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À La Une - vatican

La démission-choc du pape ouvre une période d'incertitudes pour l'Eglise

En mars, "l'Eglise aura deux papes : un régnant et un émérite. Du jamais vu".

Le pape Benoît XVI annoncé lundi, à la surprise générale, qu'il quitterait ses fonctions fin février, une décision qui ouvre une période inédite au Vatican. AFP PHOTO/TED ALJIBE

L'annonce "coup de tonnerre" de la démission prochaine du pape Benoît XVI ouvre une période inédite au Vatican et des semaines d'incertitudes sur le nom du prochain chef d'une Eglise secouée par des tensions internes et en butte à de profonds changements de société. 


Après avoir annoncé lundi, à la surprise générale, qu'il quitterait ses fonctions, le pape devrait apparaître en public pour la première fois mercredi à l'occasion de l'audience hebdomadaire puis pour une messe des Cendres qui, à titre exceptionnel, a été transférée à la Basilique Saint-Pierre.

Il fera ses adieux aux fidèles lors d'une audience générale sur la Place Saint Pierre, le 27 février, a annoncé mardi le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.


Benoît XVI redeviendra simplement le cardinal Joseph Ratzinger le 28 février à 19h00 GMT. S'ouvrira alors la période de "siège vacant". Les cardinaux se réuniront en conclave pour élire son successeur, si possible avant Pâques, le 31 mars. Pendant cette période de transition, le "patron" du Vatican sera le camerlingue, à savoir l'actuel numéro deux et secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone.

 

(Portrait : Le pape théologien confronté aux scandales de l’Église)


Il s'agit d'une première pour l'Eglise catholique depuis un peu plus de 700 ans quand le pape Célestin V avait abdiqué au bout de cinq mois de règne pour retourner à sa vie de moine ermite.
En dépit de rumeurs sur son état de santé, Benoît XVI a affirmé démissionner en raison de "l'avancement de l'âge" et parce que ses "forces" ne lui permettent plus d'exercer sa charge de chef d'une Eglise d'un milliard de fidèles.
Selon plusieurs vaticanistes et le journal du Saint-Siège, l'Osservatore Romano, sa décision était prise "depuis des mois", même s'il n'en a fait part qu'à deux ou trois collaborateurs.

 

(Repère : Les dix derniers papes et la durée de leur pontificat)


Selon Andrea Tornielli, expert de La Stampa, Benoît XVI a su affronter le scandale des abus pédophiles dans le clergé "avec une détermination jamais vue avant". Mais le coup de grâce est venu du scandale Vatileaks de fuite des documents secrets du Vatican en 2012 et a mis en évidence des luttes intestines dans l'Eglise.


Plusieurs éditorialistes comme le directeur du journal Repubblica Ezio Mauro ont salué "l'irruption de la modernité" dans une Eglise vieille de 2.000 ans.
"On va vers des pontificats à terme et non plus à vie", a renchéri à l'AFP Sandro Magister, vaticaniste de l'hebdomadaire L'Espresso.
Même opinion de son homologue du Fatto Quotidiano, Marco Politi, qui souligne en outre le caractère exceptionnel de la situation qui s'est créée: en mars, "l'Eglise aura deux papes: un régnant et un émérite. Du jamais vu", dit-il.

Benoît XVI continuera en effet d'habiter au Vatican, à quelques centaines de mètres de son successeur, dans un monastère où il se consacrera "à l'étude, la prière et l'écriture", selon le Vatican.


Pour le journal Repubblica, même si le cardinal allemand Joseph Ratzinger est "une personne discrète et respectueuse des formes", "son poids intellectuel et spirituel ne pourra pas ne pas influencer celui qui prendra son poste".
En attendant, la campagne pour le choix de son successeur a de facto commencé, avant-même que la date du conclave pour convoquer les 117 cardinaux électeurs (âgés au maximum de 80 ans) ne soit fixée.


Et si tout le monde rappelle le dicton selon lequel, "on entre pape au Conclave et on en sort (simple) cardinal" pour illustrer le caractère imprévisible de l'issue du vote, des noms circulent déjà avec insistance : l'archevêque de Milan Angelo Scola, celui de Manille Luis Antonio Tagle, ses collègues de San Paolo, Claudio Hummes, de New York Timothy Dolan ou le Canadien Mgr Marc Ouellet. 

 

(Lire aussi: Le processus d’élection d’un nouveau souverain pontife)


Les vaticanistes sont convaincus que le pape, qui avait pris la tête de l'Eglise à l'âge de 78 ans en 2005, a fait le choix de partir à quasi 86 ans pour signaler aux cardinaux qu'il faut choisir quelqu'un de relativement jeune.
Selon le prêtre italien Andrea Gallo, en démissionnant Benoît XVI a lancé un autre message: "vu les scandales, le schisme caché (avec les intégristes, ndlr), la chute verticale des vocations, les couvents pour femmes et hommes vides, beaucoup de catholiques en Europe et dans le monde qui abandonnent l'Eglise, il a compris qu'il faut affronter ces problèmes avec un mini-concile, un Concile Vatican III".
Il a cité parmi les "thèmes fondamentaux" à aborder: la collégialité, la bioéthique, la sexualité qui doit être vécue comme un don de dieu, le célibat, l'ordination des femmes, le chemin sera long", a noté ce prêtre classé parmi les plus progressistes d'Italie.

 

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commentaires (2)

Cherchez la réponse dans les coulisses du Vatican... OU... on emportera son secret...

SAKR LEBNAN

04 h 12, le 13 février 2013

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Commentaires (2)

  • Cherchez la réponse dans les coulisses du Vatican... OU... on emportera son secret...

    SAKR LEBNAN

    04 h 12, le 13 février 2013

  • MOLLY SELWAN En effet ce fut un choc! Ce début de siècle n’aura pas fini de nous étonner. Les révolutions qualifiée de printanières, aux continuels recommencements…Les controverses sociales du mariage gay et ses répercussions sur les enfants. Et maintenant l´Eglise Catholique en abandon par un Pape déçu et blessé au fond de l´âme par les scandales successifs. Cependant, il ne faut pas oublier que les Cardinaux sont des êtres humains et ne sont pas infaillibles… Que Dieu bénisse le st Père Benoit XVI, pour qu´il finisse sa vie en paix et dans la prière comme il l´a demandé. Je souhaite que l´Eglise Catholique élise un Pape à l´Esprit de sainteté et à la santé physique assez forte pour pouvoir mener le troupeau de Dieu et résoudre les problèmes qui continuent à envahir son Eglise. Je souhaite aussi que les Politiques, prennent exemple sur les Religieux et sachent se retirer à tant du pouvoir lorsque la santé leur fait défaut.

    Molly Selwan

    09 h 44, le 12 février 2013

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