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À La Une - Proche-Orient

Ex-ennemi public n° 1, Mechaal futur interlocuteur d’Israël ?

Le chef en exil du Hamas effectue, pour la première fois à partir d’aujourd’hui, une visite de deux jours dans la bande de Gaza.

Le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, est attendu à Gaza vendredi 7 décembre 2012. Khaled Mechaal, 56 ans, a pris avec sa famille le chemin de l'exil à la suite de la guerre israélo-arabe de 1967 et n'était jamais revenu depuis dans les Territoires palestiniens. REUTERS/Ahmed Jadallah

Un jour de septembre 1997, dans une rue de Amman, la capitale jordanienne, le Mossad tentait d’empoisonner Khaled Mechaal, le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, alors considéré comme l’ennemi public n° 1 par les Israéliens. Les agents de l’État hébreu démasqués et arrêtés, le Premier ministre d’Israël, qui était déjà Benjamin Netanyahu, avait été contraint de fournir l’antidote qui devait sauver le dirigeant palestinien. Khaled Mechaal devenait ainsi aux yeux de son peuple un héros de la résistance palestinienne. Quinze ans plus tard, les Israéliens ont commencé à le voir d’un œil un peu différent et certains experts n’excluent pas qu’il puisse devenir un jour l’homme qui ouvrira le dialogue entre le mouvement islamiste palestinien et l’État hébreu.


Khaled Mechaal effectue à partir d’aujourd’hui une visite de deux jours dans la bande de Gaza, où il se rend pour la première fois, à l’occasion des festivités du 25e anniversaire du Hamas. Quatorze membres de sa famille, dont son épouse, ont déjà franchi la frontière égyptienne pour entrer dans le territoire palestinien, ont annoncé des sources au terminal de Rafah. Lors de sa visite, M. Mechaal rencontrera « les mouvements et la population ainsi que des représentants des familles des martyrs, des prisonniers et des blessés de la dernière agression israélienne contre Gaza », selon un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri, qui salue cette visite comme « un fruit de la victoire de la résistance sur l’occupant ». En effet, elle intervient deux semaines après le cessez-le-feu qui a mis fin à l’opération « Pilier de défense » menée pendant huit jours par Israël contre la bande de Gaza. Pour les dirigeants israéliens, cette offensive a été un succès qui a permis de porter un coup sévère à la branche armée du Hamas. Elle a aussi conduit le Hamas, ajoutent-ils, à prendre ses distances avec l’Iran et à se rapprocher du Qatar et de l’Égypte. Principal artisan de cette évolution, Khaled Mechaal.


« Du point de vue israélien, Khaled Mechaal joue aujourd’hui un rôle plus positif », estime Shlomo Brom, chercheur à l’Institute for National Security Studies (INSS) de Tel-Aviv. « En gros, le Hamas est divisé en deux factions, celle de Gaza et celle qui vit en exil à l’étranger. Il y a des débats entre elles et la faction de Mechaal est bien plus modérée – d’où l’intérêt pour Israël », ajoute-t-il. Personne au gouvernement israélien ne parlera évidemment de M. Mechaal comme d’un modéré, du moins en public. Mais il n’en reste pas moins que M. Mechaal a adopté ces dernières années un ton plus nuancé, appuyant par exemple l’idée d’une trêve à long terme en échange d’un retrait israélien sur les frontières de 1967. Mais il n’est toujours pas question que le Hamas reconnaisse officiellement Israël, a souligné la semaine dernière M. Mechaal au Qatar, où il vit depuis janvier dernier après son départ de Damas.

Bonnet blanc et blanc bonnet
Cette décision de quitter la capitale syrienne a certainement été vue d’un bon œil par les Israéliens, même si le départ de M. Mechaal de Syrie avait un moment renforcé l’influence des dirigeants gazaouis du Hamas. « Il y a une lutte de pouvoir en coulisse », dit un responsable israélien qui, fidèle à la ligne officielle du gouvernement Netanyahu, dit ne pas croire que M. Mechaal puisse devenir un jour un interlocuteur crédible pour Israël. « Entre les différents dirigeants du Hamas, il y a de légères différences dans le discours mais, en définitive, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. On a affaire à des gens qui dirigent un groupe terroriste », ajoute-t-il.


« Pilier de défense » a cependant changé la donne. La trêve a été signée grâce à une médiation de l’Égypte et des discussions se poursuivent dans ce pays pour renforcer le cessez-le-feu. Le fait que des contacts aient lieu montre que l’État hébreu et le mouvement islamiste sont déjà engagés dans une forme de dialogue. Si Khaled Mechaal impose ses vues au sein du Hamas et adopte un ton modéré, ces contacts pourraient s’intensifier. « Officiellement, nous disons qu’il n’est pas question de traiter avec eux, mais pourtant les choses changent devant nos yeux », dit Uzi Rabi, directeur du Centre Moshe Dayan sur le Proche-Orient à Tel-Aviv, qui précise : « Si Khaled Mechaal a quelque chose à proposer, soyez-en sûr, il y aura quelqu’un ici pour lui parler, même en coulisse... » 

Merkel épingle la colonisation
Par ailleurs, lors d’une visite de M. Netanyahu hier à Berlin, la chancelière Angela Merkel a critiqué Israël sur ses projets d’expansion de colonies, tout en réaffirmant l’amitié particulière entre l’Allemagne et l’État hébreu. « Sur la question des colonies, nous sommes d’accord pour dire que nous ne sommes pas d’accord », a déclaré Mme Merkel en se tournant vers M. Netanyahu avec le sourire, lors de leur conférence de presse conjointe. « Israël prend ses décisions lui-même. C’est un État souverain. Nous ne pouvons que donner une recommandation », a-t-elle ajouté. M. Netanyahu a affirmé de son côté qu’il poursuivait simplement une politique ancienne. « Je pense que la racine du problème, ce ne sont pas les colonies. J’espère que nous allons engager une discussion sur une coexistence mutuelle, une paix mutuelle, avec au moins une partie des Palestiniens », a-t-il dit. « Je n’y ai pas renoncé. Nous ne renonçons pas si vite », a-t-il insisté.
Les relations entre Israël et l’Allemagne, considérée comme l’un de ses alliés européens les plus proches, s’étaient tendues la semaine dernière, après l’abstention de Berlin sur la demande de la Palestine d’un statut d’observateur à l’ONU. M. Netanyahu avait manifesté son amertume se disant « déçu par le choix de vote allemand aux Nations unies » mais, hier, il s’est dit convaincu de la bienveillance de l’Allemagne. Interrogée à ce sujet, Mme Merkel a justifié le choix de Berlin : « Nous sommes contre des mesures unilatérales et c’est pour cela que nous n’avons pas voté contre. »
(Source : agences)

 

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