« First Blood » : le défi des Libanais

Un Libanais contre un Russe, Élie el-Rayess contre Islam Makoev. Ce sera l’avant-dernier combat du grand show de MMA (Mixed Martial Arts) organisé par le Beirut Elite Fighting Championship (BEFC) au Mövenpick Hotel, samedi à 19h30. Une première au Liban, qui accueillera un roi du combat libre, le Russe Muslim Salihov, ainsi que des participants venus d’Égypte, d’Irak, de Jordanie et de Tunisie. Le Canadien Ryan Chappe, blessé, a été remplacé par l’Américain Kris Hocum. Avant Élie el-Rayess, trois autres jeunes Libanais seront de la partie : Georges Eid, Silvio Chiha et Joeshwa Mortada.

« C’est un événement très important pour tous », explique leur coach Wissam Abi Nadir, de We Academy, qui les accompagne depuis trois ans. La dernière semaine, le stress augmente en même temps que la camaraderie. Les garçons s’entraînent tranquillement, regardent les vidéos de leur adversaire, perdent du poids avant la pesée de vendredi.

Champion du monde de sanda à vingt et un ans, Élie a déjà fait ses preuves. Baguera, comme on l’appelle, a fait ses débuts en tant que professionnel il y a trois ans en Jordanie, et n’a essuyé aucune défaite en cinq combats. Depuis l’âge de douze ans, l’ancien gamin bagarreur du Mont-Liban fait son chemin dans les MMA, qui mélangent les techniques de tous les arts martiaux et autorisent tous les coups, ou presque. Samedi, il affrontera un spécialiste du sambo plus à l’aise avec les pieds qu’avec les poings. Le but d’Élie sera de frapper de loin, de bouger et de ne pas laisser Makoev s’approcher de lui. « C’est Élie qui a choisi le défi d’affronter un Russe. C’est le match que tout le monde attend ici », confie son entraîneur. Plutôt que d’affronter encore des joueurs arabes, le jeune homme aux six tatouages a voulu aller à la difficulté et relever le défi : être le premier Libanais à remporter le combat contre un Russe, c’est-à-dire un champion.

L’enjeu n’est pas le même pour Georges Eid, ou Bulldozer. En janvier, il participera à un reality show à Abu Dhabi. Ce « First Blood » a été l’occasion pour lui de s’entraîner et l’opposera à un Tunisien pour son quatrième combat en cage. Quant à Silvio Chiha, son histoire est plus originale encore. C’est un champion de ski nautique qui fera ses premiers pas samedi dans l’arène. Sa mère a beau être ceinture noire 2e dan de taekwando, elle craint pour son fils, qui a appris sa présence il y a une semaine et participera fin janvier à un championnat de ski nautique en Égypte.
Entraînés intensivement depuis quatre mois, les jeunes Libanais de We Academy se préparent à une étape de leur carrière et de leur vie, d’autant que l’événement se passe à domicile et que les MMA sont encore naissants au Liban. La compétition et le spectacle qu’offrira « First Blood » sera réitéré au mois de mars, quand Beyrouth accueillera de nouveau un championnat BEFC. S’il gagne samedi soir, Baguera sera qualifié ; s’il perd, il prendra peut-être la direction de Batterfield, au Canada.