Dans Dakar, Paris, Beyrouth. Ma tendre nostalgie, prendre l’avion, le train, reprendre l’avion, le bateau, le train n’a rien d’anodin. Tous ces voyages ponctuent des évènements intimes et parfois douloureux de la vie d’un homme. Le livre commence ainsi : « Vis tes rêves, réalise-les, comble tes satisfactions... » Les premières phrases sonnent comme une ritournelle dans le parcours de celui qui vint au monde un 1er de l’an à Dakar, fils d’émigré libanais. La plume qui retrace son existence est légère, comme l’évocation du petit piano, le jouet favori de sa mère, mariée trop jeune... À seulement 13 ans, elle l’emporta avec elle en prenant le bateau pour l’Afrique.
On peut qualifier ce récit d’apprentissage de la vie. Gazi grandit donc à Dakar, et le fait de quitter sa ville natale pour Paris lui donne une nouvelle forme de liberté. Et même si ce fils de commerçant manque parfois d’argent, sa priorité n’est pas d’en faire, mais de vivre. Sa famille, ses amis, ses rencontres sont un fil conducteur, ils viennent et disparaissent, en fonction de ses arrivées, de ses départs et de ses expériences. À chaque âge son mode d’emploi ; un regard insistant pour s’exprimer quand l’enfant est amoureux au pensionnat des bonnes sœurs au Liban, et l’homme qui explose lorsqu’il est trahi par son associé à Dakar. L’auteur pose un regard sensible sur les détails de son quotidien, et ce sentiment parfois exacerbé reste la constante de cette vie jalonnée par des allers-retours. Il parle aussi d’une époque chère à tous les Libanais. Nous la connaissons, sinon elle nous a été racontée par nos parents ou grands-parents, les années où la « belle vie » régnait au Liban. Comme une prise de distance par rapport à ses écrits, à la fin de son livre, Gazi Khadra s’interroge sur notre manière de vivre, sur nos choix dictés ou pas par un environnement trop encombrant... L’homme aime la plume, et il n’a pas fini d’écrire son voyage.
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