Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban - Tourisme

Fêtes de fin d’année : les hôtels font contre mauvaise fortune bon cœur

L’année 2012 aura été l’une des pires qu’a connues le secteur touristique depuis la fin de la guerre civile. Les mises en garde des autorités émiraties le week-end dernier ont représenté pour beaucoup la légendaire goutte d’eau... Pourtant, à la veille des fêtes, les hôtels s’efforçaient de rester optimistes, et priaient que cette fin d’année leur apporte un peu de répit.

Le nombre de touristes au Liban a reculé de 16 % sur les dix premiers mois de l’année 2012 tandis que le nombre de touristes arabes a chuté de 16,7 %, selon les chiffres de l’Aéroport international de Beyrouth.

En cette fin d’année 2012, et comme à l’accoutumée, la frénésie s’est emparée des hôtels libanais. Les décorations ont été installées, les cartes de vœux envoyées, les sapins enguirlandés brillent de mille feux. La période des fêtes représente pour beaucoup l’occasion d’engranger des recettes – une manne qui a cruellement manqué au rendez-vous cette année en raison des mille et une turbulences qu’ont connues le Liban et le Moyen-Orient.
La saison estivale, comprenant les périodes-clés du ramadan et de la fête de l’Adha, a notamment été plombée par les affrontements armés, les manifestations, les violences en tout genre. En réaction, les monarchies du Golfe ont déconseillé cet été à leurs ressortissants de se rendre au Liban ; les Émirats arabes unis ont en outre réitéré leur mise en garde la semaine dernière.
Résultat : selon les chiffres communiqués par l’Aéroport international de Beyrouth, le nombre total de touristes au Liban a reculé de 16 % sur les dix premiers mois de l’année 2012 ; le nombre de touristes arabes a, pour sa part, chuté de 16,7 %. La désertion des touristes en provenance du Golfe, avec son lot d’annulations et de chambres d’hôtel désespérément vides, a de ce fait porté un rude coup à un certain nombre d’établissements déjà fragilisés par la crise. Car, cerise sur le gâteau, le Liban a traversé tout au long de l’année un passage à vide sur le plan économique, l’une des conséquences du débordement de la crise syrienne au-delà des frontières. Est-il enfin nécessaire de reparler de la récession en zone euro ?
Autant dire que beaucoup d’hôteliers libanais ont dû prier avec ardeur pour que la fin de l’année 2012 s’achève sereinement, sans pneus brûlés, sans blocage de la route de l’aéroport, sans attentat. Mais les réticences émiraties sont malheureusement venues contrer ces espoirs, plombant l’élan optimiste amorcé en début de saison.

Hiver ou hibernation ?
« Nous n’avons pas été affectés outre mesure par les mesures émiraties ; aucune baisse des réservations n’est pour le moment à déplorer, au contraire nous affichons complet », se félicite le directeur général de l’hôtel Mzaar Intercontinental, Joost Komen, interrogé par L’Orient-Le Jour. « En effet, la majorité de notre clientèle est plutôt composée d’expatriés libanais et occidentaux, contrairement aux hôtels beyrouthins qui dépendent plus des touristes arabes, indique-t-il. De plus, les pistes de ski ont ouvert ce week-end, c’est une bonne nouvelle », ajoute-t-il, pronostiquant que la saison hivernale devrait « être similaire à celle de l’an dernier » en termes de chiffre d’affaires. « Nous serons, toutefois, réellement fixés en février, période d’affluence habituelle des touristes arabes » dans la région, souligne M. Komen.
Il semblerait en effet que les établissements touristiques en zone montagneuse, toutes catégories confondues, ne soient pas les plus mal lotis. Plusieurs personnes ont affirmé avoir eu beaucoup de mal à trouver une chambre disponible. « Les hôtels dans la région de Kfardebian sont bondés, les vacanciers se disputent les dernières chambres d’hôtel disponibles pour la période du Nouvel An. Tout le monde parle de la crise et du pouvoir d’achat, mais j’ai vu un groupe de jeunes Libanais réserver un “chalet”, comme nous les appelons ici, à 3 000 dollars pour le week-end du réveillon de fin d’année », s’étonne Rami, la trentaine.
Mais si les hôtels excentrés semblent s’en sortir, tel n’est pas le cas de beaucoup d’autres établissements situés dans la capitale ou dans des régions moins populaires du pays. « Il est certain que la mise en garde des Émirats à leurs ressortissants a freiné net l’élan de certains visiteurs potentiels », déplore la directrice générale de l’hôtel Le Gray, Rana el-Khoury, interrogée par L’Orient-Le Jour. Elle indique s’être attendue « à pire » sur le plan des réservations ; mais force est de constater que ces dernières sont en baisse en comparaison avec la même période de 2011, selon elle.
« Même durant la guerre de 2006, les hôtels se portaient mieux grâce aux journalistes qui venaient couvrir les événements », renchérit la directrice de l’hôtel Albergo Relais & Châteaux, Jihane Khairallah, qui confirme la tendance générale alarmante depuis le début de l’été. « Pour ces deux semaines de période de fêtes, l’hôtel s’en sort relativement bien par rapport à d’autres hôtels haut de gamme, puisqu’il ne comporte que 33 chambres et s’adresse à une clientèle bien particulière, explique-t-elle, mais nous affichons tout de même un taux d’occupation de 70 % cette année contre 100 % l’année dernière, pour la période allant du 15 décembre au 5 janvier. » Elle se dit très inquiète des conséquences de la situation politique sur la pérennité des hôtels de la capitale. « Pour l’instant, nous avons pris quelques mesures minimes pour essayer de limiter nos coûts, et notre personnel n’en est pas directement affecté, mais jusqu’à quand pourrons-nous tenir, sans visibilité aucune sur l’avenir ? »
s’interroge la directrice de l’hôtel.
Quoi qu’il en soit, le fait est qu’un grand nombre d’établissements touristiques au Liban se retrouvent aujourd’hui dans une situation délicate. Certes, « il est encore trop tôt pour se prononcer quant à l’avenir de la saison hivernale 2013 », tempère Mme el-Khoury. Et de rappeler que le secteur touristique libanais est résilient, comme le reste du pays. Mais tout porte à croire que l’année 2012 se terminera comme elle a commencé : avec morosité.

 

Pour mémoire:

Crise : combattre le mal par « le mall »

 

Le secteur touristique libanais, grande victime économique de 2012

En cette fin d’année 2012, et comme à l’accoutumée, la frénésie s’est emparée des hôtels libanais. Les décorations ont été installées, les cartes de vœux envoyées, les sapins enguirlandés brillent de mille feux. La période des fêtes représente pour beaucoup l’occasion d’engranger des recettes – une manne qui a cruellement manqué au rendez-vous cette année...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut