« Un grand pays comme la Russie ne peut pas faire commerce de ses enfants », a déclaré le délégué du Kremlin aux droits de l’enfant, Pavel Astakhov, cité par l’agence de presse Interfax. « Toute adoption par des étrangers est nuisible au pays, car plus les étrangers adoptent nos enfants, moins nous faisons d’efforts nous-mêmes dans ce domaine », a-t-il ajouté. Selon le département d’État américain, 60 000 petits Russes ont été adoptés par des Américains ces vingt dernières années.
De 2008 à 2011, 14 660 enfants ont été adoptés en Russie par des étrangers, dont 5 177 par des Américains, selon M. Astakhov. Sur la même période, 33 300 enfants ont été adoptés par des Russes.
La nouvelle loi russe prévoit aussi de dresser une « liste noire » des Américains indésirables en Russie, soupçonnés d’avoir violé en particulier les droits des citoyens russes.
M. Poutine semble soutenir l’initiative qu’il a qualifiée de réponse « adéquate » à la liste Magnitski. « Il est maintenant clair que Poutine approuvera très probablement la loi », a estimé après le vote le chef du mouvement Pour les droits de l’homme Lev Ponomarev. « Le Conseil de fédération a examiné la loi à huis clos », a souligné M. Ponomarev, considérant qu’il y avait eu des pressions sur les sénateurs pour qu’ils votent à l’unanimité, « comme à l’époque soviétique ». En application de cette loi, « quarante-six enfants qui devaient être adoptés par des familles américaines resteront en Russie », a affirmé hier M. Astakhov, cité par Interfax.
La proposition de loi a provoqué de nombreuses réactions de réprobation en Russie, non seulement parmi les ONG spécialisées et les humanitaires, mais aussi de la part de membres du gouvernement, comme le ministre de l’Éducation Dmitri Livanov et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. La vice-Premier ministre chargée des questions sociales, Olga Golodets, a écrit la semaine dernière une lettre à Vladimir Poutine dans laquelle elle critiquait cette mesure. Selon Mme Golodets, si cette nouvelle loi entre en vigueur, la Russie risque de perdre tout droit de regard sur les conditions de vie des 60 000 enfants russes déjà adoptés par des Américains.
Avant même que la loi ne soit promulguée par M. Poutine, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par Interfax, a affirmé que la diplomatie russe s’apprêtait à préparer « la procédure nécessaire pour faire cesser le fonctionnement de l’accord ».
La loi contre ces adoptions porte le nom de Dima Iakovlev, un enfant russe adopté aux États-Unis en 2008 et mort oublié par son père adoptif américain dans une voiture en pleine chaleur. D’autres cas d’enfants maltraités par leurs parents adoptifs aux États-Unis ont été très médiatisés ces dernières années en Russie. Selon M. Astakhov, 19 enfants russes adoptés aux États-Unis ont péri en dix ans.
(Source : AFP)
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