qui se prend pour Leonardo di Caprio sur le pont du Titanic, l’industriel milanais qui vient d’acheter un Jackson Pollock à plusieurs millions de dollars, la bombe vénitienne qui se rêve en Sophia Loren du IIIe millénaire, l’étudiante en beaux-arts mi-Zara mi-Prada qui connaît par cœur chaque rue de Florence, la mamma sarde qui a sa place réservée à l’église à toutes les vêpres, le petit Napolitain convaincu qu’il sera le messie que la Juventus attend depuis d’interminables années, et cette bourgeoise romaine qui clôt toute conversation en expliquant que si elle vote pour lui, c’est parce qu’il a les couilles carrées ? Ce qu’ils ont en commun est un homme : Silvio Berlusconi. Un Lazare, 14e fortune mondiale, qu’ils pourraient ressusciter politiquement à l’issue des législatives des 24 et 25 février.
Incorrigibles Italiens. Délicieux, mais incorrigibles.


Ils se moquent impérialement d’avoir eu des Léonard de Vinci. Des Federico Fellini. Des Caravage. Des Laurent de Médicis. Des Galilée. Des Anna Magnani. Des Primo Levi. Des Pier Paolo Pasolini. Des Marco Polo. Des Antonio Vivaldi ou même des Rocco Siffredi. Parce que les voilà prêts à ramener au pouvoir un homme, un Gigi l’Americano, un Gigi l’amoroso, pas même un Don Juan ; un Louis XIV de supérette rital et siliconé : le pouvoir c’est moi, les médias c’est moi ; un homme qui a autant de respect pour le Parlement ou la magistrature que pour ses paillassons ; un histrion, docteur ès blagues lourdingues, volontairement et anthropologiquement vulgaire, plouc, macho, homophobe et xénophobe dans le placard ; pickpocket génial : son hold-up politique sur l’Italie est hallucinant ; menteur pathologique, émouvant presque, dit de lui le journaliste très œil de lynx Indro Montanelli ;
obsédé jusqu’à la moelle par sa propre personne et tous les complots dont il se dit l’innocente et expiatoire victime ; marionnette de Cosa nostra (?), etc.
Insensés Italiens. Délicieux, mais insensés.


Silvio Berlusconi est leur fils, né de la somme de leurs fantasmes, de leurs frustrations et de leur gargantuesque et parfois somptueux m’en-foutisme. Apprentis sorciers, rien pour l’instant ne donne à penser qu’ils aient appris quoi que ce soit de leurs erreurs passées. Leur pays est en danger de mort ;
une mort lente, très lente, économique certes, mais aussi, mais surtout, culturelle, et les voilà qui courent le risque de gommer, d’un simple passage dans l’isoloir, le minimiracle Monti. L’alarme n’est peut-être pas au rouge encore dans les sondages, mais quelque chose s’est fondamentalement pourri en ce royaume.
Le problème est que cela n’intéresse (plus) personne. Ni en Europe ni ailleurs.

Pour faire une Suisse, il faut des Suisses. Pour (re)faire un Liban, il faut des Libanais. Et pour guérir l’Italie, il faut des Italiens.Inconscients Italiens. Délicieux, mais inconscients.
Qu’est-ce qu’ils ont en commun, le fils de la blanchisseuse sicilienne qui vient de baiser la bague du Corleone local de troisième zone et qui se prend pour Leonardo di Caprio sur le pont du Titanic,...