En 2012, les six principales banques espagnoles ont vu leur bénéfice cumulé plonger de 82 % à 1,86 milliard d’euros. Banco Popular a payé le prix le plus lourd, se retrouvant dans le rouge pour la première fois de son histoire avec une perte de 2,46 milliards d’euros. Mais ses concurrentes ont également vu fondre leurs bénéfices : entre -31 % pour la petite Bankinter, peu exposée à l’immobilier, et -78 % pour CaixaBank, pénalisée par l’achat de Banca Civica. Santander, première banque de la zone euro par sa capitalisation, n’y a pas échappé, avec un résultat net réduit de 59 %. Le groupe a toutefois limité les dégâts grâce à sa diversification géographique. Santander, tout comme BBVA, réalise environ la moitié de ses bénéfices en Amérique latine. Au total, les grandes banques du pays ont totalisé près de 51 milliards d’euros de provisions en 2012, pour se couvrir contre les risques de crédits impayés et ceux liés à leur exposition au secteur immobilier espagnol.
L’éclatement de la bulle immobilière en 2008 a gonflé le taux de créances douteuses dans le bilan de certaines banques, alimentant les doutes sur leur solidité. Fin novembre, ce taux atteignait en moyenne 11,38 % dans le secteur, selon la Banque d’Espagne. Les autorités espagnoles ont imposé aux banques de nettoyer une fois pour toutes leur bilan, en augmentant le montant des provisions exigées pour faire face aux pertes potentielles sur leur portefeuille d’actifs. Une bonne partie des provisions comptabilisées par les six grandes banques espagnoles en 2012, environ 20 milliards d’euros, répond à ces nouvelles exigences réglementaires. Un travail qui leur permet d’affirmer que l’essentiel de l’effort d’assainissement est désormais derrière elles. Santander souligne ainsi qu’il ne lui restera que 800 millions d’euros d’éléments exceptionnels à comptabiliser en 2013, alors que le géant bancaire a provisionné 18,8 milliards en 2012. De son côté, CaixaBank devrait en comptabiliser pour 902 millions d’euros cette année.
Afin de rassurer sur leur solvabilité, les six banques espagnoles cotées à l’Ibex-35 ont également renforcé leurs ratios de capitaux. Santander a augmenté son ratio de fonds propres durs de 0,3 point de pourcentage à 10,33 %, tandis que BBVA l’a amélioré de 0,5 point, à 10,8 %.
Au printemps dernier, la demande de sauvetage de Bankia avait poussé l’Espagne à réclamer une aide d’urgence à la zone euro pour l’ensemble de son secteur bancaire. Un audit avait alors été réalisé pour évaluer les besoins en capitaux des banques espagnoles. Selon cet audit, ces six banques n’avaient soit pas besoin de renforcer leurs ratios de capitaux (Santander et BBVA), soit pouvaient le faire sans aide extérieure. Les banques ont aussi souligné que leur produit net bancaire avait continué à progresser en 2012, y voyant un indice de la santé de leur cœur d’activité et de leur capacité à rebondir en 2013.
Les perspectives pour 2013 sont « très positives », a ainsi estimé Francisco Gonzalez, président de BBVA, au cours de la présentation des résultats du groupe. Les fondamentaux « très solides » de la banque vont lui permettre d’entrer dans « un nouveau cycle de croissance des bénéfices », a-t-il ajouté. Emilio Botin, le président de Santander, a quant à lui pronostiqué un « changement de cycle » dans le secteur financier, grâce à l’union bancaire européenne et aux réformes menées en Espagne.
L’économie espagnole devant continuer à se contracter en 2013 (-0,5 % selon le gouvernement, -1,5 % selon le FMI) et le chômage touchant 26,02 % de la population active, les analystes avertissent qu’il faudra plus que jamais surveiller le taux de créances douteuses. Car si les dirigeants des banques saluent la « bonne culture du paiement » existant en Espagne, celle-ci pourrait s’effriter si la détérioration de l’activité se poursuivait.
(Source : AFP)
commentaires (2)
Ou l'art de balayer les poussières sous le tapis.!!!!
Jaber Kamel
06 h 40, le 05 février 2013