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À La Une - Religions

Autriche : ouverture controversée d'un centre interreligieux promu par l'Arabie saoudite

Un budget annuel de 10 à 15 millions d'euros doit permettre le fonctionnement du centre, avec une équipe de 25 personnes à Vienne.

Le Centre international "Roi Abdallah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel" doit officiellement ouvrir ses portes lundi en Autriche. Reuters

Un nouveau centre destiné à promouvoir le dialogue interreligieux doit être inauguré en grande pompe lundi à Vienne, sur fond de polémique persistante car l'initiative est soutenue et financée entièrement par l'Arabie saoudite.

 

Le Centre international "Roi Abdallah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel" (KAICIID) doit officiellement ouvrir ses portes lundi, même si le bâtiment devant abriter l'institution était encore en travaux il y a quelques jours.

 

Le secrétaire général des Nations Unies, le Sud-Coréen Ban ki-Moon, et des représentants de grandes religions dans le monde ont été invités.

 

En parallèle, le centre, également soutenu par le Vatican, a lancé une offensive médiatique importante pour convaincre les observateurs de son impartialité.

 

Car l'initiative de l'Arabie Saoudite soulève des interrogations.

 

Les opposants au centre craignent qu'il soit utilisé par Ryad pour promouvoir le wahhabisme, une branche radicale de l'islam qui applique strictement la charia (loi islamique) et règne en Arabie Saoudite

 

L'objectif du centre, tel que défini dans son texte fondateur, est "d'agir comme un carrefour, facilitant le dialogue et la compréhension interreligieux et interculturels, de renforcer la coopération, de respecter la diversité, la justice et la paix".

 

Il n'a pas vocation d'intervenir ou de prendre position sur des sujets d'actualité, comme le film américain anti-musulman qui a enflammé en septembre le monde arabe, ou sur les caricatures de Mahomet.

 

"Nous n'allons pas suivre tous les événements. (...) Nous ne voulons pas simplement réagir comme une entité politique", explique le secrétaire général du KAICIID, Fayçal ben Abderrahman el Mouammar, ancien vice-ministre saoudien de l’Éducation.

 

"Les problèmes ont été traités ces dernières années par des hommes politiques. Maintenant, laissez-nous utiliser la sagesse de personnes religieuses", indique-t-il à l'AFP.

 

Créé conjointement par l'Arabie saoudite, l'Autriche et l'Espagne, le KAICIID aura un statut d'organisation internationale, et pourra bénéficier des avantages et privilèges fiscaux qui en découlent, tout comme les institutions des Nations Unies ou encore l'Opep, basées à Vienne.

 

"Une des principales raisons pour lesquelles il a été pensé comme une organisation internationale est (...) qu'on peut exclure qu'un pays membre ou une communauté religieuse domine le centre", fait valoir le ministère autrichien des Affaires étrangères.

 

Même si Ryad s'est proposé pour financer le centre les trois premières années, il y aura "zéro politique, zéro influence sur le centre", insiste le secrétaire général du KAICIID.

 

Son organe de décision, un comité de neuf personnes incluant des représentants de l'islam, du judaïsme, du christianisme, de l'hindouisme ou encore du bouddhisme, sera là pour y veiller, assure-t-il.

 

Inquiétudes

Des conférences annuelles sur "L'image de l'autre" se pencheront sur les stéréotypes et les malentendus dans l'éducation, les médias et internet. Et un vaste programme doit amener des croyants de différentes religions à travailler ensemble et à apprendre les uns des autres, poursuit-il.

 

Malgré toutes les paroles rassurantes, les inquiétudes demeurent.

 

Les Musulmans libéraux d'Autriche (ILMÖ) préviennent que ce "centre douteux du wahhabisme à Vienne" ne "servira que les intérêts politiques et religieux de l'Arabie Saoudite, sous le prétexte du dialogue", et que son but caché est de rendre Ryad "fréquentable".

 

"L'Arabie saoudite n'est certainement pas un pays modèle en matière des droits de l'Homme et de la liberté religieuse", admet Peter Zurbriggen, nonce apostolique à Vienne. "Nous allons observer de près si l'institution agit vraiment librement", ajoute-t-il, cité dans le magazine autrichien Profil.

 

Le métropolite Emmanuel de France, représentant de l'Eglise orthodoxe dans le comité du KAICIID, se déclare prudent pour les mêmes raisons.

 

Les trois prochaines années du centre seront "une période d'essai", a-t-il déclaré dans un récent entretien à l'agence de presse catholique Kathpress.

 

Un budget annuel de 10 à 15 millions d'euros doit permettre le fonctionnement du centre, avec une équipe de 25 personnes à Vienne.

 

Ensuite, le KAICIID devra chercher de nouvelles sources de financement et souhaite que d'autres Etats se joignent aux trois pays fondateurs.

Un nouveau centre destiné à promouvoir le dialogue interreligieux doit être inauguré en grande pompe lundi à Vienne, sur fond de polémique persistante car l'initiative est soutenue et financée entièrement par l'Arabie saoudite.
 
Le Centre international "Roi Abdallah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel" (KAICIID) doit officiellement ouvrir ses portes...

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