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Agenda - Hommage à Camille Aboussouan

Un grand disparu

Camille Aboussouan : homme de culture, une immense érudition, une mémoire phénoménale, un bibliophile, un diplomate et d’abord un humaniste. Peut-être le dernier.
Pour développer chacune des dimensions de cet homme hors du commun, il faudrait des pages entières. Et on n’aurait pas tout dit.
Je l’ai connu il y a une quarantaine d’années et il n’avait pas fini de m’étonner. Camille Aboussouan pouvait disserter de tout : des civilisations antiques, de l’art phénicien, des lettres françaises et autres littératures, de l’Empire ottoman, de la question d’Orient, du procès de Nuremberg et de ses rencontres avec le général de Gaulle, Mao Tsé-Toung, Chou En-Laï et autres grands de ce monde.
Avec intelligence et éloquence, il subjuguait son auditoire.
Il avait publié des ouvrages exhaustifs sur Le Livre et le Liban, L’Architecture libanaise. De la Montagne libanaise à la Bastide royale de Fleurance qui est à la fois l’histoire de sa famille et des liens séculiers entre la France et le Liban. Il vouait à ses deux patries un amour absolu.
Collectionneur d’antiquités et de peinture – ami et soutien de peintres libanais –, il avait organisé à l’Unesco et ailleurs de nombreuses expositions.
Grand bibliophile, il avait réussi une des plus belles bibliothèques privées du Proche-Orient où figuraient des livres d’origine royale ou princière, comme en témoignent des ex-libris, des incunables, des reliures d’époque, etc.
Le Pen Club du Liban, le musée Sursock, le Festival international de Baalbeck lui doivent leur premier souffle de vie.
Ambassadeur auprès de l’Unesco, ne se contentant pas d’assumer ses fonctions, il allait à l’essentiel, c’est-à-dire les questions de fond qui se posaient, prenant pour interlocuteurs – qu’il réunissait souvent à sa table – les esprits les plus brillants de l’organisation.
La classe politique française – à tous les niveaux – lui était proche. Il l’intéressait aux problèmes du Liban, à son histoire, à sa spécificité et à son devenir.
Une présence, un charisme, une chaleur humaine, tout en lui le distinguait. Je n’ai dit qu’une partie de ce qu’il représentait.
Camille Aboussouan était un homme d’exception. Il est aussi intemporel.

Wagih GHOSSOUB
Camille Aboussouan : homme de culture, une immense érudition, une mémoire phénoménale, un bibliophile, un diplomate et d’abord un humaniste. Peut-être le dernier.Pour développer chacune des dimensions de cet homme hors du commun, il faudrait des pages entières. Et on n’aurait pas tout dit. Je l’ai connu il y a une quarantaine d’années et il n’avait pas fini de m’étonner....