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Liban - Liberté d'expression

Le blogueur Imad Bazzi interrogé aujourd’hui par la SG, « une procédure de pure routine »...

Le blogueur libanais Imad Bazzi.

Interdit d’entrée en Égypte depuis septembre 2011 à cause de ses prises de position libérales sur les soulèvements régionaux, le blogueur libanais Imad Bazzi se trouve cette fois en confrontation avec la Sûreté générale, qui refuse sans motif clair de lui remettre son passeport afin qu’il puisse rentrer à Tunis où il travaille actuellement. 


C’est seulement hier que l’activiste a révélé l’affaire, après avoir reçu – cerise sur le gâteau – une convocation pour interrogatoire par la SG aujourd’hui. « La Sûreté générale libanaise refuse de me donner mon passeport et me prie de me présenter à son siège pour subir un interrogatoire demain (aujourd’hui) », a écrit l’auteur du blog trella.org sur sa page Facebook hier, avant de se murer dans le silence. Les commentaires d’indignation des internautes – parmi lesquels un trait d’esprit ironique posté par l’activiste des droits de l’homme Wissam Tarif, dont le passeport avait été confisqué par la SG en juin – sont restés sans réaction de la part du principal concerné. Injoignable par les militants civils et les blogueurs voulant s’enquérir de sa situation, il a fini par publier une petite précision, toujours sur sa page Facebook : « Je vous prie de ne poster aucune de mes photos et de ne plus publier de commentaires jusqu’à la fin de mon interrogatoire demain (aujourd’hui). »


L’Orient-Le Jour apprendra ensuite que l’avocat du blogueur lui a conseillé de s’abstenir de toute déclaration publique jusqu’à ce que l’affaire soit élucidée.


Les motifs de la SG restent en effet flous. Après une vaine tentative de contacter les responsables du service sécuritaire, L’OLJ apprendra de source intermédiaire que la Sûreté générale assimile la manière avec laquelle elle traite avec le blogueur à « une procédure de pure routine ». Un prétexte plausible si l’on concède que la routine de renouvellement du passeport légitime l’atermoiement des autorités chargées de cette procédure. Celles-ci se seraient déjà complues par le passé à retarder pendant trois semaines la délivrance du passeport de Imad Bazzi, en usant de prétextes inopportuns, liés par exemple à son activité de blogueur, à la qualité matérielle de ses pièces d’identité ou le priant de revenir le jour suivant pour procéder à la formalité. Cette manière de traiter pourrait encore paraître acceptable, si elle se fondait sur des motifs concrets. Or, pareils motifs n’ont jamais été donnés par la SG. Et le prétexte de « pure routine » n’est qu’un terme général propre à justifier toutes les formes d’empiètement.


Une réflexion s’impose donc sur les raisons ayant pu porter la Sûreté à ralentir une procédure de routine au détriment d’un blogueur, qui avait été classé en 2011 par le magazine Foreign Policy comme l’un des sept blogueurs les plus influents du Moyen-Orient. La réponse se dégage nettement de trella.org, qui n’épargne à aucune partie politique ses critiques virulentes. Le blogueur se moque nommément, avec une tinte d’humour imprégnée de la spontanéité du langage populaire, parfois grossier, mais surtout acerbe, de certains politiques et responsables libanais.


Lorsque les autorités égyptiennes avaient interrogé Imad Bazzi en 2011 à l’aéroport du Caire, en raison de ses liens avec le blogueur égyptien Michael Nabil, le premier à avoir été emprisonné après la chute de Hosni Moubarak, les associations libanaises, notamment Maharat, avaient appelé le ministère des Affaires étrangères libanais à protéger les libertés de ses ressortissants. L’interrogatoire que doit subir Imad Bazzi aujourd’hui est une réponse à cet appel fort révélateur du positionnement des autorités libanaises par rapport aux libertés médiatiques et culturelles.

 

 

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C’est seulement hier que...

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