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À La Une - Russie

"J'ai envie de partir aux Etats-Unis", dit un orphelin russe à Poutine

L'appel lancé par un garçon pour l'autorisation de l'adoption suscite l'émotion; des responsables dénoncent une provocation.

Le président russe Valdimir Poutine lors d'une réunion à Moscou le 28 décembre 2012. AFP PHOTO/ RIA-NOVOSTI POOL/ ALEXEI NIKOLSKY

Des responsables russes ont dénoncé jeudi une provocation et une "manipulation honteuse" après que des médias ont affirmé qu'un orphelin de 14 ans, souffrant d'une maladie génétique, avait écrit à Vladimir Poutine pour lui demander de laisser une famille américaine l'adopter.

 

Maxime Kargopoltsev, qui vit dans un internat de Tcheliabinsk, une ville industrielle de l'Oural, aurait écrit au président et aux députés russes pour que ceux-ci reviennent sur l'interdiction faite aux Américains d'adopter des enfants russes.

Selon le site de la chaîne locale "Pervy oblastnoï", le garçon a demandé "à la Douma (chambre basse du parlement) et à Vladimir Vladimirovitch (Poutine) qu'ils autorisent l'adoption".

 

Le récit de l'appel lancé par ce garçon a suscité l'émotion, notamment sur l'internet, alors que Vladimir Poutine a promulgué fin décembre une loi interdisant l'adoption d'enfants russes par des Américains, dans un geste inédit depuis la fin de la guerre froide à l'égard de l'ancien adversaire.

 

Un des auteurs du texte de loi controversé, la députée Ekaterina Lakhova, du parti au pouvoir Russie Unie, a dénoncé une provocation, à trois jours d'une manifestation de l'opposition contre cette loi, dimanche à Moscou.

Les manifestants comptent également exiger la dissolution de la Douma, pour laquelle le quotidien d'opposition Novaïa Gazeta a réuni plus de 100.000 signatures.

"Il est évident que le garçon n'a pas fait ça sans l'aide d'adultes (...) Tout cela ne se fait qu'avec l'aide des adultes. Cela va faire un nouveau prétexte pour s'indigner, pour lancer encore quelques attaques contre la Russie", a déclaré à l'agence publique Ria Novosti Mme Lakhova, ancienne présidente de la commission aux Affaires familiales.

Le délégué du Kremlin aux droits de l'enfant, Pavel Astakhov, a dénoncé sur Twitter une "manipulation honteuse".

Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov a de son côté déclaré que le Kremlin n'avait reçu "aucune lettre".

 
(Pour mémoire : Magnitski jugé post-mortem à Moscou)

Le site du quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda, dont un journaliste s'est rendu dans l'internat de Tcheliabinsk, a mis en ligne jeudi soir un entretien avec le garçon et le directeur de cet établissement, accompagné d'une vidéo.

Dans cet enregistrement, le garçon, qui ne donne pas l'impression de parler sous la contrainte, dément avoir écrit une lettre mais confirme avoir répondu à la question d'un média local sur ce sujet fin décembre.

"Le journaliste m'a demandé : si tu avais la possibilité de t'adresser à Poutine, que lui aurais-tu dit ? J'ai répondu en bref que j'avais envie de partir aux Etats-Unis, que j'avais ces gens-là (sa famille adoptive, ndlr). Il n'y a pas eu de lettre, de mail, rien de tout ça", dit le garçon.

 

La déléguée au droits de l'Homme de la région de Tcheliabinsk, Margarita Pavlova, a cependant indiqué avoir été au courant de l'intention du garçon de s'adresser aux autorités russes, et américaines.

"Il avait cette idée : écrire d'abord à Obama, puis à Poutine", a-t-elle déclaré à l'antenne de la radio Business FM, ajoutant cependant n'avoir vu "ni l'une, ni l'autre lettre".

"Il a une maladie génétique, des problèmes de croissance. La famille américaine a la possibilité de payer le traitement, pour eux ce n'est pas un problème. Ils ont déjà trouvé une clinique pour soigner Maxime", a encore déclaré Mme Pavlova.

 

La radio Echo de Moscou a mis en ligne sur un blog des photos de Maxime avec sa "famille" américaine, les Wallen, de l'Etat de Virginie, qu'il connaît depuis 7 ans et qui avaient déposé une demande d'adoption.

 

Adoptée en réaction à une loi américaine sanctionnant les responsables russes impliqués dans la mort en prison du juriste Sergueï Magnitski, la loi russe interdisant les adoptions par des Américains a suscité de nombreuses réactions en Russie et dans le monde.

 

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) a appelé le gouvernement russe à prêter attention à "la détresse actuelle de nombreux enfants russes vivant dans des orphelinats".

Selon des chiffres de l'Unicef, 130.000 enfants russes vivaient en 2009 dans des institutions.

 

Entre 2008 et 2011, 15.000 enfants russes ont été adoptés par des étrangers, dont 5.000 par des Américains, contre 33.000 par des Russes, selon des chiffres officiels.

Pour mémoire

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