Des sources diplomatiques s’interrogent activement sur le timing de cette initiative et se demandent si Téhéran n’a pas perdu totalement espoir dans la capacité de l’émissaire onusien et arabe, Lakhdar Brahimi, de réussir un tant soit peu sa mission impossible en Syrie. Lequel émissaire n’a pas jugé bon, entre deux passages éclair à Beyrouth, d’informer quelque dirigeant que ce soit des résultats de ses toutes récentes activités à Damas. Il s’était juste contenté, lorsqu’il avait fait escale au salon VIP de l’aéroport international Rafic Hariri, de discuter avec l’émissaire personnel de Ban Ki-moon au Liban, Derek Plumbly.
En attendant, le plan iranien marketisé par M. Rokon Abadi comprend six points. D’abord, l’arrêt des violences en Syrie et le retour au calme à l’ombre d’un dialogue national total, avec la participation de représentants de l’opposition et du pouvoir. Ensuite, la formation d’un comité de réconciliation qui préparerait les législatives en vue de la création d’un gouvernement de transition qui serait chargé d’aider à la gestion du pays, de rédiger une nouvelle Constitution ou d’amender l’actuelle, et d’organiser l’élection présidentielle de 2014. Autres points : la libération de tous les prisonniers politiques et l’octroi d’aides humanitaires à l’ensemble des Syriens sans exception aucune.
Ces sources diplomatiques voient une nette ressemblance entre cette initiative et le plan Annan qui avait été adopté en juin 2011 à Genève mais qui ne disait pas clairement si l’Iran souhaitait que Bachar el-Assad conserve la présidence. D’autant qu’en 2012, Téhéran a fait comprendre qu’il voulait que M. Assad reste en poste au moins jusqu’à la fin de son mandat. En attendant, l’ambassadeur Rokon Abadi a affirmé à ses interlocuteurs que son pays soutenait « l’opposition de l’intérieur » et qu’il était contre « tous ceux qui ont porté des armes ».
Pour ces sources, il est évident que la Coalition nationale de l’opposition syrienne va refuser net ce plan, et pour plus d’une raison. Ne serait-ce que parce que Téhéran reste l’allié de Damas, qu’il approvisionne sans vergogne en argent et en armes – l’Iran est même accusé d’avoir envoyé des hommes combattre aux côtés de l’armée loyaliste sur le territoire syrien.
Dans tous les cas, il faut attendre le résultat des discussions aujourd’hui samedi de M. Brahimi à Moscou avec les responsables russes.