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À La Une - Attentat de 2012

Affaire Burgas : un flou total entoure les positions des pays de l'UE

Plusieurs gouvernements européens semblent toujours réticents à mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, craignant pour leurs propres intérêts au Liban.

L'auteur présumé de l'attentat de 2012 de Burgas filmé par une caméra de surveillance.

Depuis la publication du rapport bulgare accusant des membres du Hezbollah d’être derrière l’attentat de Burgas, tout le monde attend la réaction de l’Union européenne, alors que les États-Unis et Israël font pression sur les Européens pour mettre le parti chiite sur la liste des organisations terroristes.


Tous les regards sont donc braqués sur le sommet des chefs d’État et de gouvernement réunis depuis hier soir à Bruxelles. Plusieurs sources diplomatiques européennes haut placées ont affirmé à L’Orient-Le Jour que le sujet n’est pas à l’ordre du jour du sommet, qui a débuté par des discussions sur le budget européen.


Par contre, ce sujet serait probablement abordé dans des réunions ultérieures. En effet, tous les responsables politiques et diplomates interrogés estiment que même si le sujet n’est pas à l’ordre du jour, il sera probablement discuté par les ministres européens des Affaires étrangères dans le courant du mois.

 

Interrogé par la presse à son arrivée, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, a affirmé qu’il répondra à toutes les questions posées par ses homologues européens sur cette affaire. Il a souligné qu’il en parlera sûrement avec le Premier ministre britannique David Cameron lors d’un entretien bilatéral qu’il devait avoir avec lui hier.


De son côté, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a estimé à son arrivée au Conseil européen que la déclaration finale du sommet aujourd’hui mentionnera « très probablement » le rapport bulgare concernant l’attentat de Burgas. Il a néanmoins refusé de prendre position sur ce sujet avant les discussions qui devaient avoir lieu.

 

(Lire aussi : "Le Liban ne doit pas être l'otage du Hezbollah", estime le 14 Mars)


Un flou total entoure toutefois les positions des différentes capitales européennes qui semblent divisées sur cette affaire. Alors que la presse israélienne a fustigé hier la position européenne, plusieurs observateurs bulgares notent les failles présentes dans le rapport, notamment le nombre de morts et même la manière dont a eu lieu l’attaque, et mettent en garde contre une manipulation qui pourrait être néfaste pour les intérêts de leur pays. En effet, le chef de l’opposition bulgare a dénoncé l’annonce faite par le Premier ministre, estimant que son pays pourrait devenir une cible.

 

De sources bulgares, on assure toutefois que la décision du Premier ministre de divulguer les conclusions de l’enquête est fondée sur des preuves irréfutables obtenues à partir de l’ADN découvert sur une carte SIM.


Par ailleurs, plusieurs gouvernements européens semblent toujours réticents à mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, craignant pour leurs propres intérêts au Liban, d’autant que certains d’entre eux ont une présence active au sein de la Finul. De sources européennes, on affirme craindre ainsi pour la stabilité du Liban, le Hezbollah étant un acteur majeur sur la scène politique du pays du Cèdre, non seulement à travers sa présence au sein du gouvernement et au Parlement, mais aussi par son action sociale.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah dénonce une "campagne israélienne")


Cette prudence se manifeste ainsi au sein des missions diplomatiques à Bruxelles, qui refusent de commenter le sujet tant que les chefs d’État n’en ont pas discuté. Ainsi, le porte-parole de la mission française à Bruxelles, Gaël Geyssure, reste très discret sur la position de Paris. Il s’est borné à rappeler le communiqué publié par le Quai d’Orsay sur le sujet.


À Sofia, le ministre bulgare des Affaires étrangères, Nickolay Mladenov, a tenu une réunion avec les ambassadeurs européens, pour leur présenter les conclusions du rapport sécuritaire sur l’attentat de Burgas, et remercier les gouvernements européens de leur soutien et de leur coopération dans l’enquête.


La veille, le ministre des Affaires étrangères avait rencontré les ambassadeurs arabes accrédités à Sofia, leur présentant le rapport sur l’attentat, ainsi que les conclusions du rapport du Conseil consultatif sur la sécurité nationale qui pointe du doigt des membres de la branche armée du Hezbollah. Il a également discuté avec eux des mesures que son gouvernement trouve adéquates à prendre concernant cette affaire. Le ministre bulgare a insisté sur le fait que le but de son pays est de juger ceux qui sont derrière cet attentat odieux. « Sur la base des traditionnelles bonnes relations entre la Bulgarie et le Liban ainsi qu’avec le peuple libanais, nous demandons la coopération des autorités libanaises », a également ajouté le ministre bulgare qui a affirmé qu’il en parlera avec ses homologues européens pour prévenir à l’avenir la répétition de tels actes terroristes sur le continent européen.


Nickolay Mladenov avait par ailleurs contacté son homologue libanais, Adnane Mansour, pour l’informer du contenu du rapport sécuritaire bulgare ainsi que pour réclamer la coopération du Liban.

 

 

Eclairage

Le Hezbollah et les affres de l’acte d’accusation bulgare

 

Pour mémoire

« L’homme parlait anglais, avec un accent peut-être arabe... »
Depuis la publication du rapport bulgare accusant des membres du Hezbollah d’être derrière l’attentat de Burgas, tout le monde attend la réaction de l’Union européenne, alors que les États-Unis et Israël font pression sur les Européens pour mettre le parti chiite sur la liste des organisations terroristes.
Tous les regards sont donc braqués sur le sommet des chefs...

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