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« Hollande a pris une bonne décision, mais il ne faut pas qu’il finisse comme le capitaine Achab dans Moby Dick » - Ici et maintenant

Ashtonisation

Le plus assourdissant dans toute cette crise autour du Mali, c’est le silence d’un homme. Ayman el-Zawahiri. Le successeur d’Oussama Ben Laden. Pas un mot, pas une syllabe depuis le début de la guerre. Et pour cause : amputée de sa matrice, de son placenta afghan, privée donc d’espace et décapitée par un Zero Dark Thirty originel, el-Qaëda n’est plus rien. Maman se meurt, et sa fille aînée, aussi génétiquement modifiée soit-elle, règne en souveraine quasi-absolue : AQMI. C’est-à-dire el-Qaëda au Maghreb islamique. Mondialisation oblige, AQMI est un conglomérat, une multinationale, une firme regroupant cent et une espèces différentes de jihadistes, d’islamistes, de salafistes, d’extrémistes, toutes races, toutes nationalités et toutes ethnies confondues. Un clou, un jihad, chasse l’autre : l’utérus de l’alien n’est plus l’Afghanistan, mais le Mali. L’obscurantisme et la terreur ne connaissent ni continents ni couleurs de peau. L’alien a nécessairement, indiscutablement, urgemment besoin de cette mère porteuse qu’est l’immense territoire malien pour grandir, se nourrir, frapper, annexer, détruire et, pourquoi pas, préparer un nouveau 9/11, n’importe où sur le globe ; pourquoi pas contre la tour Eiffel. Le monde, jusque dans ces mêmes colonnes, s’est (plus ou moins gentiment) moqué de François Hollande anamorphosé par la décision de sa vie, celle de propulser la France en guerre, mais, qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou non, c’est exactement cet alien-là que les french boys ont été exterminer. Attendre eût réellement été bête et criminel, alors, exsangue pourtant, la France s’est lancée dans le sale boulot pour le bien de tous ; bushiste dans ses arguments de départ, Hollande s’est villepinisé ; Jean-Yves Le Drian a défini clairement l’objectif bleu-blanc-rouge : la reconquête du Mali. Et le bain de sang d’In Amenas a prouvé, si tant est qu’il le fallait, que ce n’est pas uniquement pour elle, mais pour l’Occident et ses valeurs, que la France s’en est allée se battre. Contre le terrorisme. Un nouveau war against terror, mais cette fois en solitaire. Là où ils étaient tous derrière les States en Afghanistan, les pays occidentaux, aujourd’hui, regardent leurs chaussures. Cette France n’a peut-être rien demandé à ses partenaires, mais ses partenaires n’ont jamais été aussi absents, aussi lâches, aussi déserteurs. Aussi dépassés, à l’image d’une lady Ashton atrocement surannée, furieusement perdue. Plus retentissant encore que le mutisme d’el-Zawahiri, il y a le no hear no see de l’Union européenne, de son tout et de ses parties, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de l’Espagne, de la Norvège, des autres, mais aussi des États-Unis, du Canada, du Japon, de l’Australie, de l’Afrique du Sud, du Brésil, etc., sans oublier ce binôme schizophrène en diable : Russie-Chine. L’union des pays européens est une vue de l’esprit, inouïe ; et si la France réussit à ne pas s’enliser, à vaincre, c’est elle et elle seule qui, si elle en aura l’intelligence, en tirera les dividendes. Avec les Africains.
Le plus assourdissant dans toute cette crise autour du Mali, c’est le silence d’un homme. Ayman el-Zawahiri. Le successeur d’Oussama Ben Laden. Pas un mot, pas une syllabe depuis le début de la guerre. Et pour cause : amputée de sa matrice, de son placenta afghan, privée donc d’espace et décapitée par un Zero Dark Thirty originel, el-Qaëda n’est plus rien. Maman se meurt, et sa...