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À La Une - Exposition

« De Damas à Beyrouth », avant Paris et New York, l’envol de l’artiste syrien Houmam

Des personnages d’allure « boterienne » mais aux faciès et tenues indiquant leur appartenance au monde arabe ont envahi récemment les cimaises de la galerie Mark Hachem*.

« Bande de gamins armés » (huile sur toile, 225 x 225 cm).

Nés du pinceau de Houmam, un artiste syrien trentenaire au talent récemment révélé par Sotheby’s à Doha et Christies à Dubaï, ces caractères caricaturaux s’inscrivent avec force et expressivité sur des toiles de très grande dimension ou en format carré moyen que la galerie beyrouthine présente jusqu’au 13 décembre.
Ils racontent avec (auto)dérision, ironie et une subtile acuité, l’oppressant quotidien syrien et reproduisent des scènes tirées de bribes de souvenirs d’enfance de ce peintre et sculpteur né en 1981. Et dont le style, à l’instar de celui de Botero, est marqué par la rondeur de ses personnages.
Des silhouettes massives d’hommes, de femmes et d’enfants tout en volumes mais qui, à l’opposé de celles créées par le célèbre artiste colombien – mis à part sa dernière série sur Abou Ghraib –, ne respirent pas la volupté heureuse et la tranquille insouciance. C’est au contraire dans un univers écrasant, comme compressé par une invisible chape de plomb – sentiment induit par les corps tassés, souvent courts sur pattes, l’aplatissement des crânes et la distorsion des traits dans certains visages – que les protagonistes des toiles de Houmam évoluent.
Et pourtant, les couleurs qui les nimbent sont claires et chaudes, les attitudes que l’artiste leur donne sont souvent joueuses, relevées de clins d’œil socio-humoristiques. Mais les regards coulés sous les couvre-chefs à visière, qui enserrent l’ensemble du crâne et retombent sur les yeux, sont éteints, fuyants ou franchement désabusés. Même ceux des enfants: ces gavroches d’Orient en écharpes palestiniennes, gamins des rues censés être batailleurs, le lance-pierre à la main, que le peintre aligne cependant sagement en leur donnant des airs de prudents observateurs de ce qui se passe alentours. Idem pour les différents clans, assemblées familiales, amicales ou de voisins, qui forment toujours chez cet artiste un même bloc soudé, comme pour faire front à une menaçante et invisible terreur...
Pas tout à fait des enfants, pas véritablement des adultes non plus, les personnages de Houmam semblent personnifier les masses infantilisées par un régime despotique.
D’ailleurs dans les sketchs sur papier – au coup de crayon sobre et précis – qu’il présente aussi au cours de cette exposition, il développe différentes postures inspirées des scènes observées dans la rue au cours des actuels événements en Syrie: familles en fuite, homme tapi dans un coin, un autre portant son enfant à bout de bras, vieux atterré ou femme au visage distordu par le trouble... Autant d’attitudes et d’expressions éloquentes qu’il reprend ensuite dans ses grandes peintures à l’huile ou à l’acrylique. Mais sur des fonds neutres, sans références directes aux situations décrites ci-dessus. Ce qui donne à ses portraits de personnages pris dans les rets d’un cauchemar quelque chose de vaudevillesque !
Un artiste à découvrir, que la galerie Mark Hachem compte d’ailleurs exposer, après Beyrouth, à Paris début 2013, puis à New York. Et dont elle présente des œuvres à la Foire d’art de Miami qui a ouvert ses portes le 4 décembre.

* Mina el-Hosn, rue Salloum, imm. Capital Garden, rez-de-chaussée. Horaires d’ouverture : du lundi au samedi, de 10h à 20h. Tél. : 70/949029.
Nés du pinceau de Houmam, un artiste syrien trentenaire au talent récemment révélé par Sotheby’s à Doha et Christies à Dubaï, ces caractères caricaturaux s’inscrivent avec force et expressivité sur des toiles de très grande dimension ou en format carré moyen que la galerie beyrouthine présente jusqu’au 13 décembre. Ils racontent avec (auto)dérision, ironie et une...

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