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Économie - Conférence

Liban : Les PME, un potentiel significatif et un développement freiné par les obstacles

La croissance des PME est aujourd’hui menacée, comme l’ensemble de l’économie libanaise, par l’instabilité politico-sécuritaire qui mine le pays. Mais, au-delà de la crise actuelle qui sévit, des problèmes d’ordre structurel demeurent et doivent être traités en profondeur.

Les PME peuvent assurer jusqu’à 80 % des emplois et 70 % du produit intérieur brut (PIB) dans certains pays, a souligné le président du conseil d’administration de la firme Booz & Company, Joe Saddi.

L’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) a organisé vendredi soir une conférence portant sur le rôle des petites et moyennes entreprises au Liban (PME). Ont notamment été abordés les obstacles auxquels elles font face et l’importance d’un soutien partagé entre les secteurs public et privé afin de dynamiser leur croissance.
Cet événement, conjointement organisé en partenariat avec la Banque libano-française (BLF), a pris place dans les locaux du centre de conférences et de formation de l’ACB, basés dans le quartier de Sanayeh, à Beyrouth.
À cette occasion, le président du conseil d’administration de la firme Booz & Company, Joe Saddi, a fait le point sur la situation générale des PME, et présenté une feuille de route, pour un « coup de fouet » efficace et pérenne.
Rappelant que les PME, pilier de l’économie dans beaucoup de pays, peuvent contribuer significativement et assurer jusqu’à 80 % des emplois et 70 % du produit intérieur brut (PIB), il a noté qu’en comparaison, seulement 15 % de la population active libanaise est impliquée dans les premières étapes de développement de PME, une moyenne basse qui traduit « un net manque de vigueur ». Les raisons ? Un certain nombre d’obstacles d’ordre économique, juridique, organisationnel et financier.

Coûts élevés, investisseurs frileux, désorganisation, instabilité...
Dans les détails, M. Saddi a relevé que l’obstacle majeur sur le plan économique est le coût « quasiment prohibitif » de l’établissement d’une nouvelle entreprise, indiquant que les frais générés par le lancement d’une PME au Liban sont en effet bien supérieurs à la moyenne mondiale. Sur le plan juridique, il a dénoncé une loi sur les faillites « inadaptée ». « En effet, toute faillite est considérée par la loi libanaise comme frauduleuse », a approfondi le président de l’ACB, Nicolas Chammas, lors d’un entretien ultérieur avec L’Orient-le Jour. « Il y a une vraie stigmatisation de l’échec au Liban ; cela découle probablement de notre culture. Une faillite n’est pas tolérée ici, tandis que dans d’autres pays, comme aux États-Unis par exemple, elle est considérée comme faisant partie de l’apprentissage. Il est crucial que la loi soit assouplie », a-t-il ajouté.


Troisième point évoqué par M. Saddi, les obstacles de type organisationnel, qui se traduisent notamment par l’absence criante d’une structure étatique d’orientation et de coordination. À cet égard, il a souligné que les universités ou encore les instituts de recherche auraient beaucoup à gagner de la part d’un organisme apte à déterminer les priorités présentes sur le marché du travail, comme c’est le cas en Finlande, en Suède ou dans certains pays d’Asie du Sud-Est où ces structures jouent un rôle de premier plan.


Enfin, sur le plan du financement, M. Saddi n’a pas manqué de déplorer la chétivité de la chaîne, encore balbutiante au Liban, composée des « Business Angels » et des sociétés de capital-risque, « que viennent toutefois appuyer les efforts louables de Kafalat, la compagnie semi-étatique fournissant des garanties financières pour soutenir les PME », a précisé M. Chammas. M. Saddi a également regretté la frilosité dont font preuve les banques libanaises lorsqu’il s’agit de financer de jeunes entrepreneurs.


Dans le but de tacler l’ensemble de ces problèmes tout en répondant aux besoins des PME, qui ont le potentiel de dynamiser l’ensemble du tissu économique du pays, le président du conseil d’administration de la firme Booz & Company, Joe Saddi, a soumis, lors de son intervention, un plan d’action visant à mettre sur pied une démarche concertée entre le privé et le public ; l’unité des PME au ministère de l’Économie serait par exemple un interlocuteur de choix. Et le président de l’ACB, Nicolas Chammas, de conclure : « Il y a actuellement une vraie démoralisation et un dépérissement des secteurs productifs au Liban, toutes tailles confondues – à commencer par les PME, dont la démographie est en pleine déconfiture. Le climat des affaires est victime de l’instabilité chronique que connaît le pays ; les problèmes politiques et les secousses sécuritaires minent la confiance des investisseurs. De ce fait, il est impératif que ce climat soit d’abord assaini, pour qu’une vision d’ensemble et une responsabilité partagée entre le public et le privé voient le jour. »

L’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) a organisé vendredi soir une conférence portant sur le rôle des petites et moyennes entreprises au Liban (PME). Ont notamment été abordés les obstacles auxquels elles font face et l’importance d’un soutien partagé entre les secteurs public et privé afin de dynamiser leur croissance. Cet événement, conjointement organisé...

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