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Santé - Maladies pulmonaires

Lorsque les infections de l’hiver sont confondues avec un état d’allergie chronique

Les fumeurs souffrant d’allergies, d’asthme ou d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) doivent envisager sérieusement d’arrêter le tabac. Cette démarche fait partie du traitement de base, le tabagisme aggravant la situation du patient et empêchant la réponse au traitement.

Dans le cas d’une affection dont les symptômes (toux, crachat, dyspnées, éternuement ou essoufflement) dépassent les deux semaines, il est impératif de consulter un médecin, même si on n’a pas de fièvre. Photo mineralfit.cz

Toux, essoufflements, éternuements... les personnes allergiques et asthmatiques redoutent la saison froide qui exacerbe leur situation. Est-ce réellement une simple aggravation des allergies ou ces symptômes sont-ils liés à une infection virale ou bactérienne ? Quand faut-il consulter un médecin et quelles sont les préventions à prendre ? Le point avec le Dr Mirna Waked, pneumologue.

Question – Quelles sont les infections les plus fréquentes en hiver ?
Réponse – Il est important d’établir une différence entre les infections de l’hiver qui sont un état de santé aigu et les allergies qui sont chroniques. Bien que les allergies soient généralement saisonnières, l’allergie aux acariens est perannuelle, avec des pics saisonniers, notamment en octobre-novembre et en mars-avril. Elle est souvent confondue avec une infection virale ou bactérienne.
Les allergies provoquent une inflammation immunologique chronique au niveau des voies aériennes. Le traitement n’est donc pas antibiotique, mais de fond. Cette inflammation entraîne une obstruction du nez qui devient congestionné ainsi qu’une obstruction des voies aériennes. Ce sont ces symptômes qui créent la confusion puisque qu’une infection virale ou bactérienne va exacerber chez les personnes allergiques, asthmatiques ou souffrant d’une BPCO (maladie pulmonaire liée au tabagisme) les symptômes (toux, éternuement, essoufflement) qui existaient déjà.

Comment établir donc la différence ?
Les infections virales durent en général cinq jours et leur traitement est symptomatologique. Elles peuvent toutefois exacerber une allergie. Donc, dans le cas d’une affection dont les symptômes (toux, crachat, dyspnées ou essoufflement) dépassent les deux semaines, il est impératif de consulter un médecin, même si on n’a pas de fièvre. Malheureusement, les patients se laissent toujours aller. Ils se disent qu’il s’agit d’une simple grippe. Or toute affection qui dépasse le temps accepté pour une grippe ne l’est plus. Ce pourrait être une maladie allergique, un asthme, une BPCO. Un traitement de fond est donc indispensable.

Quand faut-il également consulter le médecin ?
En cas de fièvre qui ne baisse pas au bout de trois jours, mais aussi si on a des sifflements dans la poitrine, une toux matinale accompagnée d’expectorations. Les fumeurs ne doivent surtout pas considérer qu’il s’agit de symptômes normaux. En fait, ce sont des symptômes avant-coureurs de la BPCO.
Les effets néfastes du tabac sur la santé ne sont plus à démontrer. Il n’y a pas un seul organe qui ne soit pas affecté par le tabagisme, et cela dès les premières années. Le dogme des vingt ans ne s’applique qu’à la BPCO, et encore. D’autres maladies liées au tabagisme surviennent bien plus tôt, comme la pneumonie ou une bronchite sévère, les maladies cardiaques, l’hypertension artérielle, les troubles de la mémoire, la baisse de l’immunité. Ce sont des signes qui doivent pousser les fumeurs à envisager sérieusement d’arrêter. En effet, ces signes sont très insidieux et surviennent très tôt. Il ne faut pas attendre qu’une obstruction des voies aériennes soit installée ou qu’on soit victime d’un infarctus du myocarde pour remettre en question son tabagisme.

Existe-t-il des moyens de prévention ?
Sur le plan personnel, il est indispensable que les personnes allergiques ou asthmatiques vivent dans un environnement sain, puisque les acariens se nourrissent des phanères et ont par conséquent des endroits de prédilection comme les tapis, les matelas, les tentures épaisses. Il est donc conseillé de ne pas couvrir toutes les surfaces de la maison avec des tapis, d’éviter les tentures, de renouveler les matelas tous les cinq ans, de ne pas trop chauffer la maison, de l’aérer souvent, de mettre souvent la literie au soleil... d’autant que les acariens adorent l’humidité et la chaleur.
Il était également conseillé de recourir aux acaricides, mais leur efficacité ou le rapport bénéfice/coût a été récemment remis en question dans la littérature scientifique mondiale.
Enfin, encore une fois, l’arrêt du tabac fait partie du traitement de base parce que le tabagisme aggrave la situation du patient et empêche la réponse au traitement. Idem pour le tabagisme passif.

Quelle est la prévention médicale ?
Il s’agit essentiellement de la vaccination, notamment des personnes asthmatiques et celles souffrant de BPCO. Il existe trois genres de vaccination : la vaccination antivirale, c’est-à-dire contre l’influenza, qui est faite tous les ans avant la saison froide ; la vaccination antipneumococcique, notamment pour les personnes souffrant de BPCO et qui se fait tous les cinq ans ; et les immunostimulants. Ce sont des extraits bactériens qu’on donne à d’infimes doses pour stimuler l’immunité globale. Ils sont tout à fait indiqués chez les personnes souffrant de BPCO pour prévenir toute forme d’infection bactérienne. Les immunostimulants sont administrés tous les six mois chez les personnes dont le cas est sévère, sinon tous les ans.

Comment se présente la situation des allergies et des infections au Liban ?
Il y a cinq ans, nous avions mené une étude sur l’asthme chez les écoliers et une autre sur l’épidémiologie de l’asthme et des allergies. Selon ces études, la prévalence de l’asthme diagnostiqué par un médecin est de 5 % chez les enfants en âge scolaire entre 5 et 14 ans. Douze pour cent des enfants présentent des symptômes d’asthme. Ces chiffres s’alignent avec des prévalences moyennes d’asthme dans le monde.

Est-ce qu’ils sont bien traités ?
Les études ont montré que les patients suivent des traitements qui sont conformes aux recommandations internationales. Toutefois, il y a un important pourcentage de patients qui sont mal contrôlés, quelle que soit la catégorie de l’asthme : sévère, léger ou moyen. Cela rejoint le problème de l’asthme dans le monde entier où, malgré tous les progrès de la prise en charge de la maladie, une partie de l’ordre de 23 % des patients (dans notre étude et pour les cas sévères traités) reste mal contrôlée. Cela est dû à plusieurs facteurs, dont la non-adhérence au traitement et la nature de la maladie de l’asthme qui impose aux patients beaucoup de contraintes.
Toux, essoufflements, éternuements... les personnes allergiques et asthmatiques redoutent la saison froide qui exacerbe leur situation. Est-ce réellement une simple aggravation des allergies ou ces symptômes sont-ils liés à une infection virale ou bactérienne ? Quand faut-il consulter un médecin et quelles sont les préventions à prendre ? Le point avec le Dr Mirna Waked,...

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