Bien qu'affaibli au lendemain des législatives israéliennes, Benjamin Netanyahu reste le mieux placé pour former le prochain gouvernement. Il devra toutefois composer avec le parti modéré de Yaïr Lapid, vainqueur inattendu du scrutin, qui pourrait le forcer à des concessions.
"Nous voulons former une coalition large, stable, capable de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés", a expliqué le ministre des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, au lendemain d'un scrutin qui s'est transformé, à la surprise générale, en cuisant revers pour le Premier ministre sortant.
Ce dernier, qui a fait part de son intention de former le "gouvernement le plus large possible", a commencé dès mardi soir des consultations téléphoniques avec les chefs de file des principaux partis.
Yaïr Lapid, 49 ans, nouveau venu en politique devenu faiseur de roi, a lui aussi souhaité un gouvernement "le plus large possible".
"Je voudrais que Netanyahu forme un gouvernement d'union nationale, un gouvernement élargi face à la question iranienne, au printemps arabe et à l'hiver islamiste", a également plaidé le vice Premier ministre Silvan Shalom, un dirigeant modéré du Likoud (droite).
Selon les chiffres de la commission centrale électorale, qui portent sur 99,5% des résultats, les blocs de droite et de centre gauche sont à égalité.
Le bloc de droite, mené par Likoud-Israël Beiteinou, et le bloc de centre gauche, comprenant notamment le parti Yesh Atid -qui a créé la surprise- et les partis arabes, obtiennent chacun 60 sièges, selon les chiffres publiés sur le site internet de la commission centrale électorale.
La liste commune formée par le Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le parti Israël Beiteinou de son ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman obtient 31 sièges, contre 42 dans le Parlement sortant, selon la commission électorale.
En revanche, le sémillant Yaïr Lapid, ex-star de la TV, crée la sensation en faisant de Yesh Atid, qu'il a lancé il y a un an à peine, le deuxième parti d'Israël avec 19 députés, devant le Parti travailliste de Shelly Yachimovich (15 sièges).
Parmi les autres partis considérés comme des alliés "naturels" de M. Netanyahu, le Foyer juif, la formation nationaliste religieuse représentant des colons dirigée par Naftali Bennett, a 11 élus, les partis ultra-orthodoxes sépharade Shass 11, et ashkénaze Judaïsme unifié de la Torah 7.
Le nouveau mouvement centriste de l'ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, HaTnouha, qui a fait campagne pour la relance du processus de paix avec les Palestiniens, obtient 6 sièges, le Meretz (gauche) 6, les partis arabes 12 et Kadima 2.
"Il n'y aura aucun gouvernement raisonnable --c'est-à-dire aucun gouvernement que Netanyahu pourra diriger sans devenir un paria international-- sans Lapid. Il est donc devenu le joueur le plus important dans le système politique", prédit l'analyste Yossi Verter dans le quotidien Haaretz.
Négociations avec les Palestiniens
Selon les commentateurs, M. Netanyahu n'aura d'autre choix que de lui proposer un des trois ministères régaliens : la Défense, les Affaires étrangères ou les Finances.
Pour Amnon Dankner, ancien rédacteur-en-chef du journal Maariv, Yaïr Lapid, qu'il connaît bien, est "vraiment fait pour les Affaires étrangères, en raison de sa vision diplomatique, de la magie personnelle qu'il dégage, de sa maîtrise impeccable de l'anglais et de ses qualités de leader".
Parmi les autres partis considérés comme des "alliés naturels" de M. Netanyahu, le Foyer juif, la formation nationaliste religieuse représentant les colons, a 11 élus, le parti ultra-orthodoxe sépharade Shass 11 et l'autre parti religieux ashkénaze Judaïsme unifié de la Torah 7.
Le succès spectaculaire de Yesh Atid ("Il y a un avenir") représente une victoire des classes moyennes intéressées d'abord par les questions sociales et sociétales.
Au premier rang des préoccupations de ce parti qui a fait de la laïcité un de ses chevaux de bataille, figure l'égalité face au service militaire, dont sont dispensés les religieux ultra-orthodoxes.
"Nous avons des lignes claires, surtout sur le service militaire. Nous exigerons du Premier ministre des actes, pas seulement des slogans", a expliqué à la radio Meïr Cohen, numéro 4 sur la liste de Yesh Atid.
"Nous ne siègerons pas dans un gouvernement qui ne négociera pas avec les Palestiniens", a également souligné M. Cohen.
"L'isolement dans lequel Netanyahu et Lieberman ont conduit Israël a inquiété les électeurs, qui veulent de bonnes relations avec les Etats-Unis, sous le président Barack Obama, au lieu de logements supplémentaires dans les colonies et des menaces de guerre contre l'Iran", estime l'éditorial du Haaretz.
"Je ne m'attends pas à l'émergence ou à la résurgence d'une coalition de paix ou d'un camp de la paix", a toutefois déclaré à des journalistes Hanane Achraoui, une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), estimant que "les chances de paix ne vont pas soudain augmenter spectaculairement".
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commentaires (4)
Affaibli ou pas, Benji reste fidèle : il ne compose qu'avec lui-même et s'en fout royalement de tout le monde.
Robert Malek
10 h 11, le 23 janvier 2013