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« Les politiques et pas seulement les magistrats » responsables des failles de la justice, selon Cortbaoui

« Moi, je veux des résultats, aujourd’hui avant demain. » Ce sont les paroles prononcées hier par le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, lors de la cérémonie de lancement du projet de formation de l’appareil judiciaire libanais, financé par l’Union européenne.
Confiant sa déception des résultats des efforts déployés en vue d’une justice indépendante et efficace, le ministre affirme qu’il restera un « défenseur fervent des droits de l’homme et d’une magistrature indépendante, seule garante de tous nos droits ». À son audience, il affirme qu’il reste toutefois un « rêveur » et promet de ne pas « baisser les bras » avant d’évoquer un bilan dans lequel il constate et accuse :
« Je m’attendais à mieux. La faute incombe aux politiques, non seulement aux magistrats. Elle incombe également aux citoyens qui ont une mentalité difficile », dit-il en recourant à un euphémisme.
Le ministre tient toutefois à rappeler que le changement est un processus qui s’inscrit dans le temps. « Il ne saurait être une rupture brutale avec la réalité », dit-il, en insistant sur l’importance d’adopter une « stratégie de développement pour la refonte des institutions et du secteur judicaire ».
Le ministre d’État pour la Réforme administrative en convient à son tour : le projet du renforcement des capacités de la justice libanaise vise certes « à moderniser l’appareil judiciaire au Liban ». « Or, cet objectif ne peut être atteint que s’il est mené sur plusieurs fronts », constate Mohammad Fneich, avant d’ajouter : « La réforme nécessite une décision politique » et son succès dépend également d’« une parfaite coordination entre les pouvoirs exécutif et législatif ».
Le ministre ne manque pas de rappeler au passage que l’introduction de techniques modernes et de formations nécessaires aux acteurs judiciaires, ainsi que la désignation des magistrats aux postes requis « en vue d’accélérer le travail judiciaire et de libérer les juges des tentations sont autant d’objectifs requis », non sans oublier que l’intégrité et la compétence continuent de prévaloir chez certains magistrats dont la réputation reste intacte.
Le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Jean Fahd, a salué le projet de coopération avec la justice, ainsi que les objectifs spécifiques qui y sont définis, dans la mesure où « ils permettent la poursuite de la professionnalisation dans les nouveaux domaines de droit » et « la mise en place d’une stratégie de formation performante ».

« Beaucoup reste à faire ... »
« Celle-ci devrait toutefois être accompagnée en parallèle d’une augmentation des auxiliaires de justice, une rénovation des Palais de justice et une modernisation des infrastructures de l’appareil judiciaire », a-t-il insisté.
Prenant la parole, la chef de la délégation de l’Union européenne au Liban, Angelina Eichhorst, a commencé par rappeler les règles fondamentales d’un État démocratique. C’est celui qui reste « soucieux de promouvoir l’État de droit », celui « qui aspire à une justice chaque jour plus indépendante, efficace, accessible et proche des justiciables », dit-elle.
Se disant confiante que l’institution judiciaire « sera bientôt renforcée dans son autonomie et indépendance administrative et budgétaire », l’ambassadrice de l’UE constate, à son tour, qu’ « il reste beaucoup à faire ».
Selon elle, la formation professionnelle continue est à la fois « un droit et un devoir pour tous les acteurs judiciaires ».
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui justifie le choix fait par l’UE de soutenir la justice à travers ce projet de formation qui s’adresse à l’ensemble du secteur, favorisant « particulièrement les échanges entre les acteurs judiciaires », d’autant que les formations qui seront assurées grâce à ce projet « seront réalisées conjointement par des professionnels du droit, originaires des États membres de l’UE et du Liban ».
Parmi les partenaires du projet, l’Institut supérieur international des sciences criminelles (ISISC), dont son directeur scientifique, Filippo Michael Musca, expliquera l’impact au niveau de plusieurs pays du monde de cet institut, qui a le statut d’un organisme consultatif auprès des Nations unies et du Conseil européen.
Ayant « remarquablement contribué au développement de la justice pénale dans le monde », l’ISISC a coopéré notamment avec le pouvoir judiciaire, les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense, ainsi qu’avec d’autres organismes gouvernementaux provenant de plus de 16 différents pays arabes.
« Les activités de l’institut ont impliqué des experts internationaux et plus de 5 000 participants, dont des professeurs de droit, des journalistes, des responsables gouvernementaux, des magistrats, des juges militaires de haut rang, des procureurs, des fonctionnaires du corps de la police et d’autres opérateurs de la justice », a-t-il encore précisé avant de conclure : « Seul un système judiciaire le plus efficace possible pourra assurer à la société interne d’un pays un niveau effectif et réel de justice et de bien-être social. »

Je.J.
« Moi, je veux des résultats, aujourd’hui avant demain. » Ce sont les paroles prononcées hier par le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, lors de la cérémonie de lancement du projet de formation de l’appareil judiciaire libanais, financé par l’Union européenne.Confiant sa déception des résultats des efforts déployés en vue d’une justice indépendante et...

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