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À La Une - société

Viol collectif : funérailles sous haute tension de "la fille de l'Inde"

"Les violences faites aux femmes ne doivent être jamais acceptées, jamais excusées, jamais tolérées", martèle Ban Ki-moon.

La dépouille meurtrie de l'étudiante violée a été brûlée sur un bûcher funéraire, conformément à la tradition hindoue, en présence de sa famille et de responsables politiques, dans le district de Dwarka. AFP PHOTO/SAJJAD HUSSAIN

La cérémonie de crémation de l'étudiante victime d'un viol collectif mi-décembre en Inde, emblématique des violences faites aux femmes en toute impunité dans ce pays, s'est tenue dimanche à New Delhi où les autorités craignaient de nouvelles manifestations.


La dépouille meurtrie de l'étudiante en kinésithérapie de 23 ans a été brûlée sur un bûcher funéraire, conformément à la tradition hindoue, en présence de sa famille et de responsables politiques, dans le district de Dwarka, dans le sud-ouest de la capitale indienne.


La courte cérémonie s'est déroulée sous haute protection policière quelques heures après l'arrivée du corps, placé dans un cercueil doré, à l'aéroport de Delhi où les parents de la jeune femme ont été accueillis par le Premier ministre Manmohan Singh et la présidente du parti du Congrès au pouvoir, Sonia Gandhi.


"Je suis venue parce que j'aimais vraiment cette fille. Elle était la plus brillante de toutes les filles de notre quartier", a confié à l'AFP Meena Rai, une amie et voisine de la victime, à l'issue des funérailles.
Le Premier ministre Singh a été le premier dans la classe politique à rendre hommage à la jeune femme, dont on ignore le nom et qui a été surnommée "la fille de l'Inde" ("India's Daughter").

 

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé dimanche son profond chagrin, avant de condamner fermement le crime: "Les violences faites aux femmes ne doivent être jamais acceptées, jamais excusées, jamais tolérées. Chaque fille et femme a le droit d'être respectée, valorisée et protégée."


L'étudiante est décédée samedi soir à l'hôpital Mount Elizabeth de Singapour où elle avait été transférée jeudi dans un état critique après trois interventions chirurgicales. Elle présentait notamment d'importantes lésions à l'intestin et au cerveau et avait fait un arrêt cardiaque en Inde.


Le 16 décembre, la jeune femme et son ami revenaient du cinéma, où ils avaient vu "L'Odyssée de Pi", quand ils ont été pris à partie par six hommes dans un autobus, dont le chauffeur. Violée à plusieurs reprises, agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée, elle avait été jetée ensuite hors du véhicule avec son compagnon.


"Ils avaient fait tous les préparatifs pour se marier et avaient prévu de fêter leurs noces à Delhi", selon Meena Rai qui avait accompagné son amie pour l'aider à choisir ses habits nuptiaux.
Selon une autre amie, Usha Rai, le couple devait s'unir au mois de février.

 

Ses proches ont unanimement loué le courage et la détermination de la jeune fille à honorer le sacrifice de ses parents qui ont vendu leur lopin de terre dans l'Etat de l'Uttar Pradesh afin de financer ses études. Ils vivaient pauvrement près de l'aéroport de New Delhi où travaillait son père, la jeune fille, ses deux frères et leurs parents partageant l'unique chambre de l'appartement.


Les viols et viols collectifs, souvent perpétrés en toute impunité, sont fréquents en Inde où près de 90% des 256.329 crimes violents enregistrés en 2011 ont une ou des femmes pour victime(s), selon les chiffres officiels.
Mais la nature particulièrement violente de l'attaque a fait exploser la colère jusque-là contenue. New Delhi, dont le centre-ville a été depuis en partie bouclé par les forces de l'ordre, a été le théâtre de vastes manifestations qui ont fait au moins un mort.

 

Plusieurs milliers de personnes s'étaient de nouveau rassemblées dimanche au coeur de Delhi. "Elle incarne chaque Indienne bafouée d'une façon ou d'une autre", témoignait une manifestante de 21 ans, Mahima Anand, sur la place Jantar Mantar.
Des manifestants ont été arrêtés après des heurts avec les policiers mais les incidents étaient marginaux.


"Que fera exactement le gouvernement pour rendre le pays plus sûr pour toutes les femmes? Et que fera chacun d'entre nous pour lutter contre les préjugés et la misogynie profondément ancrés dans notre société", s'interrogeait dimanche le grand quotidien The Times of India dans un éditorial.

 

De son côté, Human Rights Watch a appelé le gouvernement indien à interdire "l'indigne" traitement des victimes de viol qui sont souvent soumis à des examens non scientifiques et dégradants par des médecins. L'ONG de défense des droits de l'Homme a dénoncé la pratique en Inde du "test du doigt", qui consiste pour un médecin à tester le relâchement du vagin de la victime, pour déterminer si elle "a habituellement des rapports sexuels".


Manmohan Singh s'est engagé à alourdir les peines prévues pour les auteurs de crimes sexuels.
Les photos, noms et adresses des violeurs condamnés seront désormais publiés sur des sites internet de l'administration fédérale. La mesure concernera d'abord New Delhi dont l'insécurité lui a valu le surnom de "capitale du viol".

 

Selon les médias indiens, une vingtaine de viols se sont produits à Delhi depuis l'agression de l'étudiante et une femme a été violée par plusieurs hommes, puis tuée, dans le Bengale occidental (est).

 

 

Pour mémoire:

« Les six hommes m’ont tous violée tour à tour »

 

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